Décembre
Alice s'arrêta au niveau du bar en regardant Adam disparaître dans les escaliers avec Laura. Et elle demanda à la barmaid si elle pouvait le rejoindre. Celle-ci lui refusa, lui expliquant que cette partie était interdite au public. Elle n'insista pas, ne se sentant pas légitime de le faire. Puis elle se contenta de demander si elle pouvait laisser un mot.
Elle n'avait pas le numéro d'Adam, elle savait où le trouver mais elle n'était pas sûre d'être assez courageuse pour venir le voir directement après ce qu'elle avait dit. Il ne mesurait probablement pas combien c'était fort pour elle...
Sur un post-it, elle commença à écrire son numéro et s'arrêta avant le dernier chiffre. Il lui avait demandé de ne pas jouer avec lui. Mais elle se savait pas rendre les choses faciles. Et puis, peut-être que demain elle aurait changé d'avis alors c'était mieux s'il renonçait ? Alors au lieu de finir son numéro elle dessina un trait et un point d'interrogation par dessus pour lui lancer le défit de la retrouver, s'il le voulait vraiment. Après tout, ça lui laissé une chance sur 100.
- Vous pouvez donner ça à Adam ? En personne ? ajouta-t-elle en pensant au regard de Laura.
Si ça passait par elle, elle se disait qu'il ne l'aurait jamais.
...
Adam se retrouvait assis sur une table dans une salle de consultation à attendre que l'infirmier revienne avec le matériel pour la suture. Sa vieille cicatrice s'était rouverte, exactement de la même façon que la première fois. Il avait un mal de chien et son oreille sifflait encore mais il souriait bêtement en repensant à Alice. Cette fois il demanderait à Myriam de lui donner son numéro, en espérant qu'elle l'appelle. Il ne voulait plus laisser passer une autre occasion. Il avait bien essayé de la voir avant que Laura ne l'accompagne aux urgences mais il ne l'avait pas trouvée, ni ses amies.
- Liv va tellement flipper quand elle verra ta tête, s'amusa Laura.
- Je mérite une prime non ?
- J'en parlerai au patron, dit-elle en l'invitant à soulever sa poche de glace pour vérifier les dégâts. Au moins ça saigne plus avec les pansements.
- Je déteste les piqûres, dit-il en pensant à la suite.
- Je sais, mais tu n'auras qu'à me tenir la main, comme la dernière fois.
Elle lui avait jeté un regard tendre qui lui donna envie de baisser les yeux.
- Tu te souviens ? dit-elle en posant une main sur sa cuisse.
- Difficile d'oublier, lança-t-il un peu froidement.
Il décala sa jambe en repoussant sa main et la regarda à nouveau dans les yeux. À quoi jouait-elle ?
- Ouais, Jules était un peu plus passionné à l'époque, dit-elle.
- Je garde pas un bon souvenir de cette période, tu le sais.
Laura s'adossa contre le mur à côté de lui et regretta d'avoir lancer le sujet. La dernière fois qu'il s'était ouvert l'arcade comme ça c'était en se battant pour elle, pour la récupérer.
- On oubliera jamais alors ?
- Laura, tu m'as laissé tout seul avec une enfant de deux ans dans un appartement que je ne pouvais pas payer seul. Et t'es rentrée chez tes parents sans nous donner la moindre nouvelle pendant presque un an. Dis-moi de quoi je dois me rappeler d'autre au juste ?
- Que tu t'es battu pour me garder, tu me voulais tellement à l'époque, c'est de ça dont je me souviens.
- Je voulais surtout que ma famille reste unie, que ma fille ait sa mère. Toi tu aimais juste avoir deux mecs qui se battaient pour toi.
- Elle a une mère, je suis là aujourd'hui et je l'aime plus que tout. Mais peut-être que toi tu me manques ?
- Pourquoi tu fais ça maintenant ?
Il ne ressentait plus rien pour elle mais n'avait jamais voulu se montrer froid. Elle était la mère de sa fille après tout, mais plus rien d'autre.
Quand elle était revenue dans leur vie, il avait décidé qu'il valait mieux l'accepter maintenant, ne pas se battre. Liv était si jeune, il avait cru qu'elle ne se souviendrait pas de son absence, mais elle parlait d'elle. Parce que pendant longtemps elle n'était revenue qu'à moitié, assez souvent pour que Liv se demande où elle était passée.
Elle savait comment raviver les vieux sentiments et les souffler en même temps.
Avant son mariage, Adam avait parfois eu du mal à faire la différence entre le besoin de ne plus être seul et la nostalgie. Jusqu'à ce qu'il lui pose un ultimatum. Rester pour Liv ou il ne la laisserait plus revenir.
Depuis qu'elle avait décidé de réparer sa relation avec leur fille il y a trois ans, il n'y avait plus jamais eu d'ambiguïté entre eux. Pour lui tout était clair.
- Tu n'y penses jamais ?
- Non, je n'y pense pas. Et là tout ce que j'ai en tête c'est combien il faut que tu sois égoïste pour risquer ta relation avec ta fille, avec ton mari, et tout ce qui fait nos vies, juste pour une impression nostalgique à la con.
- C'est elle qui me fait douter, dit-elle. Même si je sais que tu ne veux plus de moi, ça me fait mal de penser que tu peux vouloir de quelqu'un d'autre. Tu n'avais jamais fait attention aux autres femmes...
Adam ferma les yeux. C'était du Laura tout craché. Bordel.
- Tiens, dit-elle en lui donnant un bout de papier rose plié en deux. Elle a laissé ça pour toi. Je vais y aller, tu te débrouilles pour rentrer ?
Il attrapa le papier sans oser l'ouvrir devant elle et la regarda, un peu perdu.
- Ne dis rien à Jules, ou à Liv. Je sais que j'ai un problème, je veux toujours ce que j'ai pas et jamais ce que j'ai. Mais Liv je l'ai et je la veux, je la veux plus que tout, je te le promets. Alors, elle sentit sa gorge se serrer, ne me la prends pas, d'accord ?
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Celle qu'il aime
RomanceÇa ne devait durer qu'une seule nuit... (Note de l'auteur : le résumé de la flemme, mais viens c'est cool !)