Chapitre 20

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20 mois plus tard : Juillet

« Harry ! S'il te plait !!! », criait Louis à quelques mètres de là. Le bouclé percevait la panique à peine masqué qui suintait entre ses paroles. De là où il était, il voyait parfaitement les vagues s'éclater contre la côte et ronger la roche. Il était parvenu à en tirer quelques clichés qu'il pensait bons. Il sauta périlleusement du rocher sur lequel il était perché, au dessus de la mer. Il trottina jusque Louis, apaisant ses traits froncés d'inquiétude en embrassant sa tempe. « Tu vas me faire perdre mes cheveux avant l'heure darling », soupira-t-il quand Harry se détacha de lui pour attraper sa main et continuer à marcher.

Les deux garçons avait mis le cap sur l'Europe après la soutenance de thèse de Louis. Harry y avait du travail, un mariage plus précisément. En fait, au cours des presque deux années qui s'était écoulées depuis ce soir de Novembre, Harry avait en partie changé ses méthodes de travail. Il avait fini par s'essayer à faire des portraits, et s'était découvert une véritable passion pour les visages. Il voyageait toujours, parce qu'il ne savait pas s'il pourrait un jour s'en passer. Il perdait aisément l'inspiration lorsqu'il restait trop longtemps au même endroit, lorsqu'il s'enlisait dans une routine comme dans des sables mouvants. Il était donc régulièrement en déplacements. Toutefois, il se considérait à présent comme new-yorkais à plein temps. New-yorkais, et le copain de Louis, ce qui n'avait pas été de tout repos ces derniers mois, alors que le jeune homme était au bord de l'hystérie en raison de sa thèse. Au cours de ces deux années, il y en avait eu, des cris, et des pleurs aussi, un peu, parce qu'Harry n'avait plus aucune fierté lorsqu'il s'agissait de Louis. Il y en aurait encore, sans aucun doute. Peut-être plus encore que dans beaucoup d'autres couples, ceux qui s'aimaient moins. Mais ça n'avait pas vraiment d'importance, parce qu'ils ne restaient jamais fâchés longtemps, et surtout, jamais quand ils étaient séparés par la distance. Ce qui avait mené à beaucoup de sexe de réconciliation. Ce dont Harry ne se plaindrait jamais.

Les deux garçons avaient aussi appris à se parler, à ne plus laisser le silence se dresser entre eux comme une sorte de barrière impalpable et infranchissable. Ils y travaillaient encore. Ils y travailleraient toujours, pour ne jamais cesser d'être meilleurs. Pour eux-mêmes et l'un pour l'autre. Il parait qu'il n'y a qu'en échouant qu'on s'améliore, Harry et Louis échoueraient autant de fois qu'il le faudrait jusqu'à effleurer la perfection. Parce qu'ils s'aimaient profondément, comme Harry n'y avait jamais cru avant.

Après maintes tergiversations, Louis avait également finit par présenter — timidement — son roman à son directeur de thèse. M. Collins, qui avait le bras plus long qu'une continentale, avait vu en Louis l'une des futures figures littéraires de sa génération. Il avait ainsi contacté l'ami d'un ami qui travaillait dans l'édition pour lui présenter le travail de Louis. Le jeune homme avait passé des soirées entières à remettre en question sa légitimité, à répéter qu'il avait été pistonné et qu'il ne méritait rien de ce qui lui arrivait. Il avait tenté — en vain — de faire adhérer Harry à cette idée. Parce que, s'il était vrai que Louis avait bénéficié d'un petit coup de pouce, il n'en demeurait pas moins qu'il y était arrivé par lui-même. Il avait travaillé dure, assez dure et assez bien pour décrocher un thèse avec M. Collins. Ensuite, il avait dû travailler à nouveau assez dure et assez bien pour produire un roman qui lui vaille un second coup d'oeil de la part de son directeur de thèse. Et après cela encore, il avait dû passer le test de l'édition. Charlotte, Zayn, Harry et la mère de Louis avait dû lui répéter ça peut-être un milliard de fois chacun avant que le jeune homme ne commence à les croire. Toujours était-il que la maison d'édition qui avait signé Louis possédait des bureaux à Londres et il devrait s'y rendre pour un énième rendez-vous dans un peu plus d'une semaine.

Pour le moment, les paysages toscans les tenaient à l'écart de tout le stress que pouvaient engendrer ces choses-là. Ils étaient à présent dans leur voiture de location. Harry conduisait, principalement parce qu'il était plus au fait des normes routières européennes. Par exemple : les rond-points. Il avait posé négligemment sa main droite sur la cuisse de Louis, et profitait du silence dans lequel dansaient le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles des arbres. Ils étaient en fait sur le chemin pour rencontrer Chiara et Milo qui se mariaient dans deux jours et avaient fait appel à Harry pour leurs photos de mariage.

Far Away.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant