Avril
Les nuits dans l'appartement étaient moins froides en ce doux mois d'avril. Avec cet immense mur de vitres qui donnait sur la rue, le froid se faisait vite sentir même à l'intérieur. Maintenant il faisait assez chaud pour qu'ils ne se rhabillent pas. Et Adam tombait doucement amoureux de ces rayons de soleil sur sa peau nue le matin. Lorsqu'il posait sa main sur son dos offert, il détaillait le contraste entre leurs teints. Lui avait toujours la peau dorée, toute l'année. La sienne était comme une toile immaculée, parfaitement lisse et intacte. Ou presque.
Il y avait bien cette cicatrice qu'il avait remarqué depuis quelques temps sans oser lui demander d'où elle venait. Juste là, à l'intérieur de son poignet. Deux marques qui formaient comme un V, qui semblaient avoir était de profondes blessures. Tant qu'elle portait des manches longues, il n'avait rien vu...
- Pourquoi tu as les mains froides, dit-elle en glissant ses bras sous l'oreiller.
- Je suis sorti voir Liv, expliquait-il en s'allongeant davantage sur elle. Elle avait oublié son livre de math pour faire ses devoirs.
- Je déteste les maths, murmura-t-elle en sursautant un peu quand il glissa sa main sous son ventre.
Ses mains se réchauffaient déjà au contact de son corps.
- Elle est douée dans toutes les matières, pas comme son père.
- Arrêtes, tu me chatouilles, gloussa-t-elle en attrapant sa main pour la décoller de son ventre.
Il embrassa sa nuque en soulevant la couette pour se glisser en dessous et la rejoindre. C'était un de ces jours où elle restait jusqu'au soir. Elle s'arrangeait toujours pour partir avant que Liv ne revienne, mais elle restait autant que possible.
- J'étais douée dans tout moi aussi, sauf les maths.
- Je m'en sortais qu'en art plastique.
- Parce que t'es un artiste, elle se retournait pour se blottir contre lui.
Entre ses mains fraîches et ses caresses, elle frissonnait maintenant. Adam remonta la couette sur eux et posa sa tête sur le même oreiller.
- Est-ce que tu me montreras ton talent un jour ? Parce que tu prétends que tu dessines mais j'ai encore rien vu...
- Je suis littéralement un carnet à dessin, dit-il en désignant son corps.
- Techniquement, les traits définitifs sont ceux de ta sœur non ?
Amusé, Adam roula sur le dos et tendit le bras vers l'étagère au dessus de son lit pour attraper un carnet usé dont certaines pages rêvaient de s'échapper. Il le posa sur le matelas, entre eux, et la laissa l'ouvrir.
- Je suis pas aussi doué que Liv, je dessine seulement quand je veux me vider la tête. Elle dessinerait toute la journée si on la laissait faire.
Alice découvrait des personnages, des paysages, des portraits dessinés en une seule ligne. Parfois l'encre avait bavé ou Adam avait laissé ses empreintes sur le papier. Mais tout ces petits défauts rajoutaient un truc à son art.
- En ce moment je fais que ce style, j'adore que tout soit lié parce que c'est le même trait sans fin.
Il suivit la ligne en question du bout du doigt sur le dessin qu'elle observait. Ça représentait un cœur humain très détaillé, les traits s'entre-mêlés au point qu'elle ne trouva ni le début, ni la fin.
- Tu ne m'as rien montré non plus, dit-il alors qu'elle allait tourner la page.
- J'ai dit que je ne dessinais plus. C'était juste quand j'étais gosse, tenta-t-elle d'esquiver.
- Montre moi, il récupéra son feutre sur l'étagère et lui tendit.
Elle prit le feutre mais referma le carnet. Allongée sur le ventre, elle attrapa sa main pour étendre son bras devant elle. Juste là, en haut de son avant bras, avant le creux de son coude, sa peau était vierge.
- Il s'efface facilement ? demanda-t-elle avant de commencer.
Il hocha la tête pour dire oui en la regardant se concentrer. Et alors qu'elle allait commencer, elle s'arrêta pour lui dire :
- Ferme les yeux, je te dirais quand tu pourras regarder.
Adam obéit et reporta toute son attention sur la mine qui glissait sur sa peau. Il posa sa main sur son ventre en sentant son corps vibrer tant la sensation lui plaisait. Même si elle s'appliquait et dessinait lentement, il n'arrivait pas à suivre ses traits pour deviner ce qu'elle faisait. Après de longues minutes d'un silence délicieux, elle souffla sur son œuvre sans se douter de ce que ça provoquait chez lui.
- Ouvre les yeux, dit-elle dans un murmure.
Il la regarda elle d'abord, elle qui le rendait complètement dingue.
- C'est un coquelicot, précisa-t-elle alors qu'il levait le bras pour le découvrir.
- En une seule ligne, dit-il, conquit.
- Bon, heureusement que ça s'efface, j'ai un peu tremblé sur la tige.
Les lignes étaient fines, harmonieuses. La fleur avait quelque chose de féminin, de doux. C'était une beauté qui ne fanerai jamais, elle qui n'aimait pas que le temps passe... Adam savait déjà qu'il ne voulait pas que ça s'efface, jamais, pour graver ce moment et tous les autres et tous les garder pour toujours.
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Celle qu'il aime
RomantikÇa ne devait durer qu'une seule nuit... (Note de l'auteur : le résumé de la flemme, mais viens c'est cool !)