Celle qu'il aime

Chapitre 10

Décembre

Adam venait de descendre du bureau de Laura après avoir enfilé son t-shirt qui indiquait « sécurité ». Il avait été recruté pour la soirée pour surveiller que l'ambiance ne dégénère pas comme l'an dernier. Liv venait de l'appeler pour lui dire qu'elle allait se coucher, elle passait la nuit chez sa tante.

Laura était derrière le bar, elle aussi mettait la main à la pâte pour aider les barmaids à fournir. Et alors qu'elle remplissait un verre, elle remarqua cette fille sur la piste, qui dansait avec deux beautés noires qu'elle aurait pris pour des jumelles si elle ne les avait pas reconnues. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'espérer qu'Adam ne la voit pas. Parce qu'elle avait compris leur petit manège à la soirée en les voyant sortir tous les deux de son sellier. Et parce qu'elle n'aimait pas l'idée, l'idée qu'il...

- Je monte à l'entrée, cria Adam à son oreille, les gars disent que...

Il l'avait vu, Laura le comprit tout de suite. Et encore ce foutu sourire.

Laura la regarda à nouveau, prête à la brûler des yeux, quand elle vit Imani attraper son visage entre ses mains pour l'embrasser avec fougue.

Alice la repoussa en quittant la piste juste au moment ou Myriam attrapait sa sœur par le bras pour l'empêcher de la suivre. Et Adam se contenta de passer à côté des danseurs pour rejoindre la sortie, sans plus la regarder.

On l'avait prévenu que des mecs insistaient trop à l'entrée, il allait aider. C'était là tout ce qu'il avait à faire ce soir...

...

Alice se réfugia dans l'espace fumeur pour fuir la foule, fuir le bruit, fuir Imani qui n'aimait pas perdre ses jouets. Et alors qu'elle sentait le froid mordant de la nuit attaquer sa peau, quelque chose de chaud chatouilla sa joue.

Une larme, elle pleurait ? Et elle ne savait pas dire pourquoi ? Est-ce que c'était parce qu'on était cette période de l'année ? Est-ce que c'était parce qu'elle savait enfin lui résister ? Est-ce que c'était juste une larme solitaire, seule comme elle ?

- Tu pleures ?

Elle se redressa rapidement en entendant sa voix. Et avant même qu'elle ne réalise qu'il était vraiment là, sa main essuyait la solitaire comme si elle n'avait jamais été réelle.

- Adam ?

Elle était surprise, mais en voyant son t-shirt avec écrit « sécurité » elle comprit qu'il travaillait ici ce soir.

- Pourquoi tu pleures ?

- Je pleures pas, enfin, je ne sais pas.

Et pourquoi lui répondre la faisait pleurer davantage ?

- T'es sûre que ça va ? Tu veux que j'aille chercher tes amies ?

- Non, je veux pas.

- Alice, j'aime pas te voir comme ça, il s'était rapproché et ses mains sur ses joues s'empressaient d'essuyer chaque larme.

Et Alice se mit à sourire soudain, en réalisant qu'elle était vraiment, vraiment heureuse de le voir.

- Je t'ai vu danser mais je voulais pas venir t'embêter mais là, tu pleurais alors...

- Oh, elle réalisa ce qu'il avait peut-être vu. Tu m'as vue...

Elle posa ses mains sur les siennes pour les détacher de son visage. Cette façon de la toucher, elle n'aimait pas, elle avait l'impression d'être une petite fille inconsolable alors que ses larmes étaient déjà oubliées.

- Je sors pas avec elle, souffla Alice en s'adossant contre le mur.

- Ok, il ne voyait que ses mains qui tenaient toujours les siennes.

- Mais j'aime les filles aussi, dit-elle d'une voix hésitante en haussant les épaules.

Il ne s'attendait pas à la trouver mignonne, mais il aimait ça.

- Ok, dit-il en acquiesçant, sentant ses lèvres s'étirer dans un sourire inarrêtable.

- Ne pense pas à ça, les mecs pensent toujours à ça, dit-elle en secouant la tête.

- Je pense à rien. T'es juste... il souffla sans finir sa phrase, il en avait assez de se répéter.

Elle le savait, elle le savait forcément qu'il la trouvait incroyable.

Alice remonta ses mains le long de ses bras en attendant qu'il comprenne ce qu'elle disait avec les yeux.

Adam se pencha lentement, pour lui laisser le temps de dire non, pour ne pas se jeter sur sa bouche comme Imani plus tôt. Et il la laissa parcourir les derniers centimètres entre eux jusqu'à ce que leurs lèvres se rejoignent. Elle avait le goût de la noix de coco et du sucre. Elle en avait aux commissures, il le sentit au moment où leur baiser devint plus intense et que leurs langues se touchèrent. Alice accrocha ses mains dans son cou et sentit tout son corps s'étirer quand il avança encore sans la lâcher pour la plaquer contre le mur. Elle entendit des gens s'enthousiasmer à les voir ainsi prendre feu et se rappela qu'ils n'étaient pas seuls. Adam resta penché sur elle un instant, un bras contre le mur au dessus de sa tête, il respirait fort tandis qu'elle regardait par dessus son épaule. Les gens les observaient. Mais quand il murmura à son oreille, elle ne s'en soucia plus.

- Joue pas avec moi Alice, je t'en prie. Tu me plais tellement, c'est pas équitable.

Elle le regarda se redresser en fixant ses iris aux siennes. Elle aurait dû se sentir puissante d'entendre ça. Pourquoi ça lui faisait mal ? Elle ne voulait pas qu'il ait peur d'elle, surtout pas.

- Tu me plais aussi, dit-elle alors que sa respiration s'accélérait. C'est juste que je ne sais pas, je ne...

Il avait détourné son attention en se mordant la lèvre pour retenir sa joie évidente de s'afficher sur son visage. C'est elle qui ne cachait pas ses émotions en revanche, son visage irradiait, elle sentait ses joues s'empourprer malgré elle.

Mais avant qu'elle ne trouve quoi dire de plus, il se retourna en entendant des cris. Deux mecs ivres venaient de se mettre à se taper dessus et à bousculer tout le monde. Adam se précipita pour les séparer alors qu'un de ses collègues arrivait en même temps. Alice avait du mal à réaliser le changement si brutal de température. Elle se souvenait soudain qu'il faisait froid, comment avait-elle pu l'oublier ces dernières minutes ? Et alors qu'Adam tentait de maîtriser un des deux hommes, il se prit un mauvais coup à l'arcade. De là où elle était Alice entendit le choc et sursauta en le voyant se tenir le visage avec tout ce sang qui filait déjà entre ses doigts.

- Adam, s'enquit-elle en voulant approcher.

Mais Laura arrivait en courant avec un grand torchon qu'elle plaqua sur sa blessure pour l'empêcher de saigner. Alice croisa son regard, comme une lionne qui la prévenait de ne pas s'approcher. Et elle qui était si combative normalement, si sûre d'elle, se retint de la défier.