Chapitre 9

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Léo me demande de le rejoindre au parc après les cours. Il ne me donne aucun détails. 

Je commence à paniquer. Qu'est ce qu'il va m'annoncer ? Il va rompre avec moi ? Il n'est plus amoureux ? Il a trouvé quelqu'un d'autre ? 

Je m'inquiète.

 S'il ne me dit rien c'est que ce n'est pas bon signe. Je crains le pire. 

Je l'attends sur notre banc impatient. Il déboule, le visage fermé

. Oh non, qu'est ce qu'il se passe ? Qu'est ce qui lui arrive ? 

J'ai peur, de ce qu'il va m'annoncer, j'ai peur que cela soit la fin de notre histoire. Il s'installe à mes côtés et fixe le sol déboussolé. 

Je décide de prendre les devants :

« Qu'est ce qu'il y a Léo ? Pourquoi tu es dans cet état ? Je le questionne d'une voix douce pour ne pas le brusquer.

Il plonge son regard plein de détresse dans le mien, et rétorque d'une voix cassé :

- Je l'ai fait Aloïs. Je leur ai dit...

Je comprends aussitôt qu'il a fait son comming out à ses parents ce qui explique son comportement. 

Je le serre dans mes bras, et essuie avec délicatesse une larme qui coule le long de sa joue. Il s'écroule dans mes bras et tremble, je resserre mon étreinte pour lui montrer que je ne le lâcherai pas. 

Que je suis là.

 Après de longues minutes, il se décale et ose prendre la parole pour me raconter comment cela s'est passé :

- J'ai fait ce que tu m'as dit. Je leur ai écrit un mot et leur ai donné. Mon père a crié, il m'a insulté de tous les noms et ma mère est restée muette comme une tombe, le visage impassible. Je suis resté planté debout, ne sachant pas quoi faire. Je voulais tenir tête à mon père, je te jure mais je n'ai pas réussi. Je n'ai pas trouvé la force de le faire. Ses yeux me lancaient des éclairs, j'ai essayé de lui faire face, j'ai essayé de lutter mais je n'ai pas réussi. Il est parti de la maison en claquant la porte, ma mère s'est effondrée en pleurant dans la cuisine. Je la consolais et les larmes continuaient de couler. Je l'ai aidé à s'installé dans son lit et j'ai attendu qu'elle s'endorme pour aller chercher mon père. Je savais qu'il était au bar comme à chaque fois où il se dispute avec ma mère sa seule solution est de dépenser son argent dans l'alcool. Je l'ai vu en compagnie d'une autre femme, il l'embrassait saoûl et la emmenait dans une autre salle pour la baiser. Je savais qu'il trompait ma mère c'était pas un secret mais cette fois-ci ce n'était pas ma mère le motif de son comportement mais moi. En le voyant j'avais une envie de lui casser la gueule je te jure mais je n'ai rien fait. Je ne suis pas rentré dans le bar pour intervenir. Je ne voulais pas aggraver la situation alors qu'elle était merdique. Je savais que révéler mon homosexualité allait foutre la merde mais je pensais que j'allais avoir les épaules assez solides pour supporter tout ça. Mais non, je suis un lâche, un bon à rien...» Termine t-il en craquant enfouissant son visage entre ses mains mort de honte.

Je le rassure comme je peux en utilisant les bons mots mais je sais qu'avec tous les efforts du monde cela n'effacera pas la souffrance qui l'habite du rejet de ses parents quand à son orientation sexuelle.

 Malheureusement parler cela ne fait pas que du bien comme on peut naïvement le penser, cela peut aussi foutre la merde. 

Dans mon cas, j'ai reçu du soutien en retour, cela m'a été bénéfique. Léo n'a pas eu cette chance et cela a envenimé la situation. 

Mais il n'avait pas le choix. Il ne pouvait continuer de vivre dans un mensonge. Cela lui devenait inssuportable.

 Je sais qu'il ne se croit pas capable d'affronter tout ça mais je suis persuadé qu'il va réussir et que ce n'est qu'une question de temps. 

Le reflet de mon bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant