Dalgidia

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— Artémis, je t'avais pourtant bien dit de ne plus aller là-bas. Est-ce trop te demander que d'exiger que tu ne sortes pas la nuit, du côté de la vieille gare qui plus est ! s'exclamait la voix d'un ton désespéré. Ambre, je crois bien que l'on est dans de beaux draps là.

Qui était Artémis ? Ambre ? Où se trouvait-il d'ailleurs ? Les paupières de Bartholomé tressautèrent, mais pas assez pour se faire remarquer.

— Tu vas dans ta chambre. Immédiatement. Cette fois, tu as bien intérêt à n'en plus bouger sinon...

— Mais...je... Il était évanoui maman, implora la jeune fille.

— Dans ta chambre on a dit, reprit la voix douce mais ferme de celle qui devait être Ambre.

Des bruits de pas, une porte qui claque, le silence. Bartholomé n'osait pas bouger tant la situation était étrange. On l'avait installé dans une chambre inconnue. les draps le grattaient. Que faisait-il là ?

— Il faudrait prévenir les autorités Rebecca. Tu connais les risques aussi bien que moi.

Sans vraiment en comprendre les raisons, Bartholomé savait que ces personnes discutaient de son sort et de celui de Liam. De surcroît, les « autorités » ne devaient pas être comme celles du village de Fort-Castle, car, à peine évoquées, une atmosphère lourde s'était installée dans la pièce.

— Peut-être que l'on se trompe finalement ! C'est simplement un gamin des rues qui dormaient n'importe où.

— Qui dormait ? Évanoui au pied d'un miroir dans l'un des sites les moins recommandables de Dalgidia ? Non, je n'y crois pas. Même si c'est difficile à croire, ce jeune homme ne peut venir que... d'ailleurs.

Soudain Bartholomé avait compris une chose terrifiante. Elles ne parlaient que d'UN jeune homme : lui. Ce qui voulait dire qu'il était seul dans cette chambre. Que son ami était quelque part, sans lui.

— Où est Liam ?

Bartholomé avait relevé son buste brusquement comme pour essayer de s'enfuir mais les draps, serrés au maximum, l'emprisonnait contre son gré. Son regard affolé se promena dans tous les contours de la pièce pour chercher son ami. Il devait forcément être ici, c'était impossible qu'il n'y soit pas. Sa respiration se faisait saccadée et Bartholomé peinait maintenant à respirer.

Les oreilles bourdonnantes d'acouphènes du jeune homme entendaient à peine les questions inquiètes des deux jeunes femmes qui, immédiatement, s'étaient penchées vers lui. N'ayant d'autres choix que de se résoudre à l'évidence, le jeune homme prit conscience qu'ils avaient été séparés. Par qui ? Pourquoi ? Qu'importe. Bartholomé n'avait qu'une idée en tête : sortir d'ici, retrouver Liam, s'enfuir.

Malheureusement pour lui, pour l'instant son seul horizon se trouvait être une femme aux yeux d'un bleu troublant qui lui appliquait un chiffon gorgé d'eau sur le front. Ses cheveux blonds courts et ses traits marqués de cicatrices donnaient à cette femme, entrée à peine dans la trentaine, un air doux, triste mais déterminé.

— Ne t'inquiète pas, nous ne sommes pas méchantes tu sais ! Je suis vraiment désolée si notre conversation a pu te troubler mais il ne faut pas nous en tenir rigueur, nous sommes assez angoissées par la situation, c'est tout.

Bartholomé la fixait sans répondre. Ses idées avaient du mal à se fixer et à s'ordonner. Qui étaient-elles ?

— Tu comprends au moins quand je parle jeune hom...Quel est ton nom d'ailleurs!?

Malgré tous les efforts de gentillesse des inconnues à ses côtés, refusant de répondre à la moindre question de personnes qui l'avaient visiblement enlevé et maintenant séquestré, Bartholomé ouvrit seulement la bouche d'une voix chargée de rancœur.

Les déchusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant