Onze

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Mes vacances, bien que courtes, se sont écoulées rapidement, et la rentrée approchait à grands pas.

Le choix de l'école pour la nouvelle année était entre un lycée privé à Yoff, un autre à Hann-Maristes, et un dernier au centre-ville. Safietou et moi préférions celui du centre-ville, mais elle avait déjà une longue liste d'autres options, telles qu'Immaculée, Birago Diop, Sainte Jeanne D'arc, Sainte Marie de Hann, Notre dame du Liban, Aimé Césaire, Anne-Marie Javouhey, et bien d'autres.

Nous discutions des avantages et inconvénients de chaque école en termes d'horaires, d'emplacement, et d'uniformes. Binetou était une camarade que je voyais souvent, et nous partagions la même école, bien qu'elle reprenait la troisième. Elle avait pris conscience de ses erreurs et était plus sérieuse, et je l'aidais avec ses devoirs.

Charles était désormais en Angleterre, mais grâce à la technologie, nous restions en contact. Il vantait le système scolaire britannique comparé à celui du Sénégal. Son absence était moins difficile à supporter avec les appels et les messages.

La technologie était également une échappatoire pour moi, que ce soit sur TikTok ou YouTube, ce qui me permettait de décompresser après l'école. Le téléphone était également pratique pour recevoir certains cours, bien que ses inconvénients, comme les vidéos inappropriées circulant sur internet, soient discutés dans la société sénégalaise.





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Quand j'étais plus jeune , mes journées étaient remplies de jeux d'enfance, de billes, de poupées, et d'une maison en carton que j'avais fabriquée. Mes cheveux étaient souvent négligés, ma peau déshydratée, mes vêtements froissés. Ma mère était occupée avec sa vente de tricots, ne prêtant pas beaucoup d'attention à mes besoins.

À l'école primaire, les journées étaient remplies de jeux comme le foot et l'élastique. Cependant, à l'adolescence, ma perspective avait changé. Je commençais à prendre soin de moi, à m'apprécier. Ma mère, remarquant ce changement, changeait son attitude envers moi.

Ce soir-là, plongée dans mes pensées, je pensais aux avertissements de ma mère sur la préservation de ma virginité avant le mariage. L'entourage me disait de profiter de ma jeunesse. Mais une maxime résonnait en moi : "Un plaisir éphémère pour un regret éternel". Cela me faisait prendre du recul, me rappelant que cette vie était éphémère et que la vie dans l'au-delà était bien meilleure. Malgré les défis de pratiquer ma foi musulmane en tant que jeune femme, je trouvais du bonheur et de la paix dans ma pratique religieuse, soutenue par les conseils sages de ma mère.

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Le ciel restait beau. La lune était récente. Les étoiles, pas à foison , mais brillantes.
Tout était calme sauf l'Alizée.
Le froid s'annonçait . On n'était au dernier mois de l'année . Un mois féerique et prodigieux. Les vacances de Noël commençaient déjà.

Lors du réveillon, les amis chrétiens de tonton avaient envoyé toutes sortes de mets .
Cela définissait la laïcité sénégalaise.
Au Sénégal, les différentes religions ont toujours vécu dans une parfaite concorde. Cela se voyait lors des fêtes religieuses. Pendant les fêtes de Pâques, les chrétiens offraient du *Ngalax aux musulmans . En retour, les musulmans leur donnaient du méchoui, du poulet rôti... lors de l'Aïd.
Même si tonton ne fêtait pas ces festins non musulmans , il acceptait quand même ces étrennes.

AbibaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant