Celle qu'il aime

Chapitre 12

Janvier

Alice était assise sur une des machines à laver de la laverie 24h/24 de son quartier. Il était pas loin de minuit mais elle attendait encore la fin du cycle pour transférer son linge dans un sèche-linge. Elle lisait distraitement un magasine abandonné là quand son téléphone sonna. Elle ne connaissait pas le numéro.

- 99, dit-il alors qu'elle devinait son sourire. Il fallait que ce soit le 99 ?

Elle rit en reposant le magasine à côté d'elle.

- Adam en prononçant le M, t'en a mis du temps.

- Tu l'as fait exprès, tu savais que j'essaierai toutes les possibilités avant d'arriver à la dernière ?

- Je pensais que tu laisserais tomber, dit-elle.

- Eh bien, ça m'aura pris deux semaines pour compléter ton numéro mais tu vois, je t'ai retrouvée.

- J'ai failli attendre.

- Tu sais que j'ai eu la pire conversation de ma vie avec un certain Raymond, passionné du déterrage de Blaireaux, je vais plus jamais fermer les yeux sereinement maintenant.

- C'était le numéro combien ? s'amusa-t-elle.

- Je sais plus, 18 je crois.

Elle remarqua que la machine avait fini de tourner mais ne bougea pas de sa place.

- Et maintenant ? dit-elle en sentant son cœur palpiter.

- J'ai très envie de te voir...

Pourquoi ça lui plaisait à ce point de l'entendre ?

- Comment va ton visage ?

- Tu veux le voir ?

- Ce soir ?

- Je veux pas que tu crois que...c'est pas.

- Je suis à la laverie, mais je suis loin de chez toi.

- Donne moi l'adresse, je t'y rejoins.

Elle avait accepté sans même se soucier de son apparence. Et maintenant elle se regardait dans la vitre en flippant un peu. Elle portait presque un pyjama, vu qu'elle avait dormi comme ça toute la journée. Il ne l'avait vue qu'au top à chaque fois, il allait avoir du mal à s'y faire.

Pourtant quand il s'arrêta en face d'elle de l'autre côté de la vitre, elle ne vit aucune différence dans son regard. Il avait simplement l'air heureux. Elle ouvrit la porte pour le laisser entrer, frissonnant en sentant le vent froid l'atteindre.

- Hey, dit-elle quand il s'arrêta tout près.

- Hey, souffla Adam en réponse avant de l'embrasser.

Elle avait du mal à s'arrêter de sourire, il embrassait presque que ses dents mais il continuait.

- Bonne année, dit-il en se rappelant qu'ils ne se l'étaient jamais dit même s'ils s'étaient vus après minuit cette nuit là.

Ce qui l'amusait encore plus, il sentit les vibrations de son corps contre le sien.

- Bonne année à toi aussi.

- Tu n'as pas de machine à laver ?

Il regardait autour d'eux en constatant seulement maintenant qu'ils étaient seuls.

- Si, mais il faut que je la pousse jusqu'à la salle de bain et j'ai la flemme.

- Tu viens d'emménager ?

- Non, j'habite dans cet appart depuis septembre, avoua-t-elle en se rasseyant sur la machine à laver.

- Et tu n'as pas trouvé le courage depuis septembre ?

- Je suis pas très courageuse comme femme. Et puis elle est plus forte que moi.

Adam se rapprocha jusqu'à s'appuyer contre la machine à laver, entre ses jambes. Elle caressa son visage là où se trouvait sa nouvelle cicatrice toute rose.

- J'ai essayé de te rejoindre mais la barmaid...

- Je t'ai cherché avant de partir me faire recoudre.

- Myriam se sentait mal, elle avait trop bu, on est parties juste après.

Même si elle était heureuse de le voir elle n'arrivait pas à se défaire de cette boule d'angoisse au creux de son ventre. Elle ne se posait jamais cette question, mais ce soir si. Elle avait envie de savoir ce qu'il voulait d'elle.

- Je peux pas rester, souffla-t-il alors qu'il ne voulait que ça. Liv est chez moi avec ma sœur, j'ai promis de pas être long.

- T'as traversé la moitié de la ville en pleine nuit et en plein hiver pour venir me voir juste 5 minutes ?

- Ça valait le coup, promit-il en l'embrassant encore.

C'était une réponse ça, non ?