Condamnation

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Deux mois plus tôt :

Le gel. Liam avait froid, très froid. La douleur. Liam avait mal, très mal.

Allongé sur ce dallage couvert de poussière avec cette jambe tordue dans un angle anormal, le jeune homme n'avait plus que ses sens pour tenter de comprendre où il était. Au-dessus de lui, un miroir. Sans encore comprendre comment, il commençait à prendre conscience qu'il avait transvasé dans un miroir obstrué par une cloison de bois et accroché à trois mètres de haut.

Il avait donc dû défoncer la planche à moitié pourrie pour venir s'effondrer sur le sol, d'où les échardes plantées dans tout son corps et son impossibilité à faire quelques gestes que ce soit. Cependant, dans un effort surhumain, Liam releva la tête pour tenter de se repérer, de voir Bartholomé.

Le jeune homme poussa un soupir de soulagement, ce qui était certain, c'est qu'il ne se trouvait plus dans cet effroyable carrefour car tout, bien qu'obstrué de poussière, était dans un état impeccable. Tous les vingt mètres environs, des miroirs parsemaient une pièce pas plus grande qu'une salle des fêtes. Seuls quelques détails étranges interpellaient l'esprit embrumé du jeune homme.

Les fenêtres avaient été bouchées grossièrement et les passages intercontinentaux étaient tous surélevés à une hauteur plus que dangereuse. Pressentant soudain que quelque chose n'allait pas, Liam tenta d'appeler son ami mais seul son propre écho lui répondit. Un écho étrangement proche.

Clignant des yeux plusieurs fois pour tenter de se réveiller complètement du brouillard dans lequel il nageait, le jeune homme s'aperçut enfin que sa vue, elle aussi, semblait lui faire défaut. Tout ce qu'il voyait était comme déformé par du...

Liam tendit le bras. Le contact froid du verre l'empêcha d'aller plus loin. Sentant des frissons de panique le parcourir, le jeune homme blessé parvint à se mettre à genoux pour trouver la sortie.

Pourtant, où qu'allaient ses bras, ceux-ci étaient arrêtés de toutes parts par la cloison. Liam avait toujours détesté l'enfermement et voilà qu'il se retrouvait dans une cage en verre sans aucune entrée d'air.

Maintenant pris d'une véritable crise de panique, le jeune homme se mit à hurler en frappant du plus fort qu'il pouvait contre les froides parois de sa nouvelle prison.

C'était un cauchemar, un affreux cauchemar. Rien ne pouvait s'expliquer autrement que par un mauvais rêve. Où était Bartholomé d'ailleurs ? Pourquoi avait-on placé une cage sous un miroir ? Qu'est-ce que c'était que ce bouton rouillé placé sur le sol ?

Égal à lui-même et sans prendre le temps d'y réfléchir, Liam fit la seule chose qu'il pouvait faire dans une telle situation.

— Clic.

Un long silence.

Au moment exact où le garçon effrayé avait appuyé dessus, il sut que c'était trop tard et qu'il avait perdu le contrôle de la situation. Bartholomé était mort dans le non-lieu séparant le carrefour de ce monde inconnu. Une larme coula lentement, traçant son sillon de résignation.

À peine avait-elle atteint le sol que toutes les portes et fenêtres de la salle volèrent en éclat. Dans un fracas assourdissant, Liam vit des diables habillés de noirs se ruer vers lui en le pointant de leurs armes.

Une lumière froide vint le frapper de plein fouet. Sans un bruit, il s'affaissa par terre, à ses lèvres, un seul mot.

— Bartolomé.

Une dernière expiration, puis le noir, encore. Le calme.

*

Les déchusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant