chapter twelve

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J'aimais regarder le plafond, ça me rapprochait du néant. Comme si ce bout de mur m'empêchait d'avancer, et j'aimais cette sensation.

Depuis le décès de Donghyun, tout était allé tellement vite. Tout s'était chamboulé d'une allure si rapide. Je n'avais pas tout de suite compris que j'étais entrain de passer du tout au rien.

Depuis le décès de Donghyun, je me suis demandé quand est-ce que je pourrais pleurer sa mort. J'ai pleuré ce soir là, parce que mon géniteur était entré dans sa chambre. J'ai pleuré parce qu'il l'a encore frappé comme si ce n'était qu'un objet sans valeur. Mais depuis, plus rien. Rien ne mouillait mes yeux bruns. Je n'avais plus versé une seule larme.

Ma mère me disait souvent que je n'étais qu'un pleurnichard dès que quelque chose ne se passait pas comme je le souhaitais. Le problème était que rien ne se passait comme je le souhaitais, alors je pleurais souvent. Je pensais avoir hérité ce trait de ma mère.
Lors de la procédure pour le procès, ma mère m'avait demandé si je me sentais bien, parce que je ne pleurais pas. J'avais dit que je ne savais pas.

Honnêtement, je ne le savais vraiment pas. Je ne savais pas si j'étais meurtri ou tout simplement devenu un trou noir, un néant. Je n'étais absolument plus rien.

Je ne pensais pas pouvoir décrire à quel point Donghyun était mon tout, à quel point c'était le seul à m'avoir toujours aidé, à m'avoir toujours soutenu, à m'avoir toujours accepté. C'était le seul à m'avoir toujours aimé. Je n'envisageais simplement pas le perdre à un âge si précoce.

Je me rappelais, après avoir passé la nuit entière au commissariat, avoir pris tout l'argent que j'avais dans mes poches et être parti acheter le plus de malbouffe possible. Chips, bonbons, Brugers, gâteaux, glaces, chocolat... Bref, un réel festin.
J'étais parti près du fleuve, les sacs remplis, et je me suis mis à manger jusqu'à ce qu'il ne restait plus rien. J'ai toujours aimé manger, mais à ce moment là, je ne mangeais pas par plaisir gustatif. Je mangeais parce que je voulais ressentir ce plaisir, je voulais ressentir un bien-être. Je voulais me sentir vivant, après avoir passé la pire nuit de ma vie.
J'ai mangé en regardant la mer, les yeux vides, la tête pleine, la gorge nouée. Ma main était tel une machine industrielle, qui répétait le même geste jusqu'à ma bouche.
Je ne savais pas si j'ai ressenti un quelconque bien-être ce jour-là. Mais je sais que depuis, pour essayer ressentir quelque chose, je me laissais consoler par la nourriture surconsommée. Pour être honnête, je savais que ce n'était pas bien, mais je n'arrivais plus à m'arrêter. La nourriture était devenue mon seul réconfort.

Donghyun n'aurait pas été fier de moi en me voyant. Il n'aurait même pas compris comment j'ai pu tourner ainsi. Moi, son petit frère, son petit rayon de soleil. J'étais devenu la pluie. Celle que peu aime, si ce n'est que les mélancoliques, disait-il.

Je me rappelais ses paroles si enjoué après m'avoir dit qu'il quittait la maison familiale. J'ai été tellement heureux pour lui, mais, j'ai aussi eu peur pour moi même.
J'ai tellement eu peur de le perdre, surtout après avoir appris qu'il emménageait avec Taeyong.

Taeyong et Donghyun s'étaient rencontrés lors du travail d'été que mon frère s'était procuré. Donghyun était réceptionniste dans un hôtel de la ville d'à côté, et Taeyong, y séjournait.
La chaleur d'été, l'ambiance qu'avait installé les vacances, la joie, les sourires, bref. Un scénario idyllique pour mon frère amoureux de l'amour. Donghyun était souvent amoureux. Il aimait aimer les autres, mais n'a jamais franchi le pas d'être aimer en retour. Ce sentiment d'euphorie lorsqu'on tombe amoureux, était la plus douce des sensations, voulait il me convaincre.
Taeyong l'a aimé en retour.
Taeyong aimait énormément Donghyun. On pouvait le remarquer à une centaine de kilomètres. Et puis, de toutes façons, qui n'aimerait pas Donghyun ?

J'ai tout de suite trouvé Taeyong et Donghyun joliment mignons. La réciprocité de leurs sentiments était tellement flagrante que je ne pouvais que ne pas m'inquiéter sur leur avenir ensemble.

Donghyun aimait Taeyong à la folie.
Mais cela m'avait finalement rendu triste, parce que Donghyun a fini par passer énormément plus de temps avec Taeyong. Il était tellement heureux de le voir qu'on aurait dit que ce n'était plus que lui et Taeyong.
J'avais peur de ne plus être sa personne favorite. Je pensais alors que je ne l'étais plus du tout.
Je savais que Donghyun ne nous aimaient pas de la même manière, mais, je ne voulais pas le qu'il m'oublie. Alors je me suis mis à jalouser Taeyong, parce qu'il m'avait voler mon frère. Et pourtant, je savais que Taeyong était une bonne personne.

Je sentais une compétition entre lui et moi, et je l'avait installé tout seul. Sans doute parce que Donghyun l'a toujours préférer à moi. Je ne voulais peut-être pas que mon frère ait un endroit qu'il appelait maison et qui n'était pas là notre. J'ai toujours pensé que c'était lui et moi contre le monde, mais lorsqu'il a rencontré taeyong, je j'eus l'impression de n'être qu'un lointain souvenir. Il avait ce sourire sincère qu'il n'aura jamais à la maison...

Et pourtant Taeyong a toujours été si gentil avec moi, mais je ne pouvais pas m'empêcher de le détester pour m'avoir voler la seule personne qui a toujours compter pour moi. C'était plus fort que moi. Parce que je le savais, au final, que Donghyun était bien mieux loin de notre famille. Je savais qu'il était bien mieux avec Taeyong.
Parce qu'il aimait Taeyong à la folie.


Je ne pensais pas que cet homme aurait pu faire cesser le cœur de Donghyun. Je l'en pensais incapable.
Je ne pense pas qu'il s'en pensait capable non plus. Tout comme moi, je le savais, mon géniteur était jaloux de Taeyong. Parce qu'il avait donner à Donghyun le goût de la liberté. Et que, cet homme, aimait être craint et qu'on vive pour lui.
Cet homme était obsédé par Donghyun, sans exagération. Donghyun était son pantin préféré dans la famille, alors il ne voulait pas que sa pièce maîtresse s'échappe. Voir Donghyun heureux le rendait malade. Il pensa sûrement que s'il n'avait pas Donghyun pour lui, personne d'autre de devrait l'avoir. Ces excuses homophobes ou je ne sais quel calomnie inventé par ce mythomane, étaient évidemment fausses. Mon géniteur était obsédé par Donghyun de la façon la plus malsaine qui soit.
Et je le détestais tellement pour cela.

Enfin bref. je ne voulais plus cogiter sur cela. Le passé avait déjà assez ravagé mes pensées. Le plafond blanc n'était pas si efficace que ce que je pensais.

FORELSKET  ★ MarkHyuck Où les histoires vivent. Découvrez maintenant