Danaë
Danaë ne comprenait pas ce qu'Antoine faisait là. Son père avait été très clair sur le fait que Gabriel, Danaë et Daphnéa ne devaient entretenir aucun rapport avec les autres fantômes, et pour être honnête, il s'agissait davantage d'un cadeau que d'une punition. Au moins, elle n'avait pas besoin de faire semblant. Sa propre famille la considérait comme une sotte aveuglée par l'amour qu'elle porterait soi disant à Gabriel, et tous songeaient qu'il l'avait retournée contre eux.
Danaë était la parfaite héritière d'Angennes de son vivant. Son père avait déjà confessé qu'il aurait aimé qu'elle soit un garçon afin qu'elle puisse reprendre les affaires familiales. Au moins, elle servirait à conclure un bon marché et à attirer une bonne réputation à son nom, c'était dans cette optique qu'elle avait été éduquée. Edouard n'attendait d'elle rien de moins qu'un excellent mariage et une réputation impeccable. Violette, en revanche, lui avait appris à aimer la poésie et l'art, à écrire, à développer sa propre opinion sur les sujets d'actualité, et à exprimer ses avis même les plus outrageux de manière à les rendre acceptables.
"La rhétorique est ta plus grande arme, la seule dont tu disposes réellement" qu'elle lui disait souvent.
Edouard n'aimait pas que Violette l'éduque de cette manière, encore moins qu'elle commence à faire de même avec Daphnéa, mais peut-être que s'il était davantage sorti de son bureau, son avis aurait été pris en compte.
Sur ce point, les choses n'avaient pas changé.
Elle sortit de la chambre, suivie de Daphnéa. Elle ne voulait pas que sa sœur l'accompagne, il était toujours trop sévère avec elle, c'était encore une enfant et elle méritait d'être traitée comme telle, avec plus de douceur, pas de cette façon. Edouard ne s'était jamais investi dans l'éducation de Daphnéa, il avait toujours dit à Danaë que c'était son rôle de s'en occuper.
Alors elle l'avait fait. Elle s'était occupée de sa sœur et avait tout fait pour que Daphnéa ne souffre pas du manque maternel. Ca avait toujours été comme ça. Elle était responsable de tout et de tout le monde, parce que personne ne le serait jamais à sa place.
- On en parle plus tard ? lui demanda Gabriel d'un air inquiet, la sortant de ses pensées.
- Tout ira bien, répondit-elle calmement.
Gabriel haussa un sourcil peu convaincu alors qu'elle partait, suivie de Daphnéa. Elles attendirent à peine quelques secondes que la voix froide d'Edouard leur intimait d'entrer ; elles traversèrent la porte.
- Vous souhaitiez nous voir, père ? demanda Danaë pour briser le silence qui s'installait.
- Oui, soupira-t-il en se levant de son bureau. Nous avons à parler, mais ce n'est rien dont vous devez vous inquiéter. Je pense qu'il est temps de vous laisser reprendre contact avec votre famille. Je me doute qu'ils vous manquent terriblement, et que votre isolement vous pèse.
Si Danaë maintenait une expression neutre, elle aurait souhaité lui dire que cet isolement n'avait pas duré quelques jours, et que c'était stupide, les autres membres de leur famille ne lui manquaient absolument pas. Ne pas entendre Antoine déblatérer des idioties à longueur de journée ne pouvait lui apporter que de bonnes choses, et ne pas subir les piques de sa tante non plus. Elle devrait d'ailleurs aller lui parler, à son plus grand regret.
- Vous avez raison, père, acquiesça-t-elle simplement.
Elle vit Daphnéa hocher la tête du coin de l'œil, et elle lui était reconnaissante de garder le silence à cet instant. Daphnéa était connue pour son honnêteté sans filtre, ce n'était pas une bonne idée de tenir tête à Edouard.
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Haunted School
RomanceCe n'était qu'un accident. Une erreur de parcours. Aliénor ne croyait même pas aux fantômes. Alors pourquoi ? Pourquoi avait-elle décidé d'aider Gabriel ? Pourquoi lui avait-il demandé de tuer un fantôme ? Au début, Gabriel et Aliénor n'étaient qu'u...