Cinq

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Aissatou Diop

Enfin, j'ai mon homme près de moi . J'ai bien été claire la dernière fois car Ouly avait « volé » mon tour.
Je vins retrouver « mon Aladji Ass » ( mon mari ) sur la balançoire du jardin.
Moi : Sama Aladji Ass comment tu me trouves ?
Lui : Tout ça pour moi, Mash'Allah.
Moi : sy malick sy demba khoureja sy sawandei Bakary daramarene Arame Lo Coumba Thiam sougou Pathé borom maamou waliw yi Sy sawandei fawata gadji seydi sy assamane sy taaru yandj meune sagnsei neikhi rei tei yiw tarkala...
( En gros, je chantais ses louanges. )

A chaque fois que je faisais cela , il me donnait de l'argent et j'en avais vraiment besoin car j'avais un grand mariage et je devais donner une grosse somme d'argent aux griots . C'était une manière de montrer ma grandeur.
J'ai arrêté mon boulot depuis presque deux mois car je ne veux plus travailler dans l'autre entreprise.
Abdoul m'a transférée dans l'autre pour une raison que j'ignore mais là-bas j'étais trop «contrôlée» , une chose que j'aime pas et je ne peux pas en parler avec lui sinon il se dira que je n'ai pas de bonnes intentions .
Vu que je n'étais pas indépendante financièrement, j'étais en ruine.

Lui : Merci, je suis toujours ravi du fait que tu chantes mes louanges.
Moi : Alors, quelle est la récompense ?
Lui : Puis-je te poser une question ?
Moi : Bien sûr que oui mon cœur.
Lui : Pourquoi à chaque fois que tu fais ces genres de choses, c'est juste pour tes intérêts personnels ?

À vrai dire , je n'eus aucune rétorsion. Il a vraiment raison.

Moi : Non du tout mais c'est juste que...
Lui: IL N'Y A PAS DE MAIS QUI TIENNE !
Moi : Baisse d'un ton Abdoul .
Lui : TAIS-TOI !
Moi : Je suis entrain de négocier mais tu dépasses les limites. Que ça soit la dernière fois que tu te permets de me crier dessus.
Lui : Tu sais quoi , je n'en peux plus de tout cela . Tes défauts que j'ai minutieusement grimés .
Tes caprices de même.
On m'a toujours dit que t'étais avec moi juste pour ma fortune mais j'ai opté de ne pas y croire.
D'habitude, dans la vie conjugale, c'était la femme qui acceptait toute chose pour exempter son mariage mais dans celle-ci c'est bien moi .
Primo , tu es inféconde, mais j'ai accepté alors que j'ai longtemps voulu avoir un héritier . On m'avait dit dès le début que tu me portes la poisse à cause de cela et en plus trois semaines après notre mariage, l'une de mes entreprises avait été en faillite totale . Mais je me suis dit que ce n'est vraiment pas une raison valable pour t'en vouloir.
Du coup , j'ai épousé une seconde femme mais tu t'es pliée en quatre pour la révocation de cette union.
Segundo, j'ai non seulement accompli mon devoir de prendre en charge ta personne mais aussi tu m'as obligé d'en faire de même pour ta famille et tes amis pour te prouver mon amour. Mais où est le rapport?
Aussi, je t'ai surprise pas mal de fois entrain de verser du « saafara » ( portions pour faire du maraboutage ) dans le côté du lit où je me couchais. Raison pour laquelle que je continue à passer les nuits dans la salle de séjour et n'empêche que tu as osé de te plaindre pour cela en disant à ma naïve mère que je te fuyais sans pour autant soulever la réelle cause .
À vrai dire , tu aimes bien affabuler.
Puis, tu faisais aussi des transactions de mon compte vers le tien sans mon acquiescement. Tu n'as même pas osé me demander la cause de ton transfert dans l'autre entreprise! J'ai longtemps su que tu faisais du détournement de fonds.
Ensuite, tu es loin d'être discrète .
Pour finir, tu es infidèle.
Moi : Tout sauf ça...
Lui:  Laisse-moi finir sale garce !
Moi: iii
Lui : Ah oui ! Tu l'es car je te partage avec les hommes. Non seulement tu ternis mon image en faisant cela mais aussi je risque d'avoir des maladies sexuellement transmissibles.
Tu veux des preuves ?

Sans même me laisser répondre, il s'en alla et revint avec une enveloppe contenant des photos qu'il ouvrit aussitôt . Il mit des photos de Édouard et moi sur la table .

Lui : Tu vois non !
Je ne fais pas parti de ce lot de personnes qui disent « ce n'est pas bien de répudier une femme qui a passé de longues années avec toi , il faut la laisser dans la maison même si tu ne l'aimes plus juste par gratitude »
Non non et non !
Maintenant, je vais appeler oncle Mansour Sembène et on va mettre fin à ce mariage.

Moi: Tu comptes vraiment appeler oncle Mansour...

Sans même me calculer, il déverrouilla son téléphone  pour passer un coup de fil.

Après cet appel, on est resté aphone pendant deux tours d'horloge jusqu'à entendre l'avertisseur sonner.
C'était oncle Mansour .

                ~PDV externe
Le grand Mansour accéda au salon puis fit de brèves révérences.
Abdoul lui expliqua l'histoire.
Par ébahissement , il affermit sa main gauche sur son visage. Il était ébaubi de tout ce que Aissatou faisait à son mari même si Abdoul avait laissé certains points en rade afin de protéger la réputation de sa femme.

Pendant ce temps , les enfants s'amusaient au parc d'attraction sans morosité.

Safi : Aby , il faut qu'on se casse , il est vingt-et-une heures passées .

Aby: Ah mais jure ! Il faut appeler Awa donc.

Safi : Elle est juste avec Alou.

Aby : Et si tata demande ?

Safi : C'est son problème.

***

-Ma princesse, j'espère que tu passeras assez de temps avec moi ce soir. Ajouta Alou en s'adressant à Awa .

- T'es taré ? T'as vu l'heure? T'as vu Awa.

-Il n'est que vingt-et-une heures. Insista Alou.

- Tu vois,l'autre fois quand j'suis rentrée à une heure du sbah , mon daron m'a menacé mec. Il m'a dit qu'il va m'envoyer comme un «colis» au bled la prochaine fois . Si tu veux aussi, je te fais un virement.

- Vas-y mais saches que j'ai pas besoin de tes briques là . Mentit Alou

- Ok c'est carré ! Faut j'y ailles, les filles m'attendent .

Pendant que Awa s'éloignait, Alou parlait avec son ami Ismael .

-Regarde, elle m'a filé deux cent mille .
Dit Alou en montrant le téléphone à son ami.

-Waouh , trop chanceux gros. Elle te donne toute son oseille . Si seulement elle savait... Ajouta Ismael en ricanant .

-C'est rien c'est la rue. Rétorqua Alou.

AbibaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant