Un jeu d'amour

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— Ce trône est plutôt confortable, constata Haruchiyo en effleurant du bout des doigts les accoudoirs de velours du siège sur lequel il était assis.
— N'est-ce pas ? C'est le trône du roi, il se doit être confortable.
— Je crois que j'adorais rester ici pendant des heures lors des réceptions. D'ici on peut avoir une magnifique vu sur tout ce qu'il se passe dans la salle.
— Lorsque je serais roi, je resterai ici et je surveillerai tous mes invités, déclara Rindo, qui était assis sur les cuisses de son amant.
— Vous êtes trop petit pour ce siège.
— Pardon ?! Je ne suis pas petit, je suis dans la moyenne !
— Tous les hommes de votre famille sont grands, vous paressez minuscules à côté, dit Haruchiyo en riant.
— Oh alors là je suis vraiment scandalisé. J'ai une taille tout à fait normale !
   — Ce n'était pas un reproche ! Vous êtes parfait ainsi ! Croyez-moi, vous êtes très bien proportionnés, dit Haruchiyo en posant sa main sur les fesses du jeune homme pour les caresser.
   — C'est vrai, demanda Rindo en passant son bras autour de ses épaules.
   — Oui, votre corps me plaît beaucoup.
   — J'avais cru le comprendre.
   — Vraiment ? Pourtant j'essaye de rester discret et de ne pas le montrer...
   — Bien sûr, ce n'est pas comme si vous vous jetiez sur moi dès que vous en aviez l'occasion, dit Rindo avec un sourire entendu.
   — Il faut me comprendre, pendant des mois je n'ai pas connu votre visage et votre corps, j'ai du me contenter de votre esprit et de mon imagination, alors maintenant que je peux vous avoir entièrement, je ne peux pas m'empêcher de profiter de vous, dit Haruchiyo en embrassant son cou.
   — Vous avez raison, profitez-en autant que vous le désirez.
   — Vous êtes tout à moi ?
   — Je suis tout à vous, déclara Rindo en s'allongeant sur le trône, de façon à ce que ses épaules et le pli de ses genoux soient posées sur les accoudoirs du trône.
   — ... Rindo nous ne l'avons jamais fait ici.
   — Quoi donc ?
   — Je ne vous ai jamais fait l'amour ici, sur le trône royal.
   — Vous voulez le faire, demanda Rindo d'un air amusé, en cambrant son dos pour bomber le torse.
   — Disons que... votre position est très tentante...
   — Alors déshabillez-moi et faites-moi l'amour, provoqua Rindo en s'étirant.
   — Et si quelqu'un arrive, demanda Haruchiyo en caressant la pointe de sa poitrine qui apparaissait à travers le tissu léger de son kimono.
   — Nous n'aurons qu'à dire que vous êtes mon médecin et que vous m'auscultez.
   — C'est une bonne idée. Dites moi Rindo, vous portez un vêtement bien léger, on croirait voir Kazutora.
   — Cela n'a pas l'air de vous déplaire.
   — De vous voir ainsi ou le fait que Kazutora ne se couvre presque pas, plaisanta Haruchiyo.
   — J'espère pour vous que c'est de me voir ainsi qui vous plaît. Et que vous n'avez pas regardé Kazutora sinon je le bannis de mon palais.
   — Évidemment, je ne regarde que vous. Vous portez des bas, demanda son amant en passant sa main sous les pans de son kimono pour caresser sa cuisse.
   — Jamais en votre présence.
   — Vous êtes un bon garçon, dit alors Haruchiyo en souriant.
   Rindo lui rendit son sourire et le laissa se pencher sur lui, alors qu'il élargissait son col et venait doucement sucer la pointe de ses tétons. Sa main glissa lentement entre ses jambes, Rindo changea alors légèrement de position pour se cambrer dans une position plus sensuelle, et être ainsi aussi désirable que possible. Il se retrouva dans une parfaite position qui sembla beaucoup plaire à son amant, à sa merci totale, comme s'il était un objet exposé sur une table de travail.
   — Je perdrais toute ma dignité si les gardes revenaient, murmura Rindo alors que Haruchiyo tenait ses poignets entre sa main.
   — Ils n'auront qu'à regarder, le spectacle leur plaira...
   — Cela vous exciterait que l'on nous regarde ?
   — Je ne pense pas, je veux être le seul à vous voir nu et dans cet état. Je veux que notre plaisir n'appartiennent qu'à nous.
   — Alors il n'appartiendra qu'à nous, déclara Rindo en souriant.
   Le jeune homme se redressa et monta à califourchon sur son amant. Il entoura sa nuque de ses bras et l'embrassa avec amour, alors que Haruchiyo enlaçait sa fine taille. Il répondit à son baiser avec douceur, et Rindo posa ses mains sur ses joues pour les caresser. Ils se touchaient l'un et l'autre avec douceur, délicatesse, comme s'ils étaient fragiles, fait de cristal précieux, que le moindre geste brusque pourrait briser.
   — Ah vous voilà !
   Les deux jeunes hommes se détachèrent aussitôt l'un de l'autre et se tournèrent vers l'endroit d'où venait la voix, le cœur battant. Mais par chance, ce furent Seishu, suivit de Hajime, qui apparurent dans le grand de hall. Ils ne semblaient pas avoir remarqué qu'ils venaient de déranger un parfait moment d'intimité, et s'ils l'avaient remarqué, ils devaient ne pas s'en soucier le moins du monde. Ils se tenaient par la main, leur cape de voyage sur les épaules, signe qu'ils devaient venir d'arriver, et ils semblaient particulièrement heureux.
   — Rindo je dois vous parler, s'exclama Hajime en arrivant près d'eux.
   — Hajime nous étions...
   — En train d'échanger un baiser passionné, oui je l'ai vu, mais je ne suis pas sûr qu'ici soit l'endroit approprié et Seishu m'a dit que je ne devais pas hésiter à vous interrompre, car vous devriez ralentir votre... rythme de vie.
   — Je m'inquiète pour vos hanches..., précisa Seishu.
   — Tu devrais plutôt s'inquiéter pour les tiennes, s'indigna Rindo en se relevant pour refermer son kimono, qui s'était ouvert sous le passage des mains de son amant. Je ne t'ai plus vu marcher droit depuis des jours !
   — Oui mais... Lui il a l'habitude alors que vous c'est tout nouveau... Vous devriez être prudent, cela ne fait qu'un mois...
— Je marche plus droit que vous Sir...
   — Je- Bon Hajime que vouliez-vous me dire ?!
   — J'ai plusieurs choses à vous dire. La première, et la plus importante, concerne Seishu.
   — Je vous écoute ?
   — J'ai parlé de lui à ma fiancée, déclara Hajime avec sérieux. Je lui ai dit que je l'aimais et que si je pouvais le faire, j'aurais voulu l'épouser.
   Rindo dévisagea son ami d'un air incrédule, avant de fixer Seishu, qui rayonnait. Il avait parlé à sa fiancée de son amour pour Seishu ?! Mais que lui était-il passé par la tête ?! C'était dangereux de faire cela, il pouvait avoir de très gros problème, Seishu et la famille royale aussi, surtout si sa fiancée répétait cette nouvelle à d'autre personne ! Qu'est-ce qu'il lui avait pris enfin ?!
   — Hajime, êtes-vous devenu fou, s'écria Rindo.
   — Quel courage, s'exclama joyeusement Haruchiyo.
   — Quel courage ?! Il pourrait avoir de très gros problèmes ! Pourquoi avez-vous fait cela ?!
— Il aurait fallu le faire un jour ou l'autre, c'est une pression en moins, expliqua Seishu.
   — Je l'ai fait parce que j'aime Seishu, je ne veux plus le cacher et je lui avais promis de le faire, répondit Hajime avec calme.
   — Et qu'a dit votre femme ?!
   — Qu'elle s'était toujours doutée que je ne l'aimais pas. Tout va bien Rindo, ne vous en faites pas.
   — Tout va bien, répéta Rindo d'un air perplexe. Je ne vois pas comment cela est possible. Votre femme aussi a un amant alors ?
   — Non, je pense qu'elle doit m'aimer, dit Hajime d'un air pensif. Je lui ai dit que j'étais complètement épris de Seishu et que je ne pourrais jamais aimer quelqu'un d'autre que lui. Que j'étais prêt à me battre pour notre amour, et que rien ne me laisserait être séparer de lui. Elle a compris, et n'a pas cherché à faire de problème. Je lui ai dit que malgré cet amour, je respectais mes devoirs d'homme et que je me marierais avec elle, que je l'entretiendrais, et que je la laisserais vivre sa vie où elle le souhaite et avec qui elle le souhaite. Cela est bénéfique pour nous deux. Nous avons aussi convenu que nous ferons tout pour avoir un enfant, un garçon, afin de poursuivre nos lignées familiales. Tout va bien.
Rindo regarda son ami d'un air dubitatif. Il avait du mal à y croire, comment les choses pouvaient-elles aussi bien se terminer alors que... alors que c'était si compliqué ?! Pourtant Hajime avait l'air sincère, il ne serait pas si heureux si sa fiancée était contre son union...
— Mais alors... pourquoi venez-vous me voir, demanda Rindo sans comprendre.
— Je voulais vous demander... lorsque vous serez roi, accepteriez-vous que Seishu vive avec moi, demanda Hajime avec espoir. Je sais qu'il doit vous suivre et vivre dans votre palais jusqu'à ses derniers jours mais... Je rêve de vivre avec lui, de partager chaque moment anodin du quotidien avec lui, m'endormir et me réveiller à ses côtés sans craindre que cela soit la dernière fois... Alors avant de lui demander, je veux votre permission. Je vous demande juste sa liberté.
Rindo ne sût pas quoi répondre. Il ne s'attendait pas à cela, il ne se serait même jamais douté que Seishu puisse vouloir vivre avec Hajime. Mais c'était logique en fin de compte, après tout Hajime était l'homme qu'il aimait, c'était normal qu'il veuille vivre avec lui.
C'était une étrange demande. Rindo n'avait jamais envisagé d'obliger Seishu à faire quoique ce soit, et il avait toujours dit qu'il le laisserait être libre, alors il ne voyait pas vraiment pourquoi est-ce qu'on lui demandait la permission. Même si logiquement il était responsable de Seishu, et qu'il était le futur roi, donc cela restait logique en un sens...
C'était amusant, Rindo avait l'impression d'être le père de Seishu et qu'Hajime était en train de lui demander sa main ! C'était donc cet effet que l'on ressentait dans ce moment là ? Rindo se sentait bizarrement très fier de ses amis, comme s'ils accomplissaient quelque chose.
— S'il vous plaît, insista Hajime en voyant que Rindo ne répondait pas. Je sais que je suis loin d'être l'homme parfait et que Seishu pourrait trouver bien mieux que moi, mais je vous assure que je ferais tout pour le rendre heureux. Je sais, Seishu, que tu as toujours pensé que je t'aimais que pour ton corps, que pour nos étreintes, mais cela va bien au-delà de tout cela.
Hajime se tourna vers lui et lui prit les mains, en plongeant son regard dans le sien.
— J'aime chaque détail qui fait de toi l'homme que tu es, et ce depuis le premier jour. J'aime ta façon d'être, tes pensées, ta délicatesse, ton calme, cette façon que tu as de toujours prendre soin des autres pour qu'ils n'aient pas de problèmes, de toujours veiller à ce que l'on respecte les règles en public, à toujours suivre et aider Rindo. Je suis fou de toi et je veux pouvoir te le montre chaque jour, te faire sentir comme la personne la plus aimée au monde, te rendre si heureux que tu ne sois plus jamais capable d'être triste. Je sais que notre amour n'est pas le plus évident et qu'il est un danger, mais c'est le plus beau et délicieux danger qui puisse exister. Pour toi je peux accepter tous les obstacles, les dangers et les conséquences, si tout cela est la condition pour t'aimer, alors je l'accepte. J'accepte chaque épreuve, et je veux me battre pour nous deux. Même si notre amour est interdit et que je suis fiancé, même si nous sommes deux hommes, et même si la cour nous l'interdit, je me battrait pour t'aimer, et pour qu'on accepte notre union. Je me battrais pour toi, et je veux que tout le monde sache que tu es l'homme de ma vie.
Seishu ne répondit rien. Son expression était totalement bouleversée, ses yeux étaient remplis de larmes et il ne semblait plus pouvoir détacher son regard de son amant, ni même ses mains. Rindo lui-même sentait que ses yeux étaient devenus humides.
   — Seishu, je ne veux pas que tu pleures, dit tendrement Hajime en essuyant ses joues qui commençait à se tacher de larmes.
   — Je t'aime, dit Seishu d'une voix étranglée.
   — Et je t'aime encore plus, répliqua Hajime en l'enlaçant. Allons ne pleures pas, tu vas fatiguer tes beaux yeux. Et puis c'est beau l'amour non ? Cela doit te rendre heureux.
   — Ce sont des larmes de joie...
   — Moi qui m'étais promis de ne jamais te faire pleurer...
   — Tu avais réussi jusque là, mais ne t'inquiète pas, si ce sont des larmes de bonheur ce n'est pas si grave.
   — Je l'espère, dit Hajime en embrassant le front de son amant. Alors Rindo, vous acceptez ?
   Rindo renifla et se força à reprendre contenance.
   — Évidemment que j'accepte, dit-il d'une voix fragile. Seishu, tu as toujours été libre de faire ce que tu voulais tu sais...
   Seishu se força à se séparer de Hajime et vint vers le jeune homme pour le prendre à son tour dans ses bras. Rindo lui rendit son étreinte en souriant, les yeux de plus en plus humides.
   Seishu allait partir du château, il allait vivre ailleurs, avec l'homme qu'il aimait. Bien sûr, Rindo continuerait de le voir tous les jours puisqu'il restait son ami et son conseiller, mais ça allait être différent. Sans lui au château, les choses seraient vides et étranges, il allait lui manquer... Rindo avait l'impression de laisser son enfant s'envoler et partir faire sa propre vie, il fallait dire qu'il avait vécu toute sa vie à ses côtés, alors savoir qu'il allait partir lui serrait le cœur...
   Mais il était heureux pour lui. Hajime était parfait pour Seishu, Rindo n'avait jamais douté de son amour pour lui, et il savait qu'il ferait tout pour combler son ami. Seishu n'aurait pas pu rêver mieux que Hajime pour lui.
   — Je suis fier de vous, dit Rindo en reniflant. Hajime vous avez beaucoup de courage pour rendre votre amour public...
   — C'est Seishu qui me donne ce courage, dit Hajime en souriant, alors que son amant revenait près de lui. Je n'ai pas peur de l'aimer aux yeux de tous.
   — J'aimerais pouvoir faire comme vous.
   — Notre situation est différente malheureusement, soupira Haruchiyo en caressant sa joue avec le dos de son index.
   — Je suis sûr que vous trouverez le moyen de vous aimer, dit Seishu avec un sourire.
   — Il y a toujours un moyen. Je pourrais toujours essayer d'en parler à Senju..., dit Rindo d'une voix pensive.
   — Il faudrait peut-être en parler à Takeomi aussi, il est peut-être possible de trouver un compromis, dit Haruchiyo.
   — Vous pensez ? Je ne sais pas si c'est une bonne idée de lui en parler, je ne veux pas vous perdre, dit Rindo à voix basse.
   — Vous ne me perdrez pas, je vous le promets, assura son amant en embrassant sa tempe.
   — Alors je lui parlerais peut-être...
   — C'est inutile, dit une nouvelle voix.
   Rindo s'écarta machinalement de Haruchiyo et vit avec horreur que Takeomi venait d'entrer dans la salle et se dirigeait à toute vitesse vers eux. Il semblait être dans une colère noire, ses bras balançaient près de son corps dans de grands gestes, l'une de ses mains tenait une feuille de papier pliée en rectangle, qui semblait être un journal de ragots. Senju trottinait derrière lui, une expression perplexe sur le visage, elle serrait contre elle une cape sombre que Rindo identifia comme étant celle de Kazutora, et derrière elle se trouvaient Ran, Izana et Yuzuha, qui semblaient tous les trois désolés.
   Takeomi arriva en premier devant Rindo, il bouscula sur son passage Hajime et Seishu, et se planta devant le jeune homme en lui tendant le journal.
   — Lisez, ordonna-t-il d'une voix autoritaire.
   Rindo fronça les sourcils et prit le papier sans comprendre. Le journal était déjà ouvert à une page marquée, il s'agissait d'un article à scandale, le genre d'article dont toute la cour royale était friande. Rindo parcourut rapidement l'article des yeux, avant de soudain s'apercevoir que l'article le concernait !
   « ... lors de la réception dans le domaine des Sano. Il semblerait que notre cher prince ne porte guère d'intérêt à sa futur femme, bien que pour la première fois il semble avoir remarqué sa présence et lui ait adressé quelques mots. Il aurait apparemment jeté son dévolu sur ce nouvel homme de la cour, ce penseur qui a déjà la réputation de libertin, il s'appellerait Haruchiyo, et logerait dans le domaine des Kokonoi. Un défilé de jeune femme n'a cessé de la semaine là-bas, il doit se chercher une épouse. Mais dans ce cas, pourquoi chercher la compagnie de notre jeune prince ? Les rumeurs sur ce couple fleurissant allaient déjà bon train depuis l'arrivée de cet homme au royaume mais ces rumeurs ont portées leurs fruits car, pas plus tard qu'hier, on les aurait surpris en plein échange d'amour. Cela c'est passé pendant même le bal des Sano, ils se seraient écarter dans un coin plus intimes pour s'offrir quelques baisers, Haruchiyo se serait même laissé découvrir les délicates formes de sa majesté... ».
Rindo releva vivement les yeux vers Takeomi. Ses mains tremblaient, il sentait Haruchiyo très mal à l'aise près de lui, il avait dû lire par-dessus son épaule, et ses joues s'étaient colorées de rouge.
— Je... Ce n'est qu'un journal à scandale, dit le jeune homme en essayant de rester calme. La plupart des choses dites dans ces journaux n'ont aucune réelle valeur.
— Ne mentez pas, dit Takeomi en lui reprenant le journal des mains d'un coup sec. J'étais sûr que vous n'en faisiez qu'à votre tête et que vous voyez quelqu'un, et maintenant en voici la preuve.
— Vous appelez cela une preuve, s'exclama Rindo avec un rire. Ce ne sont que des commérages, vous croyez vraiment que-
— Oh je vous en supplie, faites-nous gagner du temps, s'agaça Takeomi. Je suis sûr que je n'ai qu'à demander à des serviteurs ici et ils me confirmeront qu'ils vous ont déjà entendu gémir dans les bras de cet homme.
— Takeomi, c'est inutile de t'énerver, intervint Senju d'une petite voix. Cela n'est pas si grave, je n'aime pas Rindo et cela ne nuira pas à notre mariage...
— Tu es naïve Senju, s'exclama son frère avec colère. Bien sûr que cela nuira à ton mariage, cela te nuira ! Si toute la cour royale sait que Rindo s'amuse à te tromper avec le premier venu, tu seras la risée du royaume, plus personne ne te respectera et on se moquera de toi ! La lignée des Kawaragi sera humiliée !
— Enfin, ce ne sont que des commérages, les rumeurs passerons, tenta de rassurer Ran.
— Aucune rumeur n'a jamais tué personne, ajouta Izana.
— Dans quel monde vivez-vous ?! Les rumeurs sont très dangereuses justement, et je refuse que l'on salisse mon nom et l'honneur de ma sœur, dit Takeomi avec colère.
— Mais je ne ferais rien qui puisse la déshonorer, assura Rindo.
— Vous le faites déjà ! Je refuse que cela continue ainsi, je vous ordonne de mettre fin à cette relation. Je ne veux plus que vous vous voyez avec Haruchiyo.
— Je refuse.
— Vous n'avez pas le droit de nous interdire de nous voir, dit Haruchiyo avec colère.
— J'en ai parfaitement le droit, je le fais pour le bien de nos deux pays ! Et si vous refusez, je dirais à tout le monde que vous aimez les hommes Haruchiyo. La cour royale est habituée à ce genre de préférence, mais qu'en dira le pays ? Vous serez rejeté et condamné pour cela, alors je vous conseille de faire ce que je vous dis, déclara Takeomi dans un sifflement.
   — Je ne vous laisserais pas lui faire de mal, dit Rindo en se mettant machinalement devant Haruchiyo.
   — Si vous ne voulez pas que je lui inflige cela, vous devez arrêter de vous voir.
   Rindo fusilla Takeomi du regard. Il sentait bien que rien en cet instant ne pourrait le faire changer d'avis, il était trop en colère. Le connaissant, il devait vraiment être capable de détruire la vie de Haruchiyo, même si Rindo lui offrait une protection royale, Takeomi pouvait le faire tuer par des hommes de mains. Chercher à le raisonner était inutile, Rindo ne voyait aucune solution...
   La sécurité de Haruchiyo passait avant tout. Rindo et lui avaient voulu jouer, et ils avaient perdu. Il fallait en assumer les conséquences...
   — Très bien, murmura Rindo en baissant les yeux. Nous ne nous verrons plus.
   — Mais Rindo, s'exclama Haruchiyo en le forçant à se tourner vers lui, vous ne pouvez pas céder, vous êtes le futur roi, c'est vous qui avait le pouvoir de faire ce que vous voulez !
   —Mon pouvoir est inutile dans ce genre de situation..., murmura le jeune homme en dégageant doucement son bras. Je ne veux pas prendre de risque, je ne veux pas détruire votre vie, et je ne veux pas vous attirer des problèmes. Haruchiyo... nous ne pouvons plus nous voir.
   — Mais les rumeurs vont passer, et bientôt tout le monde passera à autre chose, s'écria Haruchiyo à toute vitesse.
   — Mais oui, ne prenez pas de décision à la hâte, s'exclama Seishu. Vous aimez Haruchiyo, vous ne pouvez pas mettre fin à votre amour comme cela !
   — Tout cela va se tasser, ajouta précipitamment Ran. Takeomi, votre chantage est mauvais et inutile, Rindo remplira ses devoirs de roi, il épousera Senju et sera un bon mari, laissez-le vivre comme il le veut, et Senju pourra aussi vivre comme elle le souhaite.
   — Vous ne comprenez pas, s'écria Rindo, les larmes aux yeux. C'est la vie de Haruchiyo qui est en jeu, et je ne laisserais personne s'en prendre à lui. Alors s'il faut que je renonce à notre amour pour sa vie, je le ferais, même si c'est la chose qui m'est la plus douloureuse. Je suis désolé Haruchiyo, mais votre vie est plus précieuse que n'importe quoi d'autre.
   Rindo se détourna en retenant ses larmes, et s'en alla en serrant les poings. Il avait voulu aimer Haruchiyo, mais les belles histoires n'étaient pas offertes à tout le monde. Il aurait dû s'en douter. Leur relation était vouée à l'échec.

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Plus que trois chapitres 😶

(Rin aurait dû laisser Kazu planter Takeomi.)

Zoubi zoubi 😗

ÉpistolaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant