Épilogue

505 37 44
                                    

Eliott

5 mois plus tard.

L'hiver passa sous couvert d'un soulagement apaisant.

Je pris plaisir à fêter Noël avec la famille de Loïs, à fêter le nouvel an avec mes amis et à vivre, tout simplement.

Le 7 décembre 2021, le Sénat approuva enfin le projet de loi donnant l'espoir à toutes les victimes, qu'enfin nous serions considérées comme telles.

Et le 25 janvier 2022, la loi d'interdiction des thérapies de conversion est définitivement adoptée, inscrivant dans le code pénal un délit spécifique, passible de deux ans d'emprisonnement et de 30.000€ d'amende ().

Évidemment, j'avais été heureux en apprenant cette nouvelle, c'était un pas de plus vers l'objectif ultime. Cependant, deux ans d'emprisonnement restait une peine qui semblait dérisoire en comparaison du traumatisme subi.

Pour que l'infraction soit caractérisée, il fallait que l'auteur ait agit explicitement par le biais de pratiques ou comportements religieux, que ses agissements aient été répétés pour être sanctionnés et que l'infraction soit dite matérielle, c'est à-dire ayant eu pour conséquence d'altérer la santé physique ou mentale de la personne visée.

Je connaissais les détails de cette loi par cœur à force de recherche. Je savais donc que certaines circonstances aggravantes pouvaient jouer en ma faveur, telle que ma minorité à l'époque des faits. Il y avait également les infractions connexes que je pouvais engager pour étoffer le dossier, tel que les violences physiques, le harcèlement moral, la séquestration...

Si je parvenais à le faire juger pour séquestration alors ce crime lui vaudrait près de dix ans d'emprisonnement, ce qui me satisferait bien davantage que les deux ans pour acte de thérapie de conversion.

Au cours des mois suivant cette nouvelle, j'avais eu envie de rencontrer quelques autres victimes de thérapies de conversion. Certaines de père Vincent, mais d'autres également que j'avais connues grâce à des associations spécifiques.

Échanger avec ces personnes était difficile, douloureux et profondément pénible, toutefois, j'y trouvais également du réconfort. Une écoute que je ne trouvais nulle part ailleurs, pas même chez mon psychologue. Chacun avait son histoire, ses traumatismes et ses espoirs.

Peu avait décidé d'entamer des démarches pénales. La loi était trop récente, c'était trop compliqué, trop épuisant.

La réalité était là.

Ce type d'affaire mettait des mois, des années avant d'être jugées et rien n'assurait une victoire. Il fallait donc être fort et solide pour s'engager dans ce combat. Et certains luttaient encore avec leurs démons, leur dépression, leur envie d'en finir...

De mon côté, j'avais besoin d'être certain de pouvoir assumer autant de pression, autant d'agitation et de charge mentale. Aujourd'hui, ce n'était pas tout à fait le cas, peut-être que demain, je serais prêt.

Loïs me soutenait à chaque décision et à chaque non-décision.

Il était mon roc.

Avant lui, j'étais noyé, au point mort. Avec cet homme à mes côtés, chaque jour était un progrès et mon esprit s'apaisait. Vivre avec de tels traumatismes n'était pas anodin, il savait et se montrait compréhensif, attentif, prévenant. Il m'aimait plus que je ne m'aimais moi-même, il me sauvait un peu plus chaque jour.

Je n'avais plus l'impression de devoir franchir une montagne d'obstacles, je me sentais prêt pour le futur. La patience était mon nouveau réconfort, je prenais les réussites lorsqu'elles venaient à moi et je les chérissais, sans en attendre davantage.

Et tous les jours où mon esprit se refermait à nouveau n'était plus une défaite, c'était simplement qui j'étais. Mes stigmates qui resteraient à vie, mais qui ne m'empêcheraient plus jamais de vivre. 

La richesse de la rose, c'est sa fragilité.
- Roland Delisle -

🌹

FIN

J'ai osé aborder ce sujet sensible car les thérapies de conversion me révulsent. Qu'elles soient commises par des pseudo-scientifiques ou par des pseudo-croyants, elles prônent l'immondice.

Rien ne pourra jamais justifier de tels actes, certainement pas la religion. Et je tiens à préciser que cette histoire n'a pas pour but de condamner le christianisme ! Les personnes qui participent à ces thérapies de conversion n'ont rien de bon, ils ne reflètent ni la parole de Dieu, ni la foi.

J'espère sincèrement que toutes les victimes parviendront à surmonter leur traumatisme, mais ayons une pensée pour celles et ceux qui n'ont pas réussi à dépasser leur souffrance...

Eliott a survécu à l'horreur de l'intolérance, il a su avancer pas à pas dans sa vie. Loïs l'a aimé, soutenu et a été un merveilleux bonus dans son parcours vers la guérison. Ensemble, ils sont plus forts, mais séparément, il ne sont pas faibles pour autant. Je tenais à ce que ce message soit transcrit au travers des pages. Souhaitons-leur une existence pleine de bonheur et d'épanouissement !

♥️❤️❤️‍🔥🧡💛💚💙💜💗


🥀🌹♥️

Mes chers lecteurs...

J'ai conscience que cette fin n'apporte pas toutes les réponses. Cependant, ma réflexion concernant ce dénouement, - et elle a été intense – m'a poussé à opter pour la réalité. Comme tout au long de mon histoire, j'ai taché d'être le plus vrai, que ce soit dans les faits, dans la psychologie de mes personnages ou encore dans les difficultés d'une telle justice.

La réalité fait donc que, même si une loi a été voté pour interdire ces actes, nous sommes loin de voir des coupables condamnés...

J'aurais aimé donner à Eliott une justice totale et mettre père Vincent en prison, malheureusement, je ne peux qu'émettre une hypothèse. L'hypothèse réelle qu'une enquête mène à un procès, qui lui-même peut être positif ou négatif, ou bien une enquête qui soit classée sans suite et n'aboutisse à rien.

Ici, j'apporte réalité et espoir. Peut-être qu'un jour, la justice sera à la hauteur de nos espérances à tous.

J'espère que vous avez apprécié cette histoire, certes dramatique et longue, mais le sujet était trop important pour être traité avec facilité et rapidité.

Une réécriture sera entamée un jour, alors n'hésitez pas à me donner votre avis sur ce qui, selon vous, doit être amélioré ou sur ce qui pourrait manquer. Merci d'avance !

Et merci à tous ceux qui ont lu, commenté et voté. Vous êtes un réel soutien et un moteur pour continuer à écrire encore et encore !

Entre NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant