Les premiers jours à l'université approchaient rapidement, remplissant Abiba et Safi d'une excitation nouvelle. Après une semaine d'exploration et d'adaptation à leur nouvelle vie parisienne, elles se sentaient prêtes à plonger dans leurs études.
Le matin du premier jour, Abiba et Safi se levèrent tôt. L'excitation indiscutable, elles prirent leur petit déjeuner ensemble, discutant de leurs attentes et de leurs craintes. Abiba, toujours nerveuse face à l'inconnu, se sentait un peu plus rassurée en compagnie de Safi, dont l'enthousiasme était contagieux.
— Allez, Aby, ça va être génial. On va découvrir plein de choses et rencontrer de nouvelles personnes, lança Safi avec un léger sourire.
— Oui, tu as raison. C'est juste que... c'est tellement différent de ce qu'on connaît, dit Aby hésitante.
— On est ensemble, c'est ce qui compte. On va s'en sortir, lui rassura Safi en lui prenant la main.
— D'après ce que j'ai vu, ce n'est même pas très loin d'ici, dit Aby.
— Oui, mais il va falloir y aller en Uber le temps que papa trouve un chauffeur. Puisque sa maison de vacances se trouve à Marseille, il ne connaît presque rien ici, expliqua Safi.
— Ah oui, j'imagine.
Après avoir terminé leur petit déjeuner, elles se dirigèrent vers l'université en Uber. La ville semblait différente ce matin-là, plus calme et paisible, comme si elle retenait son souffle avant de dévoiler ses secrets académiques. Arrivées sur le campus, elles furent frappées par l'architecture imposante et le mélange d'étudiants venant des quatre coins du monde.
La première étape de leur journée fut l'accueil des nouveaux étudiants. Dans une grande salle de conférence, les administrateurs et les professeurs leur souhaitèrent la bienvenue, expliquant les détails pratiques et les ressources disponibles pour les étudiants. Safi prit des notes méticuleusement, tandis qu'Abiba observait les alentours avec curiosité.
Après la session d'accueil, elles eurent leur première rencontre avec leurs conseillers pédagogiques. Ces derniers leur donnèrent des informations sur leurs cursus respectifs et répondirent à leurs questions. Abiba, étudiante en médecine, et Safi, en sciences politiques, étaient ravies de découvrir l'éventail des cours proposés.
Conseiller d'Abiba : (souriant) N'hésitez pas à participer aux clubs et activités. C'est une excellente façon de rencontrer des gens et de vous intégrer.
Abiba : (timidement) Merci, je vais y penser.
La journée se poursuivit avec une visite guidée du campus. Abiba et Safi suivirent le groupe, découvrant les différentes facultés, la bibliothèque, les laboratoires et les espaces de détente. Elles notèrent mentalement les lieux importants : la cafétéria, le centre sportif, et surtout la bibliothèque, où Abiba se voyait déjà passer des heures à étudier.
Le soir, de retour à leur appartement, les deux amies se détendirent après cette journée bien remplie. Elles partagèrent leurs impressions, tout en dégustant un repas léger préparé ensemble.
Safi : (enthousiaste) Tu as vu ce club de débat ? Ça pourrait être intéressant.
Abiba : (réfléchissant) Oui, et il y a aussi ce club de lecture. Ça m'intéresse beaucoup.
Les jours suivants, elles commencèrent leurs cours. Abiba, plongée dans ses études de médecine, découvrait avec émerveillement les complexités de l'anatomie humaine et les avancées de la médecine moderne. Safi, de son côté, se passionnait pour les cours de relations internationales et de théorie politique.
Elles se firent rapidement de nouveaux amis. À la cafétéria, elles rencontrèrent Zoé et Hugo, deux étudiants en médecine. Ensemble, ils formèrent un petit groupe, se retrouvant souvent pour déjeuner et discuter de leurs cours et de leurs expériences.
Zoé : (curieuse) Alors, comment trouvez-vous Paris jusqu'à présent ?
Safi : (souriante) C'est incroyable. Chaque jour est une nouvelle aventure.
Abiba : (ajoutant) Oui, et l'université est vraiment impressionnante. On apprend tellement de choses.
Hugo, qui était assis à côté d'Abiba, commença à lui parler de leurs cours de médecine. Ils échangèrent des impressions sur leurs professeurs, les matières qu'ils trouvaient difficiles et celles qu'ils adoraient. Une complicité naturelle commença à se former entre eux, nourrie par leur passion commune pour la médecine.
Le soir, après les cours, elles explorèrent encore davantage la ville. Elles visitèrent des musées, assistèrent à des pièces de théâtre, et se promenèrent le long de la Seine. Chaque nouvelle découverte renforçait leur amour pour Paris et leur conviction d'avoir fait le bon choix en venant étudier ici.
Au fil des semaines, Abiba et Safi s'installèrent dans une routine confortable, jonglant entre les études et la découverte de la culture parisienne. Leur amitié se renforça, et elles se sentirent de plus en plus à l'aise dans cette ville étrangère qui devenait peu à peu leur chez-soi.
Safi : (un soir, regardant la vue depuis leur balcon) Tu sais, Aby, je pense qu'on va vraiment s'épanouir ici.
Abiba : (souriante) Oui, je le crois aussi. C'est le début d'une grande aventure.
Et ainsi, dans le tourbillon des cours et des découvertes, Abiba et Safi commencèrent à écrire le nouveau chapitre de leur vie avec enthousiasme et détermination, prêtes à relever tous les défis que l'université et Paris leur réservaient.
Même si leur terre natale leur manquait.
L'éloignement de cette dernière leur a révélé une vérité profonde : on ne mesure souvent la valeur de quelque chose que lorsqu'elle s'éloigne de notre quotidien. La fameuse «Téranga sénégalaise», qu'elles avaient pris pour acquise, se définissait par des qualités uniques qu'elles ont pleinement comprises en se retrouvant loin de chez elles .Le Sénégalais, souvent critiqué pour des traits moins reluisants tels que l'hypocrisie ou la malhonnêteté, démontre une qualité incontestable : son sens du partage, sa solidarité, son hospitalité. Ces valeurs prenaient vie dans la banlieue dakaroise, où se réunir au QG pour partager des moments autour de la théière après une journée de travail était une tradition. Les discussions animées sur les «nouveaux dossiers» du pays et les veillées nocturnes à préparer le lait pour le réveillon reflétaient une véritable communauté soudée.
En arrivant en France, une toute autre réalité se présentait. Les Gaulois semblaient préférer la quiétude de leurs domiciles, se réveillant tôt pour affronter une journée de travail bien remplie. Les visages renfrognés du lundi matin, les transports en commun bondés, et l'accueil parfois glacial des vendeurs contrastaient fortement avec l'effervescence chaleureuse de la vie quotidienne au Sénégal.
Les polémiques françaises semblaient étrangement différentes de celles auxquelles j'étais habituée. Des débats sur des sujets apparemment futiles, tels que la dénomination correcte entre «pain au chocolat» et «chocolatine», ou même la séquence appropriée pour verser les céréales avant le lait, prenaient parfois le devant de la scène.
La différence dans la relation à la nourriture était frappante. En France, toquer à la porte de quelqu'un à midi pour demander de la nourriture était impensable, contrairement au Sénégal, où la générosité pouvait transformer un repas modeste en un festin chaleureux.
Cependant, malgré ces disparités, une réflexion plus profonde s'imposait. La France, souvent considérée comme un pays développé, était intrinsèquement liée au Sénégal, ce dernier que certains décrivaient comme un «mendiant assis sur une mine d'or». Cette notion paradoxale révélait la complexité des relations internationales, où des pays aux réalités contrastées demeuraient interconnectés, chacun apportant une teinte unique à la palette mondiale.
Ce chapitre de leur vie, entre deux mondes, entre deux réalités,leur a permis de mieux comprendre non seulement leur terre natale mais aussi le tissu complexe qui relie différentes cultures et nations. Chaque jour était une leçon nouvelle, un élargissement de perspectives qui laissait entrevoir les nuances subtiles de la vie dans un monde de diversité inépuisable.
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Abiba
Подростковая литератураDans les ruelles ensoleillées de Dakar, une ville côtière baignée par les vagues de l'Atlantique, Abiba est née sous le regard bienveillant du phare majestueux. C'est ici, entre les reflets dorés du sable et le murmure constant de l'océan, que comme...