Mafia la Rose des Vents

Chapitre 17 - William

    Ma nuit fut relativement calme et pas une seule fois je n'ai été réveillé par des cauchemars. Apaisé et surtout reposé de ma première vraie nuit depuis plusieurs mois, je descends de bonne humeur dans la cuisine. Comme d'habitude, personne n'est levé alors que l'horloge indique bientôt deux heures de l'après-midi. Je mange mon petit déjeuner sur la terrasse et envoie un message à mes collègues au bureau du FBI. Tout a l'air tranquille de leur côté, ils se débrouillent bien.

   Le soleil haut dans le ciel, le jardin, et surtout cette villa me fait penser aux vacances que je passais avec ma famille. Tous les quatre, mes parents, ma sœur Joyce et moi nous aimions beaucoup venir ici. Nos parents ont un travail qui leur demande beaucoup de temps, mais ils prenaient toujours deux semaines de vacances pour les passés ici avec nous.

   Les meilleurs souvenirs que j'ai sont là. Comme une fois où Joyce et moi avions décidé de faire une immense cabane dans le salon. Ou lorsque mon père avait fait une farce à ma mère en remplaçant son shampoing par de la teinture bleu, elle était tellement en colère qu'il avait dû lui supplier de le pardonner. Ou encore la fois où j'avais accidentellement noyé les poupées de ma sœur dans la piscine en jouant au ballon.

   Cette maison me rappelle aussi l'absence de Joyce. Elle est morte il y a bientôt deux ans, dans des circonstances qui me sont encore étrangères. Ma sœur était en train d'effectuer une mission d'infiltration et du peu que l'on a pu savoir, son contact l'a trahi. Elle s'est fait démasquer et tuer par les personnes qu'elle espionnait. J'ai eu beau chercher plus d'informations, plus de détails, les services du FBI n'en savaient pas plus que nous.

   Certains disent que c'est un coup à pas de chance, d'autres encore osent dire que c'est de sa faute. Mais je connais ma grande sœur et jamais elle ne se serait fait avoir de cette manière. J'en ai d'abord voulu à mes parents, les fidèles membres du FBI. Depuis des générations notre famille se voue au bureau, chaque enfant est destiné à y travailler pour perpétuer cette tradition familiale. Nous sommes reconnus en tant qu'une des familles ayant les meilleurs agents du FBI.

   J'étais prêt à suivre cette voie que nos parents avaient choisie pour nous, mais Joyce rêvait d'autre chose. Elle voulait être archéologue et découvrir les secrets du passé encore inconnu au monde. J'avais essayé de convaincre mes parents de la laisser vivre ses rêves, mais leur devoir de suivre la tradition était plus fort, et selon eux dépassait les propres espoirs de leur fille. Sans eux, elle aurait pu vivre son rêve et ne pas mourir à cause d'une mission. Depuis sa mort, je n'adresse plus la parole à mes parents sauf lorsque cela s'avère nécessaire. Travaillé dans la même agence m'abstient néanmoins de les croiser chaque jour.

   Ma volonté de faire honneur à Joyce dépasse la tristesse et la peine que j'ai de son absence. Pourtant dès que j'ai un moment où je ne pense plus au travail, ce qui arrive moins souvent que ce que l'on pourrait imaginer, la nostalgie m'emporte et je ne cesse de songer à ma grande sœur.

   Etant toujours dans mes pensées, je n'ai pas perçu les pas d'Alexandra me rejoignant pour le petit déjeuner.

-    Alors beau brun, tu penses déjà au boulot ?

-    Bonjour à toi aussi Alex

-    Oui bonjour Will, mais tu n'as pas répondu à ma question

-    Je n'ai pas que mon boulot dans la vie tu sais. J'ai des passions, des envies...

-    Et un réel plaisir de travailler, me coupe Alex affligé par cette vérité. Ce qui en principe n'est pas quelque chose de condamnable, mais dans ton cas ça devrait l'être

-    En quoi être impliqué à ce point dans ce que je fais au bureau est une faute selon toi ?

-    Eh bien, lorsque tu n'aurais plus l'âge ou les capacités pour être sur le terrain, ou même dans les bureaux, que te restera-t-il ?