Chapitre 2 : Mélanie

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8h mardi matin, mon réveil sonne. Et merde, je n'ai carrément pas assez dormi. On sonne à ma porte pile au moment où je sors de mon lit. Je vais ouvrir et 2 petits enfants me sautent dessus.

— Maman !
— Bonjour mes trésors ! Dis-je en les faisant entrer. Salut papa, ils ont été gentils ?

Mon père les a gentiment gardés hier soir pour qu'on aille fêter la sortie de mon single avec le label.

— De vrais anges ma chérie. Tu as une mine affreuse toi. J'espère que tu as bien profité hier, me dit-il.
— Oui, dis-je en repensant à ma rencontre avec la jeune femme d'hier soir.
— Je dois y aller, on s'appelle bientôt !
— Pas de soucis. Encore merci pour Léa et Hugo. Bisous papa.

Et il repart aussi vite. Il me reste plus que 45 minutes pour préparer les enfants pour l'école. Je les rejoins donc rapidement à la cuisine.

— Papi vous a fait le petit-déjeuner ?
— Comme toujours maman répond Léa.
— Parfait, je vais vite me préparer, allez-vous brosser les dents et faire vos affaires pour l'école, j'arrive.

Je commence une course folle dans la maison malgré le mal de crâne qui me martèle le cerveau et miraculeusement, on arrive à l'heure à l'école. Je les dépose et leur promets de venir les chercher en fin de journée. Moi, je vais au studio retrouver mon manager, Frank.

— Salut Frank ! Dis-je en arrivant en courant.
— Ah, voilà notre star !

Une cinquantaine de personnes m'attendent et me félicitent. L'alcool coule à flots, mais je me résigne à ne pas en prendre sous peine d'aggraver ma gueule de bois. À la fin de notre petite réception, je vais m'installer à mon bureau et allume mon ordinateur. Mon premier réflexe est de consulter mes mails. Beaucoup ne sont pas très intéressants, mais un retient mon attention : quelqu'un a postulé à mon annonce. Ça fait des mois que je cherche une nourrice pour s'occuper des enfants le matin et le soir. C'est avec une joie non dissimulée que je me décide à ouvrir la candidature et à lire le CV. Laura, 23 ans, plusieurs références en tant que nourrice, disponible selon des horaires très flexibles. Laura ? Le même prénom que la femme d'hier soir...
La candidature semble correspondre à mes attentes. Je rédige donc un rapide mail pour qu'on puisse se rencontrer pour en discuter de vive voix. Je passe toute la journée à essayer de trouver de l'inspiration pour écrire une bonne chanson, mais en vain. Vers 15 h, je reçois une réponse au mail de ce matin. Elle m'a envoyé son adresse avec son numéro de téléphone et me prévient qu'elle est disponible toute la semaine. L'inspiration étant si peu présente, je décide d'envoyer un SMS pour convenir d'un rendez-vous immédiatement. Plus le temps avance, plus je peine à jongler entre ma carrière et mes enfants et il devient urgent de trouver une nourrice.

Mon message : C'est Mélanie Tolga. Je suis disponible dans 20 minutes. Est-il possible de se rencontrer ?
Son message : Bien-sûr. Où ?
Mon message : Vous n'habitez pas loin de mon lieu de travail. Chez vous, ça vous conviendrait ?
Son message : Oui, parfait.
Mon message : D'accord je serai là dans 20 minutes.

Autant dire qu'il faut vraiment qu'elle soit la bonne. Trouver une nourrice, c'est déjà très difficile, mais en plus en trouver une sérieuse qui est là pour faire son travail et pas pour côtoyer une fille vaguement connue... Je range en vitesse mes affaires, prends ma voiture et me rends chez la jeune femme. Je sonne et on vient m'ouvrir à peine quelques secondes plus tard. Une femme plutôt grande, mince avec des cheveux châtains et des lunettes me fait face. Aucun doute sur l'identité de cette dernière : c'est la Laura d'hier soir.

— Oh euh... je c'est... vous êtes Mme Tolga ? Me demande-t-elle toute intimidée.
— Oui et vous Laura... 3 fois en seulement quelques heures, je commence à croire que vous le faites exprès !

Je l'observe tandis que ses joues s'empourprent.

— Euh... Entrez, me répond-elle rouge de honte.

Elle m'invite à m'asseoir à la table de sa cuisine.

— Vous voulez quelque chose à boire ?
— Un café si c'est possible.

Elle acquiesce et va le préparer. Pendant ce temps-là, j'observe son appartement d'un œil attentif : plutôt moderne mais assez minimaliste. J'aime bien. Elle revient vers moi une tasse de café brûlante dans la main et me la tend.

— Merci. Bon, on est là pour parler travail donc pourquoi vous avez postulé à cette annonce ?
— Je recherche du travail depuis presque 1 mois et c'est très difficile d'en trouver par ici alors je postule un peu partout...
— Votre réponse a le mérite d'éteindre honnête ! Dis-je en ricanant. Quelles sont vos qualités professionnelles avec les enfants ?
— Je les adore. Je m'entends très bien avec eux en général.
— Parfait.
— Excusez-moi, mais ils ont quels âges ?
— Léa, ma fille, a 7 ans, mon fils Hugo lui a 6 ans.
— Ce sont hum... les vôtres ?

Question terriblement indiscrète. Mais contre toute attente, j'y réponds.

— Oui.

Un blanc s'installe quelques minutes.

— Ça ne vous embêtera pas de travailler pour moi ?
— Euh excusez-moi, mais pourquoi devrais-je être embêtée de travailler pour vous ?
— Vous ne savez pas qui je suis ?
— C'est une question piège ? Vous êtes Mélanie Tolga, pourquoi cette question ?!
— Euh non pour rien.

Le fait qu'elle ne sache pas qui je suis enfin, qu'elle ne sache pas que je suis la chanteuse Talie m'arrange.

— Vous avez d'autres choses à ajouter, ou à me demander ?
— Euh ...A propos de hier soir je...
— Ne vous inquiétez pas pour ça, ce n'est rien, dis-je avec un sourire.
— Si au contraire, je voulais juste que vous sachiez que je suis très professionnelle et que ce.... Genre de ... débordement ... n'arrive pas, en tout cas que lors de très rares d'occasions.
— Je veux bien vous croire... Vous m'avez l'air de quelqu'un avec un fort sens des responsabilités. Écoutez, si vous êtes toujours partante, le travail est à vous. Mais je dois vous prévenir que j'ai un ... travail assez particulier qui me fait des horaires extrêmement variables il se peut donc que je revienne très tard le soir ou que je parte très tôt. J'ai une chambre prévue pour vous si jamais il est plus simple de dormir sur place. Je vous laisse libre de faire comme vous voudrez.
— Je serai heureuse de travailler pour vous. Comme je l'ai écrit dans ma candidature, mes horaires sont très flexibles : ça ne me pose pas de problème de travailler très tôt ou très tard.
— Je vous engage alors. D'ailleurs un dernier point sûrement important pour vous : le salaire. Vous serez payée environ 6 fois le SMIC.
— 6 fois ?? Dit-elle choquée.
— Euh oui, je considère ça comme une sorte de dédommagement pour le nombre d'heures de travail et les horaires et puis mes enfants ne sont pas toujours faciles à vivre alors ça vaut facilement ce prix ! Dis-je en rigolant.
— Hahaha, je comprends.
— Dites, vous êtes libre la maintenant ?
— Euh oui pourquoi ?
— Si ça vous va, on peut commencer maintenant, je dois aller chercher les enfants à l'école ça peut être l'occasion pour vous de les rencontrer.
— Avec plaisir. Je vais chercher mes affaires.

Elle s'en va au fond de l'appartement et revient avec une veste en jean noire et un sac à main

— C'est bon.
— Ok, on y va.

Je sors la première de l'appartement tandis qu'elle ferme. Je ne m'étais pas rendu compte que j'étais vraiment proche d'elle jusqu'au moment où elle se retourne et me heurte de plein fouet. Je m'écarte masquant mon hilarité.

— Oh pardon, pardon, je suis vraiment désolée, je suis une vraie gaffeuse.
— Ce n'est rien. Pendant que j'y suis, j'aimerais que vous m'appeliez par mon prénom et me tutoyiez. Nous allons être amenées à souvent nous voir et puis après tout, nous avons pratiquement le même âge.
— Que si vous faites de même me répond-elle avec un sourire.
— Avec grand plaisir Laura dis-je avec mon plus beau sourire.

Ses joues s'empourprent me faisant sourire de plus belle.

Tête la premièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant