Il faisait nuit, déjà, et Louis continuait de battre la porte comme si elle était la cause des tous ses malheurs. Harry se leva périlleusement, manquant de tomber tant il était désorienté. Louis cria à nouveau, ce à quoi le bouclé répondit par un faible « j'arrive » que sa voix endormie ne porta pas bien loin. Harry se traina jusqu'à la porte, ne comprenant pas bien ce qui était en train de se produire. Il tourna la clé dans la serrure et n'eut pas le temps de faire autre chose avant que Louis n'entre en trombe dans le Airbnb.
Il semblait furieux, rouge d'une colère noire. Harry tenta de réagir, de parler, juste de réfléchir. Mais son esprit était encore bien trop loin de la réalité pour cela. Louis avait commencé à faire les cents pas dans le petit espace entre eux, pestant entre ses dents. « Lou ? », appela Harry lorsqu'il recouvra un brin de lucidité. Louis reporta son regard sur la figure pâle d'Harry. Et le bouclé pu enfin prendre en considération son apparence. Il ne portait qu'un pantalon de jogging et un gros sweat-shirt dont les manches trop longues retombaient sur ses doigts noueux. Les premiers flocons de la saison s'étaient déposés sur ses cheveux en bataille et le bout de son nez. Le froid avait recouvert le haut de ses joues de douces taches rouges. Harry ne voulait qu'une seule chose, enrouler ses bras autour du petit corps de Louis, plonger son nez dans son cou et ne plus jamais le laisser s'en aller.
Ils seraient si bien, ainsi enlacés, au chaud sous les draps, à regarder le froid tomber dehors. Le corps blotti dans la chaleur de l'amour de Louis, au milieu d'un hiver sans fin, Harry se sentirait à nouveau chez lui.
Louis resta muet, comme si les mots formaient un gros noeud dans sa gorge. « Qu'est-ce que tu fais là ? », demanda finalement Harry, ne se sentant pas capable de revivre la douleur de voir Louis s'en aller.
La question sembla démêler les mots dans la gorge de Louis, puisqu'il se mit soudain à parler. À parler et parler encore. Comme s'il n'avait jamais eu tant de choses à dire. « Parce que- parce que c'est l'hiver Harry. C'est l'hiver et il fait froid et on est samedi soir et je voulais pas sortir parce que j'étais triste. Je suis tout le temps triste depuis que t'es parti. Et du coup, je voulais de la glace, parce qu'il parait que ça aide, la glace, quand on est triste. Sauf qu'à Target, ils avaient plus de glace à la pistache, alors j'ai était obligé d'acheter de la glace au beurre de cacahuète même si j'aime pas vraiment ça. Et ça m'a fait penser à toi, la glace au beurre de cacahuète. Même si j'avais pas vraiment besoin de ça pour penser à toi. Et après, j'avais ma glace dans les mains et il a commencé à neiger. Et Haz, c'est l'hiver et tu me manques. Je croyais que j'allais réussir à te laisser t'en aller. Mais... mais tu me manques tout le temps. Et tu m'envoies des lettres comme si j'étais le putain d'amour de ta vie. Et ce soir, tu me manquais trop, encore plus que les autres soirs », un rire bref se faufila entre les mots qui tombaient des lèvres de Louis. « Si c'est possible. Et maintenant je suis là et je... je sais pas »
Harry remarqua alors le pot de glace Ben&Jerry's au beurre de cacahuète dans la main de Louis. Il le défit délicatement des doigts tout froids du jeune homme et le posa sur une étagère derrière lui. Il y avait des larmes dans les yeux de Louis, tout un tas de larmes qui ne coulaient pas, qui restaient là, dans le regard perçant du garçon qu'Harry aimait.
Louis ne bougeait plus, il ne faisait que retenir ses larmes, et Harry se dit que pour quelqu'un qui manipulait si bien la langue, il en avait mis du temps pour parler. Le bouclé était presque certain que c'était la première chose consistante que Louis lui offrait quant à la nature de ses sentiments. Si Harry pensait s'être lui-même retranché derrière des murs bétonnés qui isolaient son coeur du reste du monde, s'il croyait lui-même avoir gardé son coeur loin des yeux bleus face à lui, cela n'en était rien en comparaison avec ce que Louis avait fait. Louis n'avait pas laissé échapper un seul indice de ce qu'il se passait derrière la barrière de ses cils.

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Far Away.
FanfictionLouis connait New York, il y connait les rues et les stations de métro et la démarche des gens. Il y connait l'hiver, froid et gris et interminable. Infernal. Louis aimerait y mettre fin, à cet hiver qui frissonne jusque dans ses méninges, glaçant...