Chapitre 37

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Juillet


Ils étaient sortis rejoindre Myriam pour sa soirée d'anniversaire. Assis autour de la table réservée pour l'occasion dans l'établissement de son beau serveur qui n'était pas de service aujourd'hui, mais assis à ses côtés, tout le monde entonnaient la chanson « Happy birthday to you » pour accueillir le grand gâteau qui arrivait sur la table. Myriam se leva pour souffler ses 28 bougies en s'y reprenant plusieurs fois sans perdre son magnifique sourire.

Alors que chacun parlait avec son ou ses voisins de table, Alice tendit un petit paquet à sa meilleure amie par dessus ce qu'il restait du gâteau. Myriam le prit en la remerciant avec ses yeux pétillants et entreprit de l'ouvrir aussitôt pour découvrir son contenu. C'était un petit bracelet en or jaune avec un soleil. Elle leva les yeux vers Alice qui posa sa main sur son cœur en se penchant sur la table pour lui crier, par dessus le bruit ambiant :


- Parce que tu es le petit soleil de ma vie, elle faisait exprès de le dire avec une moue mignonne pour l'amuser.


Mais c'était vrai. Depuis toutes ces années, depuis avant et après, elle avait si souvent était sa lumière au bout du tunnel.


- J'ai fini par faire de toi une vraie romantique, même en amitié, lui rendit Myriam en sachant qu'Adam les entendaient.


Alice le regarda en sachant qu'il allait rire de cette réplique. Il ne manquerait pas l'occasion de la charrier. Elle n'aimait pas qu'on lui rappelle combien elle était mordue. Même si elle adorait l'être. Alice se leva pour faire le tour de la table et venir attacher le bijou autour du poignet de son amie. Et quand celle-ci se détourna pour montrer son cadeau à son copain, Alice lança un regard complice à Adam avant de lui faire un signe de tête pour l'inviter à la suivre. Elle avait besoin d'une pause juste avec lui. Elle le voulait pour elle toute seule au moins cinq petites minutes.

Laura était là elle aussi, elle les regarda se rejoindre et se diriger vers la sortie en se tenant la main. Et pour une fois, parce qu'elle n'était plus si paumée que ça finalement, elle sourit en les voyant faire.

Dehors, elle retrouva le goût de la fraise et de la crème du gâteau sur ses lèvres alors qu'il lui faisait quitter terre pour la serrer dans ses bras. Quand il la reposa au sol, il frotta ses épaules en la voyant les remonter en serrant ses coudes contre elle comme si elle avait froid. Elle se blottit contre lui avant de lui demander quelque chose à propos de ce qui ne quittait plus ses pensées depuis qu'elle l'avait entendu.


- Tu te souviens à la boutique tu as dit un truc comme quoi il faut apprendre à écouter pour comprendre au lieu d'écouter pour répondre ? elle sentit qu'il posait son menton sur sa tête alors qu'elle collait sa joue à son cœur.

- Oui, dit-il seulement.

- Où est-ce que tu as entendu ça ?


Il se pencha en arrière pour la regarder.


- Pourquoi ?

- Toi d'abord, dit-elle en le regardant aussi.

- C'était un truc que disait ma prof de français au collège.

- Parle moi d'elle.


Il regarda devant lui, dans le vague en se souvenant de tout ce qu'il gardait de ses rencontres avec cette enseignante. C'était loin, pourquoi voulait-elle en parler ?


- J'étais pas un bon élève, j'aimais pas l'école, je passais mon temps à dessiner sur mes cahiers parce que je m'ennuyais en cours. Les profs s'en foutaient un peu, j'étais juste un gamin flemmard de plus pour eux. Mais ma prof de français s'en foutait pas elle. Comme ma mère finissait tard le soir et qu'elle pouvait pas venir me chercher avant 18 ou 19 heures, je m'installais dans le Macdonald en face du collège pour l'attendre. Ma prof venait avec sa fille pour la laisser jouer dans les toboggans et elle s'installait avec moi pour m'aider à faire mes devoirs.


Elle restait blottie contre lui à savourer les vibrations de sa voix qu'elle ressentait dans tout son corps, et elle guérissait.


- J'aimais bien passer du temps avec elle. Elle ne me faisait pas me sentir idiot quand je comprenais rien, elle prenait du temps pour moi alors que ses journées étaient finies. Elle était pas obligée tu vois...


Il frottait son dos en se souvenant de cette période avec tendresse. Cette femme l'avait marqué.


- Elle a fait ça presque tous les jours, une heure au moins à chaque fois, pendant mes deux premières années de collège, je crois que sans elle j'aurais redoublé toutes les classes.


Même s'il aimait se souvenir d'elle, il n'aimait pas la fin de son histoire.


- On s'est complètement perdus de vue quand je suis entré au lycée et pas longtemps après j'ai eu Liv, mais je sais que parfois elle prenait de mes nouvelles quand elle croisait ma mère. C'était vraiment quelqu'un de bienveillant. Je m'en veux d'être jamais revenu la voir. Je me demande si elle travaille toujours là bas...


Elle sentit qu'il la serrait un peu plus fort.


- Sa fille me parlait jamais, elle me regardait travailler sur mes devoirs des fois en mangeant ses frites et puis si je levais la tête pour la regarder elle partait en courant...


Il souffla du nez, un sourire en coin, en se souvenant de son attitude sauvage. Et quand il voulu regarder à nouveau Alice, elle pleurait en silence. 

Celle qu'il aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant