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Daphnéa, 17879 

Daphnéa avait passé l'après-midi dans le jardin. Elle s'était appliquée à cueillir un bouquet de fleurs pour sa mère, des jonquilles, ses préférées, avec l'aide de sa gouvernante. Elle aurait aimé que Danaë l'aide, mais elle avait un cours de danse qu'elle ne pouvait pas décaler. Alors la petite Daphnéa s'était salie les mains toute seule, alors que sa gouvernante s'acharnait à lui dire qu'elle finirait par tâcher sa robe. Daphnéa n'en avait rien à faire. Elle en avait un nombre incalculable et des habits bien plus jolis que cela. Elle avait couru après les papillons et s'était émerveillée quand elle avait vu un écureuil courir d'un arbre à un autre. Elle avait ri en se prenant les pieds dans sa robe. Elle était heureuse, sans se poser une question de plus ou de moins. 

Sa mère passait beaucoup de temps alitée récemment. Elle rejoignait parfois ses deux filles pour passer du temps avec elles, mais Violette d'Alverny vivait une grossesse absolument épuisante. Elle attendait un troisième héritier, un garçon cette fois. Jamais Daphnéa n'avait vue son père plus heureux que quand on lui avait appris cette nouvelle. Danaë avait dit que c'était car les hommes valaient plus que les femmes dans leur monde. Elle trouvait cela profondément injuste, alors Daphnéa n'était pas tellement enthousiaste à l'idée d'avoir un petit frère, surtout qu'il affaiblissait énormément sa mère. 

Quand elle n'avait plus eu de place dans ses petits poings pour tenir le bouquet, Daphnéa avait couru dans la maison avec ses chaussures pleines de boue, alors que la gouvernante la maudissait derrière elle.  

Elle faisait fi de toute la politesse qu'on essayait de lui inculquer quand elle décida de rentrer dans la chambre de sa mère :

- Maman maman maman regarde ce que j'ai fait pour toi ! 

Elle attendait une réaction, absolument fière de son travail. Elle était convaincue que sa mère allait adorer son cadeau, même si ce n'étaient que des fleurs. Si elle aimait les poèmes que Danaë écrivait pour elle, elle devrait bien être contente avec les jonquilles non ? 

- Maman réveille toi j'ai un cadeau pour toi ! 

Elle essaya de la secouer sans obtenir aucune réaction. 

- Maman ? 

Sa mère avait le sommeil léger d'habitude. Elle se réveillait à l'aube, dès que les premiers rayons du soleil transperçaient les rideaux. Ca l'empêchait déjà de dormir. Alors pourquoi ne réagissait-elle pas maintenant ? 

- Maman réveille toi, s'il te plaît. . .

Elle était absolument immobile, l'air calme et apaisé, alors que Daphnéa la secouait plus fort d'une main, le bouquet toujours serré dans l'autre. 

- Réveille toi réveille toi réveille toi

La gouvernante arriva enfin dans la chambre, alarmée par les suppliques de Daphnéa. Elle ne tarda pas à comprendre ce qu'il s'était passé. Daphnéa n'avait pas voulu comprendre pourquoi la gouvernante avait posé ses doigts sur la tempe de sa mère, ou pourquoi elle avait penché son oreille à ses lèvres pour chercher une trace de souffle avant de secouer négativement la tête. 

Elle ne se rappelait plus du reste, seulement du bourdonnement dans ses oreilles, et des fleurs qui s'éparpillaient au sol alors que son poing s'ouvrait sous le choc. 

Daphnéa se réveilla en sursaut, les larmes perlant au bord de ses yeux. Elle était stupide d'encore dormir, les fantômes n'avaient pas besoin de sommeil, et c'était chaque fois ce même cauchemar qui la hantait. Elle revoyait sans cesse le dernier souvenir qu'elle avait de sa mère. C'était pour cette raison qu'elle ne dormait presque plus, mais parfois, elle lui manquait trop, elle avait besoin de la retrouver. 

Haunted SchoolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant