Chapitre 2

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Octobre

- Si je résume, on s'est vus plusieurs fois il y a au moins 10 ans, mais tu n'es pas une des copines d'école de ma sœur, ni une de mes cousines éloignées ni une ancienne voisine ? Tu as grandi ici, on s'est déjà parlé ?

Alice s'était souvenue qu'elle l'avait déjà rencontré à l'époque du lycée, quand elle venait voir son amie Myriam à la sortie des cours. Elle était dans un lycée privé en internat, elles ne pouvaient se voir que le week-end alors elle se dépêchait toujours de la rejoindre le vendredi à la fin des cours.

- C'est ça.

- Mais tu as quoi 22, 23 ans ? Pourquoi j'aurai parlé à une gosse ?

- Tu me flattes, mais j'ai 27 ans.

- Donc 17 ans à l'époque, pourquoi j'arrive pas à me souvenir de toi ?

- Alors ta conclusion ?

- C'était du baratin, tu m'as accosté avec une excuse bidon, dit-il pour la taquiner.

- OK, démasquée... J'ai plus qu'à rentrer chez moi.

Elle fit mine de chercher de quoi payer dans son sac quand il posa sa main dessus en disant :

- C'est pour moi.

- Tu vas me payer mes consommations et celles de mon rencard raté alors que mon baratin n'a pas marché ?

- J'ai pas dit qu'il n'avait pas marché, dit-il en sortant son téléphone pour vérifier l'heure.

Elle ne put s'empêcher de se dire qu'il vérifiait si Laura lui avait écrit. Le bar était censé être fermé depuis un moment.

- Alors tu travailles pour ton ex et son mari, c'est pas un peu bizarre comme situation ?

- Disons que je fais pas ça pour moi mais pour notre fille, on est liés pour la vie, autant que ça se passe bien...

- Tu as une fille ?

Il fit oui de la tête sans la regarder, craignant qu'elle se désintéresse.

- Comment elle s'appelle ?

- Liv, enfin Olivia, mais elle demande qu'on l'appelle Liv maintenant.

- Quel âge ?

- 13 ans...

Il la regarda faire le calcul dans sa tête et se redresser, surprise.

- J'avais pas cette info, dit-elle en souriant.

- Que j'étais devenu père à 16 ans ?

- On s'est vus avant, nouvel indice, dit-elle en lui faisant comprendre que le jeu reprenait.

Il lécha brièvement le coin de sa lèvre supérieure en souriant, content qu'elle ait envie de rester elle aussi.

- Laura est aussi propriétaire de mon appartement qui est juste au dessus, osa-t-il, si tu veux boire un dernier verre ?

Alice se demandait quand il allait se décider.

- Comment tu t'appelles ? Tu connais mon nom et celui de ma fille mais...

- Je suis toujours la fille du bar.

- La fille du bar, répéta-t-il en secouant la tête, amusé, tenté mais un peu déçu aussi.

C'était le comportement de quelqu'un qui ne reste pas le matin. Il ne faisait jamais ça. Flirter gentiment ça arrivait, mais ça n'allait jamais bien loin. Mais elle l'intriguait tellement, il la trouvait différente.

- Quand tu te souviendras de moi ou que tu parleras de moi à tes potes c'est comme ça que tu m'appelleras alors...

- Je vais pas parler de toi à mes potes. Peut-être à ma fille, je l'admets...

- Ne lui dis pas tout, s'amusa-t-elle.

- Juste que j'ai passé une bonne soirée avec une mystérieuse et, il marqua une pause pour la détailler, magnifique inconnue ?

- Tu ne parles pas de tes conquêtes à tes potes ?

- J'ai pas vraiment l'habitude d'avoir des conquêtes comme tu dis. Ni tellement de potes...

- Baratin, répondit la jeune femme le regard plein de défi.

- Je suis sérieux.

Alice voulait qu'il sache qu'elle savait exactement ce qu'elle faisait à défaut que lui le sache. Alors, plus en confiance que jamais, elle se levait et se penchait sur Adam jusqu'à parler avec la bouche si proche de la sienne que son souffle caressa sa langue.

- C'est pas la peine de me faire croire que je suis unique et que tu fais jamais ça, j'en ai rien à faire. Je sais ce que je veux et je sais ce que je fais.

Il sourit en frottant lentement le bout de son nez contre le sien comme pour la prévenir qu'il allait l'embrasser avant de dire :

- Reconnais quand même que t'es pas banale...

- On y va ? expira-t-elle avec envie.

...


Elle le suivit dans la rue, la porte juste à côté de celle de l'établissement. Il l'ouvrit sur un escalier étroit qui grinçait à chaque marche. Devant sa porte, ils étaient presque dans le noir complet, il enfonça sa clé dans la serrure sans la voir et la laissa passer la première. Alice entrait dans un appartement spacieux et chargé en passant à côté de la cuisine. Sur une estrade un matelas épais trônait, les draps défaits, les oreillers écrasés. Adam la suivit alors qu'elle détaillait son intérieur et quand elle se retournait, il se passait les deux mains sur ses cheveux courts, un peu nerveux.

- T'étais déjà belle dans la lumière du bar mais là...

Elle se surprenait à rougir.

- Je peux aller dans ta salle de bain ?

- Oui c'est là porte vitrée là, mais t'en fais pas on voit rien à travers c'est opaque on voit que des ombres je...

C'était mignon de le voir nerveux. Comme une revanche sur toutes les filles qu'elle l'imaginait avoir fait bégayer avant elle. Alice s'approcha de lui et posa ses mains sur sa taille, sa poitrine contre son torse, dévorant ses lèvres du regard avant de l'embrasser pour de vrai. Il répondit vite, prenant son visage entre ses mains en la faisant tourner pour qu'elle se retrouve entre lui et le mur.

Et il n'avait pas l'habitude ? Vraiment ?

- Respire, Adam en prononçant le M, elle sentait combien son corps était tendu.

- C'est juste que tu me troubles.

- Il n'y a rien qui va se passer que tu n'as pas déjà fait, alors relax.

Celle qu'il aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant