Chapitre 17 : Laura

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Je pose ma bouche contre la sienne. Ce baiser est très différent de celui échangé au bar, il est chargé de désir, d'un profond désir. Me rendant compte que je suis en train de l'embrasser et qui plus est, je m'éloigne d'elle brusquement. Je porte ma main à mes lèvres, comme si le baiser m'avait brûlé et m'en vais sans me retourner. Je me dirige rapidement dans les jardins et m'installe à un endroit suffisamment éloigné pour que je n'entende plus la musique. Je sors une cigarette de mon petit sac que j'ai eu le temps de prendre et l'allume. Je soupire et essaye de me détendre. J'entends des bruits de pas derrière moi, visiblement Mélanie m'a suivie.

— Va-t'en demandais je à Mélanie.
— Non

Elle se rapproche et vient se mettre en face de moi à quelques mètres. Je regarde partout sauf vers elle en continuant de fumer en silence.

— Pourquoi ?
— De quoi tu parles demandais je entre deux bouffées.
— Laura arrêtes, tu sais très bien que je parle de ce qu'il s'est passé. Je comprends plus rien, un jour, tu me fuis et puis l'autre, tu me tombes dans les bras. Qu'est-ce que je suis censée faire quand tu brouilles autant les pistes !?
— J'ai vraiment pas envie de parler de ça maintenant dis-je en éteignant ma cigarette et en me retournant.
— Mais quand est ce qu'on va en parler ? T'échapper n'est pas la solution et tu le sais très bien.

Je m'arrête et me retourne. Ma mâchoire est fermement serrée, je suis décidée à ne pas flancher.

— Sur ce point, tu as faux, m'échapper est la bonne solution. Je ne suis pas comme toi, je ne suis pas affirmée et je ne sais pas ce que je veux ! Dis-je un peu agacée.
— Ou tu veux en venir ?
— Mélanie vraiment ? Tu es genre une pop star super connue ouvertement bisexuelle aux yeux de toute la France ! J'ai pas fait de coming out moi et avant toi, j'avais strictement aucune idée que j'étais attirée par les femmes !

Quand je me rends compte de ce que je viens de dire, je me fige.

— Tu es attirée par moi... et
— Je peux pas, je...

Je me retourne bien décidée à m'éloigner aussi loin possible d'elle. Mais elle m'en empêche en plaçant une main autour de mon poignet. Sans savoir comment je me retrouve plaquée contre le premier arbre. Mélanie a ses deux mains posées sur mes hanches, mais se tient à une distance respectable.

— Tu trembles me dit Mélanie doucement. Pourquoi tu me fuis ? Je veux juste comprendre...
— Je... j'ai peur. J'ai peur de nous, d'une relation homosexuelle dis je.

Je baisse à nouveau mon visage, mais la main de Mélanie m'en empêche. Elle emprisonne mon menton de ses doigts et m'oblige à la regarder. Son regard est brillant comme je ne l'ai jamais vu avant.

— Ce n'est qu'une relation. C'est même pas si différent d'une relation hétéro chuchote-t-elle. C'est mieux d'ailleurs...

Elle m'adresse son fameux sourire en coin ce qui m'arrache un petit rire.

— C'est beaucoup mieux quand tu rigoles.

Le silence s'installe tandis qu'elle me dévisage et s'éloigne jusqu'à se trouver à un ou deux mètres de moi. Je me décolle de l'arbre et prends une grande bouffée d'air en me rendant compte que j'ai presque arrêté de respirer à cause de notre proximité. Je dévisage les moindres traits de son visage tandis qu'elle me regarde avec envie.

— Est ce que si je m'approche plus pour t'embrasser, tu vas t'échapper ? Demande Mélanie en faisant un pas vers moi.

Je sais que mes joues virent au rouge écarlate. J'arrive pas à répondre, mais Mélanie semble prendre ça pour un encouragement puisqu'elle fait un autre petit pas. Mon ventre se tord en une douce torture. Elle, moi dans le jardin le soir. Je n'aurai pas pu rêver mieux. N'y tenant plus, je m'avance rapidement, me mets sur la pointe des pieds et plaque ma bouche brusquement contre la sienne tout en glissant mes bras autour de son cou. Bien que surprise un instant, elle glisse ses bras autour de ma taille pour me serrer fermement contre elle. Elle m'embrasse avec envie si bien que je lui mords légèrement la lèvre. Un petit gémissement rauque sort de sa bouche, me faisant sourire. Ses mains glissent jusqu'à mes fesses tandis que nos langues entrent en contact. Bien qu'ayant les yeux fermés, je suis persuadée que tout tangue autour de nous. Je suis prise d'une douce chaleur, mon cœur n'a qu'une envie : exploser. Toutes deux, à bout de souffle, Mélanie s'éloigne et pose sa bouche juste sous ma mâchoire. Je prends immédiatement l'usage de mes membres et me liquéfie. Mes jambes me lâchent, j'entends le petit rire de Mélanie arriver jusqu'à mes oreilles. Son visage me fait à nouveau face. Sa bouche retrouve la mienne. Nos yeux sont grands ouverts, comme si on voulait s'assurer que tout ça est réel. Une fois terminé, je pose mon front contre le sien, ses mains remontent pour se poser sur mes hanches.

— Depuis le temps que j'en avais envie chuchote t'elle dans un sourire
— Moi aussi.

Elle s'éloigne de moi, provoquant une vague de frisson à cause du manque de sa chaleur.

— Aller viens, on y retourne.

Elle me tend une main que je saisis sans hésiter avant de retrouver les enfants. À la table, la mère de Mélanie rigole avec Hugo.

— Vous étiez ou nous demande la mère de Mélanie.
— Laura ne se sentait pas bien, on est allées prendre l'air annonça Mélanie le plus naturellement possible.
— Ma fille, on pourrait discuter ?
— Je t'écoute.
— En privé.

Mélanie se retourne vers moi.

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