New York était pour ainsi dire, comme Harry l'avait laissée. Elle n'avait pas fondamentalement changé. Elle était toujours au-delà des hommes qui l'habitait, au-delà de l'humanité même. Les derniers jours de juillet n'étaient pas parvenu à tuer la grisaille qui s'étendait au dessus d'elle. Harry avait finit par lui trouver un charme, à cette grisaille. Il fallait dire qu'elle avait quelque chose de saisissant, cette brume épaisse, quand elle venait s'écorcher contre les gratte-ciel. En posant ses yeux sur les tours et le jaune des taxis, Harry réalisa l'ampleur de ce qu'il avait laissé de lui ici. Il n'avait pas simplement délaissé Louis en partant sans se retourner, il avait laissé toutes les autres petites choses qui le faisait sentir chez lui à plus de cinq mille kilomètres de là où il avait grandi.
Le jeune homme tenta de ne pas penser à ce qu'il s'apprêtait à faire et aux conséquences que cela pourrait engendrer. Il observa son reflet dans le miroir de la salle de bain de sa chambre d'hôtel. Il ne pouvait rien lire sur son visage, ne parvenait pas à savoir ce qu'il s'en dégageait. Il se prit à se demander si Louis saurait lui, lire son visage. Sûrement. Il était bon à cela, lire les visages. Et les âmes.
Harry ne se souvenait pas de la dernière fois qu'il s'était tant appliqué dans le travail de son apparence. Il regardait son propre visage qui ne lui souriait pas, à la lumière de tout le soin qu'il avait pris pour le faire ressembler à cela. Ses boucles retombaient de façon presque précieuses jusqu'aux lobes de ses oreilles. Il s'était tracasser pour les coiffer de façon à ne pas avoir besoin de ces fichus bandeaux qu'il emportait avec lui par dizaines. Il avait également soigné le reste de son allure, avait examinées une par une les bagues qu'il avait aux doigts et les colliers qu'il avait au cou. Il avait verni ses ongles d'un bleu pâle presque blanc, juste parce qu'il savait que ça rendait Louis dingue. Aussi, lorsqu'il contempla l'image que le miroir lui renvoyait et n'y trouva rien, il fut déçu. Il ne comprenait pas tout à fait pourquoi aucune émotion ne se dégageait de cet homme qui semblait être lui. Il sentit une bouffée d'anxiété jaillir dans sa poitrine mais décida de l'ignorer. Il refusait de faire marche arrière.
Harry héla un taxi qui le mena en plein milieu de Brooklyn pour la maudite somme de trente cinq dollars. Le jeune homme déglutit sèchement avant de payer et de sortir de l'habitacle. Il déboucha alors sur une rue qu'il avait fini par penser connaitre pas coeur.
La rue dans laquelle se situait l'appartement de Louis était envahie par la lueur délicate du soir. Le bleu profond du ciel recouvrait toute chose. Et ceux, jusqu'à ce qu'un clac métallique ne résonne et que les lampadaires de toute le quartier ne s'allument. Les luminaires dessinaient des ombres, inventant une nuit qui n'était pas encore tout à fait là. Harry sentit une vague d'inspiration emplir ses poumons au moment où il gonfla ses poumons de l'air de la ville, le besoin vif de sortir son appareil photo et de saisir chaque morceau insignifiant de l'instant pour le fixer à tout jamais. Il n'y céda pas. Il n'avait même pas son appareil photo. Il n'avait que son téléphone, un peu de monnaie et son accoutrement qu'il commençait sérieusement à trouver ridicule.
Et, c'était vrai, qu'il n'avait que ça. Que son joli minois. Rien à faire valoir de plus. Pas une fleur, pas de table réservée dans un restaurant new-yorkais prestigieux, pas de chocolat ou de lettre d'amour. Rien que son visage, son corps, son âme et les plates excuses qu'il répétait dans sa tête comme un drôle de mantra. Il appuya sur l'interphone. Attendit.
Rien ne se passa. La rue ne changea pas de couleur et le monde continua simplement de tourner comme il l'avait toujours fait.
Harry appuya à nouveau sur l'interphone. Et à nouveau, il ne reçu aucune réponse. Il vérifia qu'il s'agissait du bon numéro. Retenta.
Puis se rendit à l'évidence, Louis n'était pas là.
Et ça n'aurait pas dû l'étonner, c'est vrai. Les gens sortaient de chez eux tout le temps. Ils vivaient, simplement. Oui, mais Harry avait oublié de songer à cela. Aussi impossible que cela puisse paraitre, Harry n'avait pas pensé un seul instant au fait que Louis puisse ne pas être chez lui. Il s'était renversé les méninges en essayant d'anticiper leurs retrouvailles, écrivant dans sa tête tout un tas de scénarios improbables. Et dans tout cela, il avait oublié de considérer l'éventualité que Louis ne soit pas là.

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Far Away.
FanfictionLouis connait New York, il y connait les rues et les stations de métro et la démarche des gens. Il y connait l'hiver, froid et gris et interminable. Infernal. Louis aimerait y mettre fin, à cet hiver qui frissonne jusque dans ses méninges, glaçant...