Chapitre 6

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Une semaine.

C'est ce qu'il lui restait.

Une semaine.

Sept petits jours.

C'est ce qui poussait Louis à lire chaque mot avec une précaution démesurée. Ce qui le menait à interpréter chaque geste et chaque sourire. C'était ce qui le poussait à se réveiller au milieu de la nuit, ses bras sécurisés autour du corps solide d'Harry, avec l'envie tenaillante de le réveiller lui aussi, juste pour s'assurer qu'il serait bien là, le matin venu. Juste pour caresser ses cheveux et plonger son regard dans le vert du sien et lui demander « tu seras là demain hein ? ».

Bien sûr, Louis n'en faisait rien. Il ne fit pas cela le dimanche à trois heures du matin, ni le dimanche à quatre heures du matin. Il se contenta d'endurer son insomnie et écoutant le souffle calme et serein d'Harry qui chatouillait sa gorge.

Quand vint le matin, Louis était engourdi par une fatigue étrange. Une fatigue bourrée d'angoisse et de chagrin. Une fatigue qui lui intima de se lever à l'aube un dimanche matin pour écrire. Il se défit donc de l'étreinte paresseuse d'Harry et s'assit à son bureau. Il contempla un moment l'étendu de ce qu'il avait fait, les soixante-dix mille mots qui résidaient sur son ordinateur. Puis il réfléchit à toutes les idées qui assaillaient son esprit lorsqu'il pensait à tout ce qu'il voulait encore dire.

C'était cela, l'apanage de l'écriture selon Louis. Écrire, pour lui, c'était fixer les idées qui flottent et volètent dans les esprits. C'était donner de la matière aux pensées intangibles qui nous égarent. C'était figer à jamais ces quelques idées vagabondes qui oscillent entre la conscience et l'inconscient. Lorsqu'il regardait tout ce qu'il avait déjà écrit, Louis trouvait tout clair, limpide même. Il savait précisément quel personnage faisait quoi, disait quoi, pensait quoi. Quant à la suite, parmi tous les virages qu'il avait imaginé dans son esprit, parmi toutes les manières dont il pouvait encore écrire la fin, rien n'était encore certain. Tout cela lui appartenait encore.

Louis écrit jusqu'à ce que le soleil soit haut dans le ciel, cisaillant le rideau de nuage par endroits. Puis Harry s'éveilla, grognant doucement en plongeant son visage plus profondément entre les oreillers. Louis se retourna et vit le bras d'Harry balayer la surface plane et fraîche du matelas là où Louis avait dormi il y avait déjà bien longtemps.

« Lou ? »

« Ici darling », Louis se força à réprimer le sursaut douloureux dans son ventre lorsqu'il vit un sourire prendre place sur le visage assoupli de sommeil d'Harry. Le plus jeune n'attendit pas plus longtemps pour se lever et comme cela, sans plus de préambule, il vint s'asseoir sur les cuisses de Louis, enfouissant son visage dans le creux entre son cou et son épaule. Louis laissa d'instinct ses doigts se perdre entre les cheveux d'Harry, il tira doucement pour amener son regard devant le sien.

« Ça va ? »

Harry hocha la tête avec enthousiasme avant de faire claquer l-ses lèvres contre celles de Louis.

Et dieu que Louis l'aimait.

La révélation était venue comme ça, elle s'était brusquement imposée à Louis. Brutale, lourde et cinglante. Louis observa devant lui l'objet de son amour, perché sagement sur ses genoux. Harry le regardait curieusement comme s'il avait saisit le spasme qui venait de secouer tout ce qu'il y avait sous la peau de Louis. Son cœur, et son ventre et son âme.

Louis était amoureux.

Complément, indéniablement et irrévocablement amoureux de l'ange qui reposait lourdement sur ses cuisses.

Louis se tordit le cou pour embrasser le poignet d'Harry avant de faire remonter ses mains sur les cuisses nues du plus jeune pour empoigner ses fesses à peine vêtues. Il se leva, peinant à soutenir le poids d'Harry qui s'accrochait à Louis comme un koala. Il était hilare, Harry, ignorant majestueusement le tourment de Louis.

Far Away.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant