Trois

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Abibatou Diongue

Les mois se succédèrent...
La famine devint plus virale...
Et la misère continua...

Ma mère me disait chaque jour d'aller chez mon parrain.
Je voulais y aller, mais je ne voulais pas la laisser seule. Mais bon, c'était le mieux à faire. D'après ses dires, je devrai partir ce soir même. C'est vrai que je ne voulais pas la laisser seule, mais aussi le fait de quitter ma demeure habituelle pour une autre me rendait triste et inquiète.
J'entendis quelqu'un frapper à la porte de ma chambre.
"Entrez !" dis-je.

"T'es prête ?"

...

Je ne parlai point.

"N'est-ce pas que je te parle !"

...
Mes lèvres ne s'ouvrirent toujours pas.

"Aby! Es-tu devenue sourde ? Es-tu devenue muette ?"

Je ne répondis toujours pas.
Ce fut la meilleure décision à prendre selon moi car j'avais le cœur rempli d'inquiétude, de tristesse, d'angoisse, de mille choses dont je fus incapable de prononcer.
Pendant que j'avais la tête remplie de mille et une pensées, une larme coula de mon œil gauche jusqu'à mon menton.

"Garde moi tes larmes de crocodile ! Quel que soit alpha, tu y iras ! Je n'en peux plus de tes frais ! Je n'en peux plus de te nourrir ! Non Aby ! Non ! S'il te plaît ! Fais-le pour moi ! Sinon, nous allons toutes les deux mourir dans cette misère dont on ne connaît guère sa fin."

Je séchai mes larmes, je pris mes bagages, et je me dirigeai vers la porte.
Devant le portail de la maison, je vis une Range Rover toute noire klaxonner. Ah ! Mon parrain était déjà présent. Il me sourit d'un air plutôt « excité ». Comme je pourrais le dire.
Il me fit un signe pour me demander de monter derrière à côté de lui, et le chauffeur descendit pour prendre mes affaires. Je me retournai pour dire au revoir à ma mère qui me souriait.
Je courus dans ses bras. Elle me serra fort, très fort même.
Puis, elle me dit :

"Pars ma fille, tout ira bien !"

Je m'en allai pour une bonne fois.

On prit la route de la VDN qui menait vers Yoff. Durant le trajet, je ne parlai pas du tout. Je ne regardais que les vitres de la voiture. Après dix minutes de trajet, j'entendis :
"Arrête-toi là !"

La voiture se gara devant l'hypermarché, puis mon parrain m'ordonna de descendre de la voiture.
Je suivis ses instructions et je sortis. J'avançai quelques pas derrière lui avant qu'il ne s'arrête. Je fis de même, vu que je le suivais.
Il s'accroupit devant moi et me tendit ses deux mains. Il me prit les mains puis me dit :

« Je ne pourrai peut-être pas remplacer ton papa, mais je ferai de mon mieux. Et puis il riait.
J'eus longtemps trop envie que tu sois avec moi, à mes côtés...Comme ça, j'améliorerai ta condition de vie et t'offrirai tout ce dont tu as rêvé. J'ai vraiment de la chance de t'avoir comme fille ! »

Et puis il se releva...

Pendant que je pensais à ce qu'il me disait, on était déjà au rayon « soins et bien-être ». Là, il me demandait de choisir des produits pour mes soins corporels. Je pris un lait de corps, un parfum, un déodorant, un dentifrice, un shampoing et puis basta. Il me dit :
"C'est juste ça ?"

AbibaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant