Mars
Il vérifia encore son téléphone pour répondre à Liv sans lâcher Alice, allongée devant lui, en cuillère. Elle somnolait mais ouvrit les yeux sur son écran qui affichait sa conversation. Elle détourna le regard et pivota jusqu'à lui faire face.
- Je croyais que tu dormais.
- Désolée, je fais que comater, mais je suis là.
- Dors si tu en as besoin.
Et son téléphone vibra à nouveau.
- Elle va bien ? souffla-t-elle contre son torse.
- Je suis désolé, je dois avoir l'air ailleurs, c'est juste que je suis tout le temps inquiet pour elle quand elle n'est pas avec moi.
- Tu serais un papa poule ? demanda-t-elle avec douceur.
- Un papa traumatisé plutôt, dit-il, sérieux.
Alice baissa les yeux, avait-elle le droit d'en savoir plus ?
- L'année dernière j'ai reçu un appel du collège, une de ses amies avait raconté à l'infirmière scolaire qu'elle avait vu des plaies sur les bras de Liv. Ils l'ont convoqué pour en savoir plus et elle a fini par dire qu'elle se mutilait.
Alice ne savait pas quoi répondre.
- J'ai jamais flippé à ce point de toute ma vie. J'avais rien vu.
- Les gens qui vont mal sont les meilleurs acteurs, souffla Alice. On ne voit rien.
- Ouais, maintenant je suis incapable de la laisser seule. Je sais qu'elle le fait plus mais j'ai peur, c'est plus fort que moi.
- Je comprends.
- Hier soir elle était seule, Jules et Laura étaient au restaurant. C'est pour ça que je lui ai écrit toute la soirée.
- Tu aurais pu me le dire, je serai...
- Elle demande que je lui fasse confiance, je sais pas si j'ai raison de continuer de flipper comme ça. Elle est suivie maintenant, elle me parle beaucoup, elle a le réflexe de m'écrire quand ça va pas trop.
- Ma mère ne me laissait jamais seule quand j'avais son âge. Mais c'était surtout parce qu'elle en avait marre de me retrouver à dessiner sur les murs avec mes marqueurs.
- Tu dessines ?
- Plus maintenant. Et pas très bien, dit-elle.
- Liv adore le dessin, elle a un talent fou.
- Elle pourrait dessiner tes prochains tatouages, il reste encore un peu de place.
- J'aimerai, mais elle n'ose pas encore.
- Qui les a fait ceux que tu as déjà ?
- Moi, dit-il en la regardant. Je dessine aussi, parfois. Et c'est ma sœur, Audrey, qui est tatoueuse.
- Talent familial, la classe, constata Alice en roulant sur le dos.
Il se rapprocha jusqu'à poser sa tête sur son ventre et entendit des gargouillis. Elle se mit à rire en devinant qu'il l'avait remarqué. Il resta la tête posé sur elle tout en se tournant pour la regarder.
- Tu as faim ou c'est la douce mélodie de la digestion ?
- J'ai tellement faim, mais je voulais pas bouger, dit-elle en cachant son visage dans son coude.
- Bouge pas, je ramène tout ce qu'il faut, dit-il en sortant du lit.
Cette fois c'était son téléphone à elle qui sonnait. Myriam lui demandait comment elle allait. Il n'y avait jamais plus sincère et concerné que les « ça va » de Myriam. Alice répondit aussitôt pour ne pas laisser son amie attendre.
- Très bien, promis.
Et puis elle reposa le téléphone sur le sol près du lit avant de se lever pour voir ce qu'il préparait. Chaque fois qu'il avait cuisiné pour elle il avait adapté les plats pour qu'ils respectent son végétarisme. Mais elle avait vu de la viande dans son frigo, donc il ne suivait pas toujours ce régime.
- Tu sais que tu peux manger ce que tu veux avec moi, je vais pas te juger, dit-elle.
- Ça me va de manger comme toi, je m'adapte.
Elle se rapprochait de lui avec l'intention de passer ses mains dans son dos quand la porte d'entrée s'ouvrit violemment sur une petite bourrasque aux cheveux roses qui se figea en réalisant qu'Alice était là. Dans sa colère elle avait oublié.
- Pardon, dit-elle en commençant à pleurer.
- Liv, qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Adam tout en laissant Alice se cacher un peu derrière lui.
Elle ne portait qu'un t-shirt court sur sa culotte.
- Je peux rester dans ma chambre ? Je veux pas retourner chez maman, plus jamais ! Je ferai pas de bruit pour pas vous déranger.
- Dis moi ce qu'il se passe au moins ?
Cette fois il avançait vers elle en voyant ses larmes s'intensifier. Alice se dépêcha de récupérer son sac et de s'enfermer dans la salle de bain pour s'habiller. Liv avait du mal à maîtriser son débit de paroles tellement elle était en rage. Déjà qu'elle était blessée, maintenant elle se sentait mal d'avoir interrompu le week-end de son père.
Et quand elle entendit la sonnerie de l'interphone elle courut vers l'échelle pour se cacher dans sa chambre.
Adam entendit la voix de Laura, énervée, lui demander si Liv était bien rentrée chez lui. Il chercha Alice du regard sans la trouver en hésitant à laisser son ex monter.
- Laisse la dehors, je veux pas la voir, cria Liv depuis l'étage.
Mais il entendit trois coups puissants sur la porte alors qu'il n'avait pas déverrouiller l'entrée du bâtiment.
- Comment t'es entrée ?
- J'ai les clés, je suis la propriétaire, tu te souviens ?
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Laisse moi lui parler, elle est dans sa chambre ?
- Elle veut pas te voir, dit-il en essayant de faire barrage.
Elle remarqua qu'il ne portait qu'un bas de jogging comme s'il venait de se lever. Mais deux assiettes étaient posées sur le plan de travail. Deux verres dans l'évier.
- Liv, descends s'il te plaît, dit-elle fermement en cherchant si l'intruse était encore là.
- Non !
- Dis lui de descendre, c'est encore mon jour de garde, elle n'est pas censée être chez toi avant demain.
- Tu oublie que c'est un arrangement entre nous, c'est écrit nulle part ok, alors si elle veut être ici, elle reste ici. Maintenant dis moi pourquoi ma fille est dans cet état ?
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Celle qu'il aime
RomanceÇa ne devait durer qu'une seule nuit... (Note de l'auteur : le résumé de la flemme, mais viens c'est cool !)