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Danaë

Danaë ne voulait pas qu'il parte. Et elle détestait qu'il ne cesse de lui proposer de s'en aller avec lui. Gabriel était le seul ami qu'elle n'ait jamais eu, qu'importe que les autres fantômes méprisent leur amitié.

Et ils avaient fait parler, tous répétaient que Danaë n'aurait jamais dû le pardonner, ou plutôt ne jamais le détester ouvertement au début. On la traitait maintenant d'enfant capricieuse car Gabriel avait passé plus de 30 ans à lui demander pardon. Elle lui en voulait d'abord tellement qu'elle ne lui laissait pas l'occasion de s'exprimer, elle lui crachait son venin et s'en allait. Puis elle n'avait plus rien dit, elle le fuyait tout simplement, et elle n'aurait pas changé de comportement si Gabriel s'était lassé. Mais il n'arrêtait pas de le répéter :

" Danaë je vous en prie, je ne cesserai de demander votre pardon avant que vous ne l'ayez accepté. Je suis conscient de mon erreur, et je ne pensais pas à mal. Jamais je n'ai voulu vous blesser, jamais je ne pensais me priver de votre amitié en agissant ainsi. Je suis désolé Danaë.

- Gabriel, votre ténacité se transforme en un affreux défaut. N'avez-vous jamais pensé que pour que cette faute puisse être pardonnable, il me fallait du temps, de l'espace et du recul ? Or vous n'offrez aucun des trois, tant d'insistance est déplacée.

- S'il le faut, je passerai l'éternité à vous demander pardon.

- La patience vous fera défaut bien avant."

Les bons jours, leurs échanges se résumaient à cela. Il était difficile de le croire quand on les voyait si proches à présent. Il avait mis chaque jour sa fierté de côté pour s'excuser, et le jour où il avait même proposé de se mettre à genoux devant elle pour implorer son pardon, il lui avait arraché un léger sourire. C'était la première fois qu'elle avait entendu l'éclat de rire de Gabriel. S'ils avaient été vivants, il aurait raisonné dans le couloir, et on se serait retournés sur son passage. Les vivants ne sauraient jamais combien son rire était communicatif, au point de la faire céder, elle. Au point de percer une brèche dans sa rancune.

Une heure plus tard, ils étaient assis à la bibliothèque, confortablement installés sur des fauteuils de cuir. Ils avaient longuement échangé, et avaient conclu la conversation ainsi :

"Par conséquent, je propose que nous cessions de prendre cette erreur en considération, elle n'apportera que du mauvais. En revanche, nous devrions songer à construire à nouveau notre relation, une base de rancune est instable. Si vous acceptez mes excuses, Gabriel, enchanté de vous rencontrer.

Il avait mimé une révérence.

- Danaë, le plaisir est pour moi."

Et ils avaient refait connaissance, comme si rien ne s'était jamais passé. Longtemps, les autres fantômes avaient cherché à comprendre quand la situation avait changé. Ils gardaient la date exacte de leur réconciliation secrète entre eux.

Les fantômes avaient simplement pensé que Danaë avait grandi. Même Gabriel ne savait pas exactement pourquoi elle lui en avait voulu si longtemps avant d'enfin l'écouter. Elle avait ses raisons, et pour le bien de tous, mieux valait qu'ils n'en reparlent jamais et qu'il la voie comme terriblement rancunière. Et puis, Daphnéa détestait maintenant Gabriel pour deux, c'était largement assez.

Et maintenant, Gabriel était à côté d'elle, à la sommer de s'en aller avec lui. Mais Danaë avait toute sa famille ici, elle ne pouvait pas abandonner Daphnéa, même si elle ne voulait plus rester. Elle n'avait jamais voulu de tout cela, elle était morte quand elle avait 16 ans et s'était réveillée à côté de son corps. Jamais elle ne l'oublierait.

Haunted SchoolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant