Chapitre 28

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Mai


Adam avait commencé son nouveau travail depuis presque une semaine. C'était un métier qu'il connaissait bien, il lui avait permis de nourrir sa famille depuis ses 18 ans. Mais retrouver le rythme en tant que déménageur l'avait abîmé pour le week-end. Alice s'était agenouillée derrière lui pour étaler le baume du tigre partout sur ses épaules et dans son dos. Elle adorait cette odeur épicée, elle adoré la texture grasse qui se réchauffait sous ses paumes. Avec ce qu'il restait entre ses doigts, elle massa aussi sa nuque et embrassa l'arrière de sa tête pour lui indiquer qu'elle avait fini. Son chevalier fatigué s'étala dans le lit en posant sa main sur sa cuisse avant de lui dire merci.


- Je vais me laver les mains, dit-elle en quittant le lit.


Elle portait un pull fin, légèrement transparent, comme s'il faisait froid ici, avec lui. Mais juste une culotte en dessous. Adam la regarda marcher jusqu'à la salle de bain et s'amusa en cherchant sa logique.


- Explique moi l'intérêt de porter ce pull si tu laisses tes jambes nues ?

- C'est ta façon de me demander de l'enlever ? le taquina-t-elle en frottant ses mains avec le savon.

- Je m'interroge, c'est tout.


En revenant vers lui elle devina l'intention derrière son regard.


- On dirait que tout l'intérêt est pour toi, dit-elle en remontant debout dans le lit pour l'enjamber.


Il se redressa en oubliant ses courbatures pour l'attraper par la taille et la faire basculer. Sa main remonta de sa cheville jusqu'à sa hanche alors qu'elle se tortillait, toujours très chatouilleuse, en rigolant comme une enfant.


- Adam, pas ce soir, l'arrêta-t-elle en le regrettant autant que lui.

- Je sais, dit-il en souriant, reposant sa main sur le matelas à côté d'elle, refermant son poing sur le tissus.

- C'est toi qui m'as dit d'arrêter de me planquer dans ma grotte quand j'ai mes règles, alors voilà, tu as toute cette tentation sous les yeux mais pas la permission.


Elle se moquait de lui avec douceur parce qu'elle savait que ce n'était pas un problème. En s'allongeant derrière elle il passa sa main sur le bas de son ventre en caressant le patch chauffant qu'il lui avait donné plus tôt.


- Ça fonctionne ? demanda-t-il.

- Un peu, mais j'aurai dû penser à prendre ma bouillotte.

- Qu'est-ce que je peux faire pour que tu ailles mieux ?

- Ta main chaude sur mon vente, ça fait du bien, dit-elle simplement en le regardant.


Elle posa la sienne par dessus, toujours impressionnée par la différence de taille.


- Elle est si grande, pourquoi les mecs ont toujours de si grandes mains ?

- Je tenterai bien une réponse mais tout le monde dit que c'est pas la taille qui compte, plaisanta-t-il.

- Je confirme, s'amusa-t-elle en savourant son bras qui l'enlaçait pour la rapprocher de lui. Les filles ont de petites mains et pourtant.

- Est-ce que c'est vraiment différent avec une femme ?

- Le sexe ? souffla-t-elle en tournant son visage vers le sien.

- Et le reste, dit-il.

- Je n'ai eu qu'une seule femme... enfin, il y en a bien eu d'autres mais j'ai pas eu le temps de me poser la question, tu vois ?

- Et avec Imani, c'était différent ?


Il voulait dire différent d'avec lui. Est-ce qu'il parlait vraiment de son genre ? Ou de ce qu'elle avait ressenti pour elle ?


- Imani connaissait très bien son corps, elle m'a appris beaucoup de choses sur le mien, commença Alice. Mais même quand on partageait ce genre de moment, je me sentais seule...


Elle remonta le long de son avant bras, sentant ses muscles se tendre à son simple contact. Et quand elle passa son bras sous le sien, elle l'invita à se caler derrière elle. Il était plus large, plus grand. Quand il se collait tout entier, quand il refermait sa prise sur elle, elle se sentait plus à l'abri que jamais.


- C'est toi qui est différent, dit-elle. Tu m'écoutes même quand on fait l'amour... elle se mordit la lèvre, le sexe n'avait jamais été un tabou, pourquoi sentait-elle son cœur flancher ?


Peut-être parce qu'il pressait si fort cette main brûlante contre le bas de son ventre ?


- J'avais jamais connu ça avant, murmura-t-il à son oreille. Je ne saurais plus jamais me passer de toi Alice.


Elle frissonna en lui offrant sa nuque pour qu'il continue de l'embrasser. Et, pleine d'envies, elle roula dans ses bras pour l'enlacer à son tour.


- Adam... elle s'accrochait à sa nuque en espérant qu'il comprenne.

- On est mal en point tout les deux, on ferait mieux de dormir, dit-il malgré ses envies.

- Ouais, elle soufflait fort comme pour expulser l'air chaud et refroidir son corps.


Alice lui tourna le dos à nouveau, elle pinça ses lèvres en se sentant rougir, quand il murmura à nouveau à son oreille :


- J'ai envie de toi aussi mais je suis complètement à plat ce soir, laisse moi me rattraper demain matin, si tu restes...


Adam embrassa sa joue, longtemps, c'était si bon.


- Bonne nuit.


Bonne nuit.

Si seulement, si seulement.

Elle sentit sa respiration changer. Elle sentit son étreinte se détendre.

Elle avait eu si chaud, elle avait passé une si belle soirée. Et puis...

Elle regarda le ciel par la fenêtre et devina les heures qui passaient sans qu'elle ne trouve le sommeil. La nuit noire lui donnait l'impression que les ombres qui l'attendaient chez elle avaient fini par la retrouver. Pas de répit. Pas d'abri. Pas de guérison. Les jours passaient et finalement ça ne serait pas plus facile. Peut-être que ce serait différent l'année prochaine ?

S'ils étaient encore là, s'il tenait jusque là ?

Il avait beau avoir une patience d'ange, combien de temps avait-elle avant qu'il ne trouve ses limites et ses craintes trop lourdes ?

Elle ne voulait jamais sortir, elle ne voulait jamais voir personne, elle l'enfermait dans son propre appartement avec elle quand ils étaient ensemble. Qui voudrait de cette vie pour toujours à part elle ? Elle seule.

Celle qu'il aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant