Chapitre 30

375 34 28
                                    

Lorsqu'une chose évolue, tout ce qui est autour évolue de même.
- Paulo Coelho -

Eliott

Cette escapade à la neige me fit un bien fou. Je me sentais plus léger et comblé dans mon quotidien. Les cours avaient repris et j'entamais mon dernier semestre de ma dernière année, je bossais donc beaucoup. Toutefois, Loïs et moi trouvions toujours le temps de nous voir la semaine et les week-ends.

Nos moments à l'association étaient de plus en plus enrichissants pour moi. J'avais rencontré chaque membre qui résidaient dans les locaux, établissant une relation de confiance. Occasionnellement, j'assistais Loïs dans des entrevues personnelles avec certains membres et j'étais toujours en contact avec Charlène.   

Mes séances avec Monsieur Legoux prenaient plus de profondeur et j'avais décidé de ne plus répondre à mes parents, jusqu'à ce que je sois prêt à faire ce qu'il fallait, c'est-à-dire leur balancer leur faute et leur cruauté et me détacher pour de bon de la peur et de la peine qu'ils m'inspiraient.

J'avais bon espoir de le faire prochainement, mais j'étais avant tout préoccupé par Loïs et son projet pour me battre sur tous les fronts à la fois. Ma décision d'écrire mon témoignage avait déclenché une série de cauchemars dont je ne parvenais pas à me débarrasser.

Dormir avec Loïs calmait mes nuits, cependant nous ne dormions pas ensemble chaque soir et je refusais de lui avouer que sa demande avait provoqué cette salve de mauvais rêves. Il culpabiliserait et j'en avais assez de ce sentiment qui rebondissait entre nous pour nous frapper à tour de rôle.

Il fallait que je gère cette situation. Et selon moi, la première étape serait de relater enfin mon histoire. Je ne pouvais plus repousser. Surtout pas alors que Loïs venait de m'annoncer qu'il avait enfin obtenu un rendez-vous avec l'avocat de l'association pour parler du dossier de manière plus sérieuse. Ils se connaissaient bien donc ce serait à la fois informel et professionnel.

Je devais fournir mon témoignage d'ici là. Mais je n'avais toujours rien noté et le rendez-vous était pour le lendemain. Le stress commença à me ronger lorsque je compris que j'étais au pied du mur.

Et malgré cela, j'acceptais tout de même la proposition à sortir de Julian. Il voulait me parler de son coming-out auprès de sa famille et j'avais besoin de me changer les idées. Ainsi après les cours, nous nous installâmes en terrasse, à descendre les bières comme des limonades !

Je fus soulagé d'apprendre que mon ami avait finalement trouvé le courage de donner la lettre à ses parents et sa grande sœur. Encore plus lorsqu'il m'annonça qu'ils avaient bien réagi. J'écoutais avec attention chaque détail de son parcours tout en commentant parfois pour montrer mon soutien. Julian était évidemment très soulagé par la situation et son sourire en témoignait.

Témoigner. J'étais en train de discuter autour d'un verre – ou plusieurs – avec un ami alors que j'avais encore un témoignage à écrire ! La sensation acide de la lâcheté brûla mon estomac pour me donner la nausée.

—    Ça va pas ? remarqua Julian en fronçant son sourcil gauche dans une expression qui lui était propre.

—    Si, si, ça va.

—    Tu fais une tête bizarre. Tu m'as pourtant fait comprendre que tout se passait bien avec Loïs.

—    C'est le cas ! affirmai-je avec entrain.

Julian plissa les yeux puis soupira. Son expression afficha une certaine tristesse. La curiosité de mon ami et sa capacité à s'extasier du bonheur des autres était ce que je préférais chez lui. Alors voir ce sentiment ternir ses tâches de rousseur me fit serrer les dents.

Entre NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant