Haunted School

15.

Instagram : lesm0tsdunesprit._ :))

Danaë

Ils étaient tous réunis au tour d'une table. Le silence pesait. Elle avait essayé tant bien que mal de fuir, affirmant que Gabriel aurait peut-être besoin d'elle, mais Edouard avait été très clair : elle restait d'abord et avant tout sous son autorité.

Son père occupait le bout de table, personne n'était en face de lui. Danaë était assise à sa gauche, elle se concentrait pour empêcher sa jambe de trembler. Elle se tenait droite et fixait ses mains alors qu'elle triturait ses doigts sous la table.

Personne ne parlerait avant qu'Edouard ne prenne la parole, mais elle sentait son regard sur elle. Elle savait exactement ce qu'il attendait d'elle, et comme toujours, elle le lui donna :

- C'est un plaisir de vous savoir ici, avec nous ce soir, commença-t-elle. Cela fait longtemps que notre famille n'a pas été réunie ainsi, alors merci d'être là .

Elle leur adressa un sourire poli, son regard balayant la pièce. Elle se heurta uniquement au mépris glacial de sa famille. Elle se raccrocha à Daphnéa, la seule à lui sourire. Antoine était à côté de sa mère, Catherine. Ils la fixaient, de l'arrogance pure dans le regard. Elle devina qu'Edouard n'était pas encore satisfait puisqu'il refusait de prendre la parole, alors elle continua de parler, s'efforçant d'adopter un ton assuré.

- Vous vous demanderez sûrement pourquoi père a tant tenu à vous avoir avec nous ce soir. Sachez que votre simple présence nous tient réellement à cœur. Après tout, nous sommes une famille, et nous avons eu la chance d'être réunis dans l'éternité. N'est-ce pas malheureux de laisser le temps nous séparer ainsi ?

Chaque mot la faisait se détester un peu plus. Elle s'excusa silencieusement face à l'incompréhension marquée sur le visage de Daphnéa. Elle venait de tenir le même discours que son père aurait pu avoir, elle ne voulait pas autant lui ressembler. Il hocha la tête d'un air approbateur et se leva. Au moins, il était satisfait cette fois. Tous les regards se dirigèrent vers lui, d'un coup beaucoup plus attentifs qu'ils l'étaient lors de sa maigre performance.

- Merci Danaë. Je suis ravi que vous soyez avec nous ce soir. J'aimerais me consacrer aux retrouvailles ainsi qu'aux bons souvenirs que nous partageons. Mais avant cela, je me dois de vous apprendre une bien triste nouvelle. Vous aurez sans aucun doute remarqué que certains vivants peuvent à nouveau nous voir. Il me semble déjà avoir été clair à propos du danger qu'ils représentent pour vous. Je ne remets pas en cause vos efforts pour les éviter, mais certains semblent déterminés à entrer dans la vie de mes filles.

Danaë aurait pu jurer que l'angoisse venait de lui donner un coup dans le ventre si elle pouvait encore la sentir. Ses pensées se tournèrent immédiatement vers Colin, une mauvaise habitude qu'elle n'aurait pas dû contracter. Que serait-il advenu si quelqu'un avait découvert son existence ? Evidemment, Gabriel et Daphnéa savaient, mais personne d'autre n'en avait le droit. Les conséquences auraient été désastreuses.

Il y avait un peu plus d'un siècle, une vivante avait abordé Danaë alors qu'elle s'entretenait avec sa tante. Moins d'un mois plus tard, la pauvre fille avait perdu la raison. C'était pour ça que Danaë avait peur pour les vivants, surtout April, parce qu'elle savait que Gabriel et Daphnéa s'étaient attachés à elle. C'était encore pire quand on savait que c'était elle qu'Antoine avait vu, ça pouvait la mettre en danger.

- Peut-être qu'elles usent de leur privilège pour ne pas respecter les règles, lâcha Catherine. Il serait temps d'arrêter de les protéger, tu es bien trop bon avec elles.

- Je sais éduquer mes filles, et si quelqu'un avait un mot à dire à ce sujet, ce serait loin d'être toi, rétorqua Edouard.

Les deux n'avaient jamais vraiment pu se supporter, déjà de leur vivant. Ils n'étaient unis que par le sang, et par le pouvoir qu'ils s'assuraient en restant ensemble avant. Maintenant, il n'en restait plus rien, et personne ne faisait l'effort de s'en cacher.