Il y avait du vent. C'était l'une des choses dont Harry se rappellerait. Parce qu'il détestait le vent. Il haïssait le vent et toutes les façons artistiques qu'il avait de s'enrouler autour des choses. Autour des arbres, autour des rues, autour des gens. Autour de Louis qui se tenait, interdit, au milieu du trottoir, une valise à la main. « Haz ? », souffla-t-il comme s'il croyait à une hallucination, à un mirage.
Harry n'attendit plus. Il était lassé d'attendre. Il se précipita à une allure presque ridicule jusqu'à combler l'espace entre son corps et celui de Louis. Il se jeta dans les bras du jeune homme en lâchant théâtralement ses bagages sur le sol bétonné. Il enfouit son visage dans le cou du plus âgé comme s'il y était à sa place. Comme si rien n'avait changé. Comme si, finalement, quelques semaines loin des yeux, ça n'éloignait pas les coeurs.
Harry ne comprit qu'il était en train de pleurer que lorsque Louis appela à nouveau son nom, un onde de chagrin dans la voix. Et sachez, que la voix de Louis n'avait pas été conçue pour porter du chagrin. Si l'on avait offert un unique voeux à Harry, il l'aurait sûrement utilisé pour ne mettre plus que de la joie dans le creux de la gorge de Louis.
Après cela, après le murmure blessé de Louis et les pleures d'Harry, il n'y eut plus que le bruit du vent. Toujours le vent. Quand il était présent, il ne se laissait pas être oublié. Il tourbillonnait bruyamment entre eux, emmêlant les mèches trop longues d'Harry et les répliques avortées de Louis. « On monte ? », proposa finalement le plus âgé en repoussant doucement Harry pour le regarder. Le plus jeune hocha légèrement la tête avant de suivre Louis jusqu'à son immeuble. Il venait d'oublier, en un regard bleuté, toute la souffrance qu'il avait enduré ces dernières semaines.
Les deux garçons grimpèrent paresseusement et dans un silence peu commun, les six étages qui les séparaient de l'appartement de Louis. Il fallait souligner que leurs bagages lestaient leurs pas et peut-être aussi leurs pensées. Toujours était-il qu'il parvinrent à l'appartement de Louis avant qu'Harry n'ait eu le loisir de se souvenir du petit post-it qui en ornait la porte. « C'est quoi ça ? », demanda Louis, sans même une once de sourire sur le visage.
Harry se sentit rougir, il sentit le sang monter dans ses joues jusqu'à leur donner des couleurs inédites. « C'est... euh... je devais partir. Je voulais que tu puisses me joindre. ». Une pause lourde se fit une place entre eux, entre le visage pourpre d'Harry et celui, fermé, du plus âgé. « Si jamais tu le voulais », ajouta Harry à la fin de cette latence. Louis n'eut pas vraiment de réaction, il n'offrit rien de plus à Harry qu'un sourire contrit, taché de lassitude. Il arracha le post-it à la porte avant d'enfoncer sa clé dans la serrure.
Harry pénétra alors dans l'appartement de Louis pour y découvrir... eh bien pour ne rien y découvrir du tout. Il n'y avait rien là qu'Harry n'ait pas déjà vu. Il lui sembla alors que les murs étaient tachés de la même émotion vide qui peignait les yeux bleus de Louis. Le plus jeune entendit du mouvement derrière lui, le bruissement du papier, le ronronnement agaçant des roulettes d'une valise qui glisse sur le parquet, le cliquetis sourd de la serrure. Puis plus rien. Harry se retourna vers le garçon qui avait emprisonné son coeur entre ses deux mains fortes, et il ne perçut rien. Rien d'autre qu'un vide. Il y avait un vide abyssal dans la posture de Louis, dans son expression. Toute ce qui faisait de lui ce qu'il était semblait s'être évaporé en quelques petites semaines trop douloureuses.
« Lou ? », appela Harry dans un souffle brisé.
La seconde suivante, son dos heurtait fermement le mur de l'entrée. Un souffle fut arraché à sa gorge par la brusquerie du geste. Mais il n'eut pas le temps de s'attarder sur la douleur sourde dans les muscles de son dos puisque les lèvres de Louis étaient sur les siennes. Comme il l'avait souhaité durant tout ce temps qu'il avait passé à penser. Enfin, non. Peut-être pas tout à fait comme ça. Dans ses rêves, les lèvres de Louis étaient douces, gonflées d'amour et d'un désir pur.

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Far Away.
FanfictionLouis connait New York, il y connait les rues et les stations de métro et la démarche des gens. Il y connait l'hiver, froid et gris et interminable. Infernal. Louis aimerait y mettre fin, à cet hiver qui frissonne jusque dans ses méninges, glaçant...