Effraction

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Bartholomé se réveilla en sursaut, des bruits secs l'avaient tiré de son sommeil. Tendant l'oreille, il eut le geste instinctif de se couvrir le visage pour se protéger lorsque le son recommença de plus en plus fort contre sa fenêtre. Se levant prudemment, le jeune homme écarta les rideaux et ouvrit sa fenêtre, désireux de comprendre la source du problème qui avait forcément une explication rationnelle.

Baissant les yeux vers la ruelle sur laquelle donnait sa fenêtre, Bartholomé écarquilla les yeux en découvrant son ami, surexcité, prêt à lui relancer des cailloux. Celui-ci riait et dansait comme un fou en lui faisant de grands signes. Exprimant alors silencieusement son incompréhension, Bartholomé se força à ne pas se contenter d'un geste obscène, d'un claquage de fenêtre et d'un retour bien tranquille sur son matelas merveilleusement rembourré. Pourtant, même si l'appel du sommeil était puissant, celui de la curiosité l'était plus encore.

Sans laisser un quelconque choix à Bartolomé, Liam lui suggéra simplement de descendre au plus vite pour écouter ce qu'il avait à dire. Soudain, Bartholomé se souvint de ce qu'avait fait son ami pendant la soirée. Quel imbécile était-il de penser à dormir alors que Liam avait risqué de se faire prendre en plein espionnage ! Ne pouvant ainsi se retenir plus longtemps, au risque de réveiller ses parents, il se pencha fébrilement à la fenêtre, son corps à moitié dehors, tendu vers le sol.

— Donc tu as trouvé quelque chose, j'imagine!?

Répondant juste assez fort pour que Bartholomé l'entende, Liam lui sourit de toutes ses dents en lui faisant un clin d'œil invisible à cette heure tardive, mais que l'on pouvait tout de même facilement deviner.

— Prends ton matériel de crochetage et descend vite.

Voyant Liam disparaître entre les buissons, refusant de dire quoi que ce soit d'autre tant qu'il ne serait pas descendu, Bartholomé sentit son pouls s'accélérer, s'il avait vraiment trouvé quelque chose, c'était incroyable ! À vrai dire, Bartholomé n'y avait jamais complètement cru lui-même. Ça lui apprendra à ne croire qu'aux livres ! Le seul détail légèrement inquiétant était celle de la demande de Liam concernant le précieux crocheteur qu'ils avaient fabriqué ensemble. Il y avait tellement de portes vermoulues à ouvrir à Fort-Castle. Liam s'intéressait aux cartes, Bartholomé aux livres. À deux, ils se complétaient si bien.

Remettant ses considérations à plus tard, Bartholomé glissa rapidement quelques affaires dans un sac à dos au cas où. Avec Liam, on ne savait jamais... Il se demanda tout de même ce que son ami escomptait faire à une heure si tardive. Ils avaient déjà fugué ensemble, mais jamais pour aller ouvrir des maisons abandonnées en pleine nuit ! Émettant l'absurde hypothèse d'un cambriolage de la maison du chef en riant intérieurement, Bartholomé glissa le précieux outil demandé dans le sac en rigolant. « Même Liam n'oserait pas ...».

*

— Barth, on va s'introduire dans le manoir du Maire cette nuit.

S'étranglant à demi de cette première phrase échangée à la va-vite, presque comme une banalité, l'intéressé se demanda si Liam avait vraiment toute sa tête.

— Tu as bu n'est-ce pas ? Sérieux, tu n'y penses pas ?

Prenant alors son air le plus sérieux et plantant son regard le plus charmeur dans ceux de son ami, Liam essayait d'entraîner Bartholomé loin de sa maison progressivement.

— Pour ce qui est de la première question, tu sais bien que je ne suis jamais soul. Pour ce qui est de la deuxième toutefois...

Ils étaient arrivés en pleine grande rue, le froid se faisait mordant et Bartholomé commençait sincèrement à avoir peur. Prenant le bras de son ami calmement, il essaya de raisonner l'hypothétique hystérie de Liam.

Les déchusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant