chapter nineteen

78 7 0
                                    

Taeyong m'avait envoyé un message ce matin. Il demandait de mes nouvelles, et me proposait de le rencontrer dans ce café, comme d'habitude. Je n'avais pas envie. Enfin, je n'avais pas la force. Je n'étais pas en forme. J'avais mal. Et je me suis excusé en lui expliquant que j'étais malade.

Tout tournait dans ma tête. Je n'avais pas envie de me répéter. Je n'avais pas envie de tout répéter de nouveau.

J'ai voulu sortir.

J'ai voulu prendre l'air, peut-être, m'aérer l'esprit, appeler Renjun, venir à ce rendez-vous, me rendre dans un parc, rencontrer un ami, marcher dans les rues avec la musique dans mes casques, prendre un café, ou ne serait-ce que sortir de mon lit.

J'aurais voulu sortir.

Je ne me comprenais plus, honnêtement.
Je ne comprenais rien de ma personne. Qu'est-ce qu'il m'était arrivé ?
J'aurais tellement aimé redevenir le Donghyuck d'avant.

Celui bondé d'émotions et de sentiments. Même si j'étais souvent envieux, je préférais ressentir cela plutôt que du vide.
J'avais cette joie de vivre. J'aimais beaucoup aller au lycée. J'aimais beaucoup prendre le petit-déjeuner avec ma mère et mon frère. J'aimais beaucoup écrire, lire, jouer de la guitare, les fêtes, mes amis, regarder le ciel et les étoiles la nuit, faire des gâteaux, chanter à tue-tête, explorer cette petite ville avec Renjun, aller à la plage ou je ne sais pas...

J'aimais les choses que me donnaient le sourire.
Donghyun m'avait toujours dit que j'avais un joli sourire et qu'il fallait que je le montre plus souvent au lieu de pleurer. Alors je le faisais. Je le faisais aussi parce que j'aimais que Donghyun soit fier de moi.

Je n'avais plus de raison de sourire. À part pour Renjun.
Taeyong avait surligné ce fait, il y a quelques temps. Que mon visage avait fané.
Comme si je n'étais pas au courant. Mais je m'étais contenté d'hocher la tête en plaçant un sourire amère sur mes lèvres.

Et puis, je n'avais aucune envie de parler de cela avec Taeyong. Il m'aurait réconforté, comme un hypocrite. Comme si lui même ne souffrait pas. Il m'aurait regardé avec cette pitié qu'il aimait tant me montrer.
Des fois je me demandais à quoi ressemblait Taeyong lorsqu'il n'en pouvait plus, de toute cette fausseté.
Pleurait-il ? S'énervait-il contre le monde ? Devenait-il irritable ? Devenait-il imprévisible ?
Je n'en savais rien. Taeyong avait ce faux sourire plaqué au visage, comme un masque, tout le temps.
Comme si il croyait que j'allais y croire. Me prenait-il pour un ignorant ? Pensait-il que je ne vivais pas la même épreuve que lui ?

Enfin bref. Je me suis retrouvé allongé sur mon lit, passant le temps que j'avais à perdre sur les réseaux sociaux.
Je me suis aussi retrouvé allongé sur mon lit quand j'ai entendu sonner chez moi.

J'ai froncé les sourcils, en me demandant pourquoi diable Renjun venait chez moi sans me prévenir. Et puis j'ai passé un coup d'œil sur l'écran de mon téléphone. Midi trente-sept. Renjun devait être au travail, à cette heure ci.
J'ai alors soupiré. Si c'était le facteur, je lui dirais que la boîte aux lettres n'avait pas été inventé pour rien. -je ne lui dirais sûrement pas...-
Je me suis levé, le corps fatigué, puis je me suis rapidement vêtu d'un t-shirt qui traînait encore sur mon lit. J'ai marché jusqu'à la porte d'entrée en traînant des pieds, la tête baissée.

Et puis lorsque j'ai ouvert la porte, je l'ai vu.
En levant les yeux jusqu'à son visage, je l'ai vu.
En passant par ses chaussures blanches, qu'il portait toujours, son jean noir déchiré, sa ceinture qui centrait sa taille, son débardeur blanc rentré dans son pantalon, jusqu'à sa montre et sa chaîne au cou  en passant par ses multiples boucles d'oreilles qui les habillaient et ses cheveux ondulés un peu décoiffés.

En levant les yeux jusque son visage, j'ai aperçu ses lunettes dorées.

Je l'ai contemplé, dans ses yeux. Comme si j'avais vu l'aperçu d'une vague. Un vague que je ne saurais décrire.
Une vague d'émotions pleines et intenses.
Dans ses yeux, j'ai cru apercevoir le reflet d'une vague.

Je me suis approché, doucement, comme si j'essayais de voir plus en détail ce reflet. Je me suis approché un peu plus jusqu'à atterrir trop proche avec lui.
Mark ne bougeait pas, comme si il n'était qu'un rêve.

Je ne comprenais pas ce que j'étais entrain de faire. Je ne pensais plus.

Mais Mark n'était qu'un rêve inatteignable que moi, être lambdas, essayait d'atteindre.

Mes mains se sont lentement placés sur le haut de chacun de ses bras. Puis je les ai doucement fait glisser jusqu'à ses mains. Et je l'avais lâché. Ma tête avait aussi lâché lorsque j'ai posé la joue sur son épaule et ai, de mes mains, rapproché son corps du mien.

FORELSKET  ★ MarkHyuck Où les histoires vivent. Découvrez maintenant