La culpabilité ne s'attache qu'à celui qui demeure ignorant quand il a une chance d'apprendre.
- Frank Herbert -Eliott
En fixant mon téléphone, je parcourus le message que j'avais écrit à l'intention d'Arnaud. Cela me paraissait bien. J'avais trouvé son compte sur l'un des réseaux sociaux les plus célèbre et après des jours d'hésitation, j'appuyai enfin sur envoyer.
Dans mon message, j'expliquais que j'aimerais que l'on discute, que j'avais souvent pensé à lui et que je regrettais d'avoir coupé les ponts. Même s'il ne souhaitait pas entretenir une relation amicale avec moi, au moins, il lirait mes excuses.
— Je suis là ! s'écria Julian en apparaissant de nulle part, me faisant sursauter. Je sais, je suis en retard, mais le bus était en retard et j'arrivais plus à me dépéguer de Cédric, c'était insupportable. Mais il est mignon. On se revoit ce soir et-
— Respire, Ju, tu vas finir par t'étouffer avec tes propres mots, rigolai-je.
— Hier, j'ai failli m'étouffer sur autre chose, répliqua-t-il en me faisant un clin d'œil.
L'hilarité me secoua et mes yeux s'humidifièrent.
Depuis Cédric, et leur rendez-vous à la fête étudiante avant les vacances de Noël, mon ami s'affirmait de plus en plus. J'en étais heureux pour lui, les séances avec Jules, son médiateur à l'association, l'aidait beaucoup.
D'ailleurs, c'était la raison de notre présence ici, devant l'antenne principale de l'asso ; il voulait voir Jules, dans l'espoir de lui faire lire la lettre écrite pour ses parents. C'était son moyen à lui de faire enfin son coming-out et il voulait l'approbation de son mentor.
Nous entrâmes donc à l'intérieur. Sur ma gauche, le comptoir d'accueil était vide et le silence régnait. À droite, mon regard fut attiré vers la vitre donnant une vue sur la pièce adjacente où trônait plusieurs bureaux, dédié aux médiateurs qui travaillaient ici.
Deux hommes et une femme étaient assis autour d'une table ronde, discutant tranquillement tout en ayant le nez dans des papiers. Je reconnus facilement Jules, Romain et Audrey.
Je tapai à la vitre et, immédiatement, toutes les personnes se retournèrent vers nous. Jules accueillit chaleureusement Julian et l'entraîna dans une autre pièce à l'arrière tandis que la seule femme, Audrey, vint à ma rencontre pour me prendre dans ses bras.
— Je suis tellement contente que tu te lances là-dedans !
Son parfum à la violette était toujours le même depuis des années et cette odeur me réconfortait. De plus, cette fleur avait une symbolique pour mon amie qui se l'était fait tatouer sur l'épaule en hommage à sa mère partie d'un cancer du sein. D'après ce qu'elle m'avait confié, la violette était sa fleur préférée et de ce fait celle d'Audrey.
Elle se recula après un long câlin et m'offrit un sourire tendre, laissant apparaitre une fossette à gauche. Cette particularité, ainsi que ses tâches de rousseurs la rendaient incroyablement mignonne. Mais jamais je n'oserais employer ce terme devant elle !
— Tu vas assurer, renchérit-elle en dégageant une mèche auburn de son œil.
— Je ne suis pas encore médiateur. J'ai toujours besoin de toi, assurai-je.
— Ne t'inquiète pas pour ça. C'est comme aux alcooliques anonymes, même les parrains ont des parrains, ricana-t-elle en s'écartant.
J'étais ici parce qu'Audrey m'avait proposé de l'assister pour l'un de ses rendez-vous avec une jeune femme. Même si j'étais en binôme avec Loïs, tous les médiateurs confirmés pouvaient « former » les petits nouveaux comme moi.
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Entre Nous
RomanceEliott est un adolescent timide, élevé dans la parole Divine et dans la rigidité, sa vie ne ressemble pas à celle des autres. L'intolérance de ses parents face à son orientation sexuelle l'emprisonne dans une chrysalide. Loïs, plus extraverti, est t...