Chapitre 16

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Mars


Alice découvrait le message de Myriam en descendant du bus. Elle lui souhaitait un joyeux anniversaire et de passer une bonne journée. C'était simple, elle savait qu'Alice n'en faisait jamais trop ce jour là, elle n'aimait pas compter le temps qui passe.

Toute la matinée à la boutique s'écoula lentement au grès des clients dont elle connaissait le nom à force de les croiser. Et quand vint midi, comme une habitude installée depuis plusieurs semaines maintenant, Alice ferma le magasin et descendit la rue en direction de chez lui.


...


Adam roula sur le dos en se mettant à rire, posant ses mains sur son visage alors qu'elle se rapprochait jusqu'à monter sur lui pour continuer d'embrasser son cou.


- Je suis sérieuse, dit-elle en retirant ses mains de son visage pour qu'il la regarde.

- C'est pas un cadeau d'anniversaire, laisse moi t'offrir quelque chose, un vrai truc, négocia-t-il.

- Pourquoi le sexe ne serait pas un cadeau d'anniversaire ? C'était pas bien ? C'est la première fois qu'on le fait en plein jour, dit-elle en regardant la fenêtre.

- Heureusement que j'ai pas de voisins en face, c'est que des bureaux vides.

- Hum, c'est pas la peine que j'attende des applaudissements alors ?


Il rit encore en se redressant pour lui faire face.


- Dis moi de quoi tu as envie ?

- On parle toujours de cadeau ?


Elle plissa les yeux jusqu'à ce qu'il comprenne l'ambiguïté de sa phrase.


- Alice, insista-t-il même s'il adorait son humeur du jour.

- Rien, une bonne journée c'est vraiment un cadeau, j'ai pas besoin de plus.

- Des fleurs ?

- Je suis allergique au pollen.

- Un bijou ?

- Interdit, dit-elle.


Interdit voulait dire trop sérieux pour l'instant. C'était quelque chose qu'elle disait de moins en moins cependant.


- Donne moi des idées, qu'est-ce que tu aimes ?


Elle posa ses mains dans sa nuque et resta silencieuse pour simplement savourer son regard. Alice devenait accro à cette étincelle au cœur du néant de ses yeux. Des fois elle se sentait comme un papillon irrésistiblement attiré par la lumière, c'était terrifiant de perdre le contrôle. Mais chaque fois il lui rappelait à sa façon que c'était elle qui menait la danse, il suivait son rythme.


- On pourrait rester tous les deux ce soir, dit-elle.


Adam eut l'impression que son cœur s'était figé dans sa poitrine. C'était toujours lui qui prenait l'initiative de leurs rencontres. Sauf celles du midi, depuis qu'elles étaient devenues presque quotidiennes. Aujourd'hui c'était la première fois qu'ils faisaient l'amour à ce moment là. Quand elle avait dévoilé ses intentions en passant la porte il avait été pris par surprise avant de se laisser emporter. Le plat de lasagnes qu'il avait préparé hier et réchauffé avant qu'elle n'arrive devait être froid maintenant.


- Tu as Liv ce soir ? On est vendredi, elle rentre de chez sa mère ?

- Non, elle revient dimanche soir.

- Je pourrais rester, essaya-t-elle, jusqu'à, disons, dimanche midi ?

- Tout le week-end ?


Elle voulait mourir pour ce sourire, pour qu'il n'arrête jamais de sourire comme ça.


- C'est trop ?

- Non, répondit Adam très vite.

- Je passerai chez moi avant de venir pour prendre quelques affaires.

- Tu veux qu'on fasse un truc ?

- Rien, juste rester ici, s'il te plaît ?


Et s'il était fou de bonheur de cette avancée incroyable et inattendue, il remarqua quelque chose d'éteint dans son regard. Comme si elle lui demandait davantage de ne pas la laisser seule les prochains jours qu'autre chose. Adam aurait voulu savoir ce qu'il en était mais parfois elle était comme un animal sauvage. Il redoutait de faire le mouvement de trop qui la ferait fuir pour toujours. 

Celle qu'il aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant