Celle qu'il aime

Chapitre 36

Juillet

Alice avait encore du mal à le reconnaître dans ses vêtements de travail. Elle l'aimait tout en noir. Même s'il était tout l'opposé de l'obscurité. Là il portait un pantalon cargo gris, déjà usé, avec un t-shirt blanc. Blanc comme son armure scintillante de chevalier.

Elle remettait de l'ordre dans le rayon après les clients du matin tandis qu'il parlait avec Liv au téléphone en avançant en même temps qu'elle dans le rayon opposé. Il la regardait travailler par dessus le portant en se demandant si la voir lui ferait toujours cet effet de dingue ? Comme si elle entrait tous les jours dans le bar et qu'il la voyait chaque fois pour la première fois ?

Comment avait-il pu un jour la croiser et ne pas s'en souvenir ?

- Promis, je vais lui demander. Mais toi réponds à ta mère ok ?

Alice avait compris que mère et fille s'étaient encore un peu disputées. C'était normal, c'était la vie.

- Bisous, on se voit dimanche, je t'aime.

Elle eut des frissons comme si c'était encore à elle qu'il le disait. Il l'avait dit de mille façons différentes depuis. Peut-être cherchait-il la bonne formulation pour qu'elle lui dise en retour ?

- Pas trop grave ? s'enquit Alice en le voyant raccrocher.

- Non c'est juste qu'elles oublient qu'elles doivent s'écouter pour se comprendre au lieu de s'écouter pour se répondre, dit-il en regardant son écran.

Il ne remarqua rien du séisme qui frappa Alice à cet instant. Quoi ? Que venait-il de dire ?

- Qu'est-ce que tu as dit ? lui demanda-t-elle de répéter, chamboulée sans être sûre que c'était légitime.

- Hein ?

- S'écouter pour comprendre...

- Ah, ouais, c'est un truc qu'on m'a dit quand j'étais petit, ça m'a beaucoup marqué alors je le dis souvent.

Ce n'était pas un dicton, pas une expression. Ce n'était pas connu. Elle ne l'avait jamais entendu ailleurs que dans la bouche de sa mère. Alors comment ?

- Liv veut absolument que je te demande un truc important, dit-il en la rejoignant dans son rayon.

Elle était encore perdue mais se fixa sur son regard pour se concentrer sur ses mots.

- Quoi ?

- On veut aller à la plage le week-end prochain. Ma sœur y est déjà, ils y ont acheté un appartement. On aimerait que tu viennes aussi.

Alice devait s'habituer à ce concept nouveau mais tentant.

Les projets.

Les plans.

Demain.

Avec lui.

- On partirait mercredi soir puisqu'on fait tous le pont et on rentrerait dimanche soir.

- Quatre jours entiers, avec ta famille ? On a même pas encore passé tout ce temps tous les deux.

- T'es ma famille aussi maintenant.

Bordel, lui et ses foutus indispensables. S'il pouvait la prévenir avant de dire des trucs pareil, son cœur avait des ratés dans ses battements à chaque fois.

- On prendra du temps pour nous, sur le sable, au soleil. Ce sera chacun sa vie. Liv va traîner toute la journée avec son cousin en plus, ces deux là son inséparables quand ils se voient.

- J'ai même pas de maillot de bain, je vais jamais à la plage.

- Si t'en mets pas, je te suis, il haussa les sourcils en s'attendant à ce qu'elle lève les yeux au ciel.

- D'accord, souffla-t-elle au lieu de lever les yeux.

Il attrapa son visage pour l'embrasser avec passion, tellement heureux qu'elle accepte. Et ils se séparèrent en entendant la petite cloche au dessus de la porte du magasin. Adam murmura « je te laisse, on en parle ce soir » avant de se diriger vers la sortie pour la laisser travailler. Et puis avant de passer la porte, il se retourna vers elle, l'air coquin.

- T'as dit d'accord pour le week-end ou le maillot de bain ?

- Peut-être les deux, dit-elle en lui rendant son sourire.