Chapitre 36 - William

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   Arrivant à l'hôpital, je demande à la dame de l'accueil où se trouvent les patients de l'incendie de samedi soir. Ce n'est que lorsqu'elle voit mon insigne qu'elle nous indique le troisième étage.

   On monte et cherche un médecin dans l'aile où sont soignés les blessés à interroger. C'est au bout d'un couloir que je reconnais le médecin qui avait pris en charge Elena.

   On s'avance et salue le docteur, il se souvient de nous et nous demande la raison de notre venue. L'informant de la situation ils nous expliquent que l'état inquiétant de certains patients risque de nous compliqué la tâche.

   Une infirmière me demande de la suivre et m'emmène près des chambres stériles. Elle m'explique que si nous devons interroger ces personnes il absolument demander de l'aide pour enfiler des tenues spéciales et que l'on nous explique le protocole à respecter.

   Je reviens ensuite vers mes collègues qui se sont retournés pour observer quelqu'un. Je m'approche et vois Elena accompagnée de son garde du corps et de ses amis. Tous vêtus de costumes noirs, ils détonnent dans le blanc et le bleu de l'hôpital.

   Au cours de la conversation avec Elena qui ne veut pas que l'on interroge ses amis, je concède à ce qu'elle vienne avec nous. Ce n'est pas une décision qui me ravit mais je veux lui prouver que nous n'allons pas malmener ses proches.

   Le premier interrogatoire se passe plutôt bien, si on oublie la méfiance maladive de l'homme que l'on questionne et la froideur de sa femme. A cet instant précis je n'ai pas l'impression d'être le représentant de la loi mais un bandit qui offre ses services.

   On ressort satisfait et Elena se dirige vers la seconde chambre. Je la retiens par le bras et essaye de lui faire comprendre que sa présence bien que discrète empêche peut-être les patients de se confier par peur de dire une bêtise.

   Fidèle à elle-même Elena me fait comprendre que sans elle on n'arrivera à rien. Ses arguments sont bons, mais je préfère la pratique aux hypothèses, alors j'entre avec Matt sans elle.

   Cette fois-ci ce n'est pas un homme qui est alité mais une femme. Blessé aux bras et aux jambes seul son visage a été épargné. Ses cheveux roux et ses yeux verts contrastent avec le blanc de l'hôpital.

   Plutôt menue, les attelles et plâtres qu'elle porte l'empêchement de faire le moindre mouvement à notre approche. L'homme à ses côtés est à peine plus âgé que nous et nous jette un regard froid. Ses yeux marron nous fixent et ne nous lâchent pas. Coiffé court, ses cheveux noirs nous laissent voir les tatouages qui ornent une partie de son cou.

   Pas un seul mot n'est échangé depuis notre entrée, alors je décide de faire le premier pas.

-    Bonjour monsieur et madame Palmer, je suis William Whitemore et voici mon collègue Matt Cooper. Nous venons vous interroger sur l'incident de samedi soir

-    Bonjour, répond la femme, qu'est-ce que vous voulez que l'on vous dise ?

-    Pouvez-vous nous raconter ce qui s'est passé ce soir-là ? interroge Matt

-    Je pense que vous en savez plus que nous, déclare monsieur Palmer peu ouvert à répondre aux questions

-    Pouvez-vous nous dire où vous étiez lors de l'attaque ? tentai-je

-    Je ne me rappelle de rien à part la chaleur et la fumer. Si vous avez lu mon dossier vous savez que j'ai reçu un gros coup à la tête qui trouble énormément mes souvenirs de cette soirée

-    Alors avez-vous quelque chose que vous voulez nous dire ?

-    Non, réplique-t-elle avec fermeté, et j'aimerai me reposer alors veuillez sortir s'il vous plait

   Je regarde Matt et il est aussi frustré que moi d'avoir aussi peu de réponse. Nous sortons de la chambre en souhaitant un bon rétablissement à madame Palmer. Voir nos mines insatisfaites à l'air de ravir Elena qui sourit victorieuse. Elle s'approche de nous et déclare :

-    Avez-vous eux les réponses que vous attendiez ? Ou alors, vous êtes-vous pris des regards peu avenants et des réponses brèves ?

-    Je dois bien admettre que cette discussion était plus exhaustive et moins courtoise que la précédente, avoue Matt

-    Je confirme que votre présence est utile et indéniable pour cette enquête, approuvai-je. Alors je concède à vous laisser assisté à celle-là et aux suivantes

-    Bien. Il est préférable de ne pas redéranger mes amis tout de suite si vous voulez en obtenir quelque chose

   Elena se dirige vers la chambre suivante et nous continuons ainsi. Elle nous présente et à chaque fois nous écopons de regard aussi froid et haineux que possible. Cependant fort est de constater que sa présence les rassure, ils s'ouvrent à nous et répondent sans trop d'hésitation à nos questions.

   La matinée file à une vitesse affolante. Certains patients prennent plus de temps à se souvenir et pour d'autres c'est un exercice difficile qui ravive des douleurs qui ne souhaitent pas ressentir.

   Nous ne nous pressons pas et prenons le temps avec chaque famille, puisque très souvent les patients ne sont pas seuls. L'heure de midi sonne et je décide que l'on arrête là.

   Vagabonder dans l'hôpital et surtout attendre debout sans bouger pendant de longues minutes est plus fatigant qu'il n'y paraît. En sortant de chambre je vois Elena avoir les lèvres crispées et se diriger vers une infirmière.

   Celle-ci lui apporte une bande et un verre d'eau. Elena la remercie et je la vois revenir vers nous en rangeant ce que lui avait donné l'infirmière.

-    On continue ? demande Elena

-    Je pense qu'il faudrait mieux faire une pause, il est midi et ils vont tous manger leur repas, déclarai-je

-    On se retrouve dans une heure alors ? propose Elena

-    Ça me va, répond Matt

   Elena se retourne et part en direction des chambres, tandis qu'avec Matt nous redescendons au rez-de-chaussée puis sortons de l'hôpital pour retrouver nos amis.

-    Alors ? nous interpelle Alex en nous voyant sortir. Vous avez trouvé quelque chose d'intéressant ?

-    Ils racontent plus ou moins la même chose à quelques détails près puisqu'ils n'étaient pas aux mêmes endroits, raconte Matt

-    Ils nous restent quelques chambres avec les cas les plus compliqués, expliquai-je, alors je doute que nous en tirions quelque chose mais il faut que l'on tente. Et vous ? Le bureau a appelé ?

-    Oui, la scientifique et les analystes ont envoyé leurs rapports alors il fallait que l'on soit dans l'enceinte pour les consulter, dit Lucas

-    Leurs constats sont étonnants, comme tout depuis le début de cette affaire, confie Aiden. Il déclare que le feu de l'immeuble est accidentel, que les bombes placées autour du manoir ne proviennent d'aucune entreprise connue

-    Ils disent aussi qu'ils auront du mal à identifier l'origine des composants puisqu'ils sont couramment utilisés dans le commerce des armes, continue Antoni. Si on résume leur rapport est aussi utile que s'il n'existait pas

  Ce constat amer est aussi frustrant que le reste des nouvelles autour de cette affaire.

-    Ont-ils fini d'analyser les corps des quinze victimes ? demandai-je

-    Non, mais les premiers rapports d'autopsie révèlent que la mort provient des explosions. Ils ont pour la plupart été tués sur le coup, révèle Alexandra. Que ce soit à cause du souffle, du feu ou des fragments de bombes qui ont touché des organes vitaux, rien d'autre ne peut justifier leurs morts

-    Les corps seront rendus aux familles bientôt ? demande Matt

-    Dans le courant de la semaine, répond-elle

   Je décide que l'on s'éloigne un peu de l'hôpital et nous dérivons sur un sujet plus léger puisque nous avions tous fini de rapporter nos conclusions.

   La pause du midi fut rapide et avec Matt nous avons dû retourner à assez vite à l'hôpital pour continuer les interrogatoires avant l'heure de fin des visites.

Mafia la Rose des VentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant