Mai
Myriam était assise sur un coussin devant la table basse dans le salon de sa meilleure amie. Voilà presque 2 heures qu'elle découpait avec précision les dessins de fleurs qu'Alice enchaînait avec concentration. Le papier était épais, Alice voulait qu'elles durent le plus longtemps possible malgré les changement de météo. C'est pour ça que Myriam avait ramené sa plastifieuse avec elle.
- Tu veux que je vienne avec toi demain ? lança-t-elle en passant la première fleur dans la machine.
- Non, je peux le faire toute seule, répondit Alice en ramassant toutes les chutes de papier.
- Mais t'es pas obligée...
- Je sais, elle lui offrit un sourire reconnaissant.
Elle voulait y aller seule. Il était temps.
...
C'était le 10ème anniversaire du pire jour de son existence.
Alice s'était agenouillée devant sa pierre tombale et avait commencé à la nettoyer. Elle commença à arracher les herbes envahissantes qui s'accrochaient à la pierre et finit par brosser la mousse accumulée. Quand elle eut terminé, elle plaça son bouquet de papier dans l'anneau de métal accroché à la façade qui était resté longtemps vide. Et un autre, bien réel, plein de fleurs blanches, dans un vase qu'elle avait ramené exprès.
Et puis elle se releva, balayant la poussière sur ses genoux.
Personne ne venait jamais la voir en dehors de sa fille. Car personne n'était la pour la pleurer à part elle. Comme Alice, sa mère avait été si seule, tellement seule.
Elle ne saurait pas dire depuis quand elle pleurait, elle ne s'en était pas rendu compte. Maintenant qu'elle ne savait même plus lire son nom sur la pierre, elle tirait sur sa manche pour essuyer son visage.
Le plus difficile parfois c'était d'avoir tellement, tellement de choses à lui dire. Mais plus personne pour l'entendre.
Elle lui avait donné le goût de vivre, peut-être qu'elle en avait trop donné. Peut-être qu'à cause de ça, quand elle en a eu besoin, elle n'en n'avait plus pour elle-même. Alice n'arrivait toujours pas à comprendre. Elle ne comprendrait jamais.
Si seulement elle avait tenu un jour de plus.
La plupart des gens vivent comme ça finalement. Un jour de plus, tous les jours.
Ça a peut-être l'air triste mais c'est de l'espoir.
Alors c'est beau aussi.
Alice fixait son nom gravé et laissa ses pensées s'envoler vers elle.
Tu me manques.
Je voudrais te parler de ma vie.
Je vis en ce moment, maman.
Et c'est incroyable.
Je suis tombée amoureuse.
De lui.
Du matin.
De la nuit.
Parfois j'ai plus peur du vide.
Parfois j'ai envie de plonger dedans.
Mais je remplis l'espace.
Dans ma vie, mon esprit.
Mon cœur.
Il faut que je lui dise ce que tu as fait, ce que ça m'a fait.
J'ai tellement de choses à lui dire...
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Celle qu'il aime
RomanceÇa ne devait durer qu'une seule nuit... (Note de l'auteur : le résumé de la flemme, mais viens c'est cool !)