Sept

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ABDOUL C. SY

On était à la fin de semaine et je me décidai enfin de me rendre chez Ousmane et de récupérer Babacar à l'aéroport vers les coups de dix-huit heures.



A peine arrivé, je sonnai et patientai jusqu'à ce que la bonne m'ouvrit la porte et me conduisit au salon. Ousmane sortit et me fit de chaleureuses salutations même si je sentais qu'il n'était pas dans son assiette . Il s'asseya et commença.

- Frère, je n'ai que toi en ce moment . Tu as toujours été mon frère surtout que je passais la plupart de mon temps chez toi après le décès de ton père, mon oncle . On a tout traversé ensemble, même la circoncision. Je me rappelle de la chambre où on logeait durant cette période avec nos autres cousins éloignés ou proches et les enfants des amis de nos pères.Je m'en veux d'avoir laissé les affaires , les voyages et le travail m'occuper ces dernières années. Mais je me rattraperai.

- Tu me rappelles le bon vieux temps , lui dis-je en souriant. Mais dis-moi ; où est Soda Marème et Manel ?

- Elle passe le week-end chez sa mère ou chez sa sœur avec Manel. En plus de ce qu'elle fait , elle me fuit comme la peste.

- Etonnant ! Et si je parle avec elle peut-être qu'elle changera d'avis ?

- Ah je ne sais pas du tout , je ne sais pas quoi faire . Je t'ai appelé pour que tu me trouves une solution . Me répondit-il d'un ton désespéré.

- Vraiment tu es irresponsable Ousmane. Je me demande comment peux-tu être père de famille et puis ne plus avoir ton mot à dire dans ta propre maison.

- Abdou , je ne comprends plus rien . Je suis dépassé en fait. Et ce qui me choque le plus c'est que je ne pouvais en parler à personne. J'en étais incapable. Un jour , ma mère a constaté cela quand elle était venue nous rendre visite et m'a dit que ce n'était pas naturel. Elle s'est alors rendue chez un marabout. C'est par la suite que j'ai eu l'idée de t'en parler.

- Waouh! A ce point ?

- Je te le jure . En plus , elle a fait un planning familial de plus de cinq ans sans mon avis. Mais Abdoul , Manel va avoir sept ans cette année et je voudrais quand même un autre enfant .

- C'est vraiment inquiétant , tu sais ce qu'on va faire , je vais l'appeler et on va se parler calmement. Lui rassurai-Je.

On se dit « À la prochaine » et je pris congé .



Je pris directement la bretelle qui menait vers l'autoroute et me dirigeai à l'aéroport international Blaise Diagne de Diass. Je me garai au parking et allai dans le hall des « arrivées ». Après quelques minutes d'attente , je vis Aziz sortir.
Il avait vraiment bien grandi... Il était plus grand que moi de taille maintenant mais n'avait pas du tout changé. Sa démarche restait neutre. Il s'avança puis m'enlaça. Il n'avait qu'une valise en prétextant qu'il voulait ramener plus d'affaires en rentrant.On restait debout un bon moment à parler de tout et de rien. Dans la voiture, on continua sur le sujet des affaires. Ah... Je voulais tout lui demander. Je souhaitais tout savoir sur ces années passées loin de moi.
Son wolof n'était plus clair. Il hésitait à répondre sur certaines questions en me demandant la signification quelques mots en me disant que j'aimais trop le wolof «soutenu» .Je ne pouvais pas y croire mais il m'affirma qu'il le ne parlait que quelques fois quand il nous joignait et la plupart du temps on lui parlait français.
À la maison , tout le monde était joyeux, surtout sa mère. Je lui présentai «encore» Aby dont il était incapable de reconnaître disant qu'il ne la voyait pas trop avant. Sacré Aziz ! Il restait insociable.
A peine arrivé, il commençait déjà à planifier des milliers de sorties entre Dakar , Saly , l'île du Sine Saloum , Joal et Lompoul. Il disait qu'il ne voulait plus rentrer à Montréal et qu'il souhaitait commencer à investir ici. C'était un prétexte. Je connaissais mon fils mieux que quiconque. Il voulait rester ici pour jouer plutôt.



Le lendemain, j'ai appelé Soda Marème . J'ai même regretté de l'avoir fait. Elle me parlait à peine... comme si j'étais son égal. D'autant plus, elle me promit de rappeler car elle devait sortir avec une copine, selon elle. Je voulais juste qu'on se voit un dimanche où j'étais libre mais elle ne semblait pas intéressée d'un quelconque raccommodement .

AbibaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant