L'amour de l'ange

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  — Et bien, il ne vous a pas épargné, dit Seishu en riant.
   — 'Est 'i 'ouge 'ue 'e'a ?!
   — Pardon ?
   Rindo referma la bouche et se redressa pour se tourner vers son ami.
   — C'est si rouge que cela ?!
   — Plutôt oui, dit son ami en souriant. Attendez je vais vous montrer, penchez la tête.
   Rindo se tourna rapidement et s'adossa de nouveau au bord de la baignoire dans laquelle il était, se mettant dos à son ami. Il pencha la tête en arrière et ouvrit grand la bouche, Seishu plaça un miroir devant ses lèvres, et Rindo put alors voir l'intérieur de sa bouche. Oh non... Il ne pensait pas que cela ferait des traces, et encore moins si visibles ! Il y avait de grandes taches rouges sur son palais et au fond de sa bouche...
   — Oh mon dieu, dit Rindo en refermant la bouche. Penses-tu que le docteur l'a remarqué ?!
   — Je pense que oui, surtout vu le sourire qu'il a eu en vous auscultant.
   — C'est terriblement gênant... Pourquoi ai-je des tâches ?! Tu en as toi ?!
   — Cela m'arrive... Vous en avez lorsque vous y allez un peu fort avec votre partenaire, expliqua Seishu avec amusement. Peut-être que Haruchiyo y est allé un peu trop brutalement... ou trop loin... Surtout si vous l'avez fait de nombreuses fois...
   — Mais cela fait trois jours !
   — Ces tâches restent un moment, comme celles sur votre corps...
   Rindo ne sût pas quoi répondre. Cela faisait trois jours qu'il avait rencontré Haruchiyo, et qu'il était confiné dans son palais car tout le monde le pensait très malade. Il n'avait même pas le droit de sortir de ses appartements pour se balader dans les jardins, ou juste aller faire un tour dans la bibliothèque. Il était enfermé dans ses quartiers, et seul Seishu avait le droit de venir le voir, en plus de ses femmes de chambres qui s'occupaient de lui. Un docteur aussi était venu le voir, alors Rindo avait dû feindre d'être malade, et Seishu lui avait fait faire de l'exercice juste avant sa consultation, pour augmenter la température du corps. Le docteur n'y avait que du feu.
   Depuis sa venue, Rindo était donc enfermé dans ses quartiers, et il commençait vraiment à tourner en rond. Ran était discrètement venu le voir pour lui tenir compagnie, la reine aussi était passée, tenant un mouchoir contre son visage comme si Rindo portait un virus mortel. Mais aucune visite extérieure n'avait été acceptée, alors le jeune homme n'avait pas pu voir Haruchiyo. Il se contentait de lui envoyer de petites lettres en envoyant Seishu chez les Kokonoi (c'était aussi un moyen pour lui de permettre à son ami de voir l'homme qu'il aimait !).
   Mais c'était peut-être mieux qu'il ne voit pas Haruchiyo pour l'instant, car son corps ne s'était toujours pas remis de ses caresses. Rindo avait toujours du mal à marcher, et les taches violettes entre ses jambes et sur sa poitrine ne voulait décidément pas partir.
   Rindo soupira et regarda son corps qui baignait dans l'eau de son bain.
   — Pourquoi a-t-il marqué ainsi ma peau, demanda-t-il en appuyant sur l'un de ses suçons pour voir si cela était douloureux.
   — C'est plaisant à faire, et puis c'est une façon de montrer que vous lui appartenez. Mais si vous n'aimez pas, vous pouvez lui demander de ne pas le faire.
   — Vraiment ?
   — Bien sûr. S'il y a quelque chose que vous ne voulez pas faire, il faut le prévenir et il ne vous forcera pas, assura Seishu en souriant.
   — Vous laissez Hajime vous en faire ?
   — Non, car je ne veux pas que mes femmes de chambre les voient. Mais j'en fais à Hajime, cela ne le dérange pas.
   — Je vois. Oh Seishu... Je suis vraiment perdu, je ne sais rien de tout cela... Je ne sais rien faire, Haruchiyo ne voudra plus de moi, se lamenta Rindo en prenant sa tête entre ses mains.
   — Pourtant vous avez eu toute une nuit pour vous entraîner...
   — Ne riez pas !
   — Je ne ris pas !
   — Seishu comment as-tu appris à satisfaire Hajime, demanda Rindo avec sérieux.
   Seishu rougit violemment et secoua la tête.
   — Sir je ne peux pas parler de cela enfin...
   — Mais j'ai besoin d'aide ! S'il te plaît !
   Seishu hésita un instant. Il était agenouillé derrière Rindo, à même le sol. Son kimono ouvert à niveau de ses cuisses laissait voir ses genoux poser sur le carrelage, autour desquels de petites gouttes d'eau jaillit du bain de Rindo se réunissaient flaque. Il avait ses mains dans les cheveux humides du jeune prince, qu'il était occupé à démêler et à rincer délicatement. Comme à chaque fois qu'ils abordaient ce genre de sujets, ses joues avaient rougi et son regard était devenu fuyant, mais il dut prendre sur lui car il dit finalement :
   — C'est Hajime qui m'a tout appris... Avant je ne savais rien, mais il m'a montré comment faire et j'ai fini par comprendre tout seul. Et puis... j'ai aussi demandé à Izana...
   — Izana, dit Rindo avec surprise.
   — Oui, je savais qu'il avait déjà eu de nombreuses aventures...
   Rindo ne répondit rien. Il n'était pas surpris que Seishu dise cela, lui aussi savait déjà que Izana avait une sexualité très libre. Il était l'ami attitré de son grand frère, Ran, alors ils avaient tous grandi ensemble et il faisait parti de la famille royale. Actuellement il était à Tokyo, puisque Ran était là, et il logeait naturellement dans le palais royal, mais le reste de l'année, il vivait en Corée, avec Ran et Yuzuha. Rindo l'appréciait beaucoup, c'était un homme assez excentrique, qui n'avait aucun filtre à sa pensée, et qui était plutôt amusant. Et puis il avait toujours été proche de Seishu, comme ils avaient tous les deux le même titre, c'était lui qui lui avait tout appris en quelques sortes.
   — Mais comment as-tu pu lui demander cela, demanda Rindo sans comprendre. Tu m'as dit que ta relation avec Hajime date d'il y a plus de quatre mois, or Izana n'est ici que depuis le début de la saison mondaine. Tu lui as demandé par lettre ?
   — Je... En réalité je... et bien...
   — Quoi donc ?
   — Avec Hajime... notre relation officielle date bien d'il y a approximativement quatre mois mais... Il s'est déjà passé des choses entre nous avant, avoua Seishu avec gêne.
   Rindo se tourna vivement vers lui, projetant de l'eau sur le sol.
   — Et tu ne me l'as pas dit ?!
   — Je ne voulais pas vous contrarier... Et puis ce n'était rien d'officiel...
   — Que s'est-il passé, s'exclama Rindo avec excitation.
   — J'ai fait ma première fois avec lui l'année dernière, murmura Seishu en rougissant. C'était après une cérémonie, il était légèrement alcoolisé et m'a avoué que je lui plaisais beaucoup... Je dois avouer que j'en ai profité pour... voilà...
   — Mais alors pourquoi ne pas être devenu son amant à cet instant, demanda le jeune homme en s'accoudant au rebord de sa baignoire.
   — Il n'était pas encore fiancé et je ne voulais pas lui enlever toute ses chances de trouver une femme. Et puis j'avais peur de faire cela, et je pensais que si le temps passait, mon amour partirait.
   — Et il est parti, demanda Rindo sans réfléchir.
   — Enfin Sir ! Je vous ai dit que je l'aimais !
   — Oh oui, je suis stupide. Mais alors que s'est-il passé ?
   — J'ai demandé à Hajime d'attendre pour me laisser réfléchir, et aussi d'accepter la femme que je lui proposerais pour son mariage. Alors je lui ai proposé la duchesse du clan Kinsue et il a accepté.
   — Mais leur fiançailles datent d'il y a un moment, dit Rindo en fronçant les sourcils. Les datent ne coïncident pas, vous devriez être amants depuis longtemps.
   Seishu rougit un peu plus et commença à se triturer les mains.
   — Qu'y a-t-il ?
   — J'ai honte, dit-il en baissant les yeux.
   — Pourquoi donc ?
   — Je... J'ai posé plusieurs conditions à Hajime pour qu'il soit mon amant, et pour être sûr qu'il le voulait vraiment...
   — Et donc ?
   — Je lui ai demandé de ne jamais avoir d'autres amants que moi et...
   — Et ?
   — Je lui ai demandé d'attendre six mois avant d'être mon amant.
   Rindo dévisagea son ami avec incrédulité. Six mois ?! La moitié d'une année ?! C'était une longue période, quel était l'intérêt de le faire patienter six mois ?! Rindo ne pourrait jamais imposer cela à Haruchiyo, il ne le ferait pas même attendre une seule seconde !
   — Mais pourquoi l'avoir fait attendre six mois ?!
   — Je ne sais pas, gémit Seishu en prenant son visage entre ses mains. Je voulais être sûr qu'il me désirait...
   — Un mois n'était pas suffisant, demanda Rindo en riant.
   — Si, ça l'aurait été ! Je n'ai pas réfléchi, je m'en veux tellement... C'était les mois les plus longs de toute mon existence.
   — Et Hajime a attendu ?
   — Oui, il n'a pas eu une seule aventure et a continué de me désirer, dit Seishu en rougissant.
   — Et bien ! Il doit vraiment tenir à toi pour sagement attendre six mois, constata Rindo en souriant.
   Seishu ne répondit pas et baissa les yeux avec un mélange de honte, de gêne et de joie.
   — Bien et c'est lors de cette période d'attente que Izana t'as conseillé, reprit Rindo.
   — C'est cela. Je dois avouer que c'était à la fois très ludique, et très gênant. Il m'a expliqué beaucoup de choses. Peut-être trop. Et avec énormément de détails...
   — Que t'a-t-il expliqué ?
   — Il était très investi, alors il m'a parlé de l'acte en lui-même, du plaisir, il est allé jusqu'à dessiner des positions, s'exclama Seishu, les joues toutes rouges.
   — Y a-t-il beaucoup de positions ?
   — Autant que vous avez d'imagination.
   — Et dois-je toutes les connaître, demanda Rindo avec inquiétude.
   — Oh non ! Et puis il est mieux de les découvrir sur le moment.
   Rindo acquiesça en silence. Il ne savait pas vraiment quoi penser de tout cela, il n'y connaissait que peu de chose, et il avait peur de mal s'y prendre. Lorsqu'il repensait à sa nuit avec Haruchiyo, celui-ci avait plutôt l'air satisfait de lui, mais peut-être était-ce seulement dans l'euphorie de leur rencontre et du moment. Il ne voudrait peut-être pas le refaire avec lui, ni même le revoir ?
   Rindo n'en savait rien, il était difficile de savoir ce que Haruchiyo désirait réellement. Il ne voulait pas le décevoir et être un piètre partenaire au lit, il aimerait beaucoup s'entraîner pour être sûr de pouvoir assouvir, mais l'amour et le plaisir n'étaient pas des domaines dans lesquels il était possible de s'exercer...
   Haruchiyo pensait-il à lui ? Lui manquait-il ? Rindo aimerait beaucoup lui manquer, mais il doutait de cela. Haruchiyo venait d'arriver alors il devait être très occupé et ne pas avoir le temps de penser à lui...
   — Penses-tu qu'il songe à moi, demanda Rindo en ramenant ses genoux contre son torse.
   — Je ne saurais vous le dire, je ne le connais pas. Mais dans ses lettres il avait l'air très attaché à vous, cela m'étonnerait qu'il vous ait oublié, assura Seishu.
   — Je l'espère. Et... Est-ce normal que je ressente continuellement du plaisir ?
   — P-pardon, s'exclama Seishu en rougissant de nouveau.
   — Je n'arrête pas de vouloir que Haruchiyo me fasse encore l'amour, expliqua Rindo avec incrédulité. Est-ce normal ou ai-je un problème ?!
   — C-c'est normal, dit Seishu avec gêne. Moi aussi je ressentais cela au début, comme vous découvrez de nouvelles choses, vous ne pouvez vous empêcher d'y penser en permanence... Cela donne lieu à des excès de plaisirs charnels.
   — Oh... Et que faut-il faire ? Est-ce que nous devons céder à ces pulsions ou y résister ?
   — Je... e-enfin c'est... c'est... c-comme vous le voulez...
   — Que faisais-tu toi ?
   — Oh c'est tellement gênant de parler de cela, gémit Seishu.
   — C'est naturel non ?
   — Oui mais... c'est un peu... un peu étrange... Je... Lorsque j'ai commencé à... à... avec Hajime, c'était une semaine où vous étiez parti voir votre frère. Vous m'aviez demandé de rester ici pour surveiller vos affaires et qu'il n'y ait pas de problèmes en votre absence.
   — Je m'en souviens, dit Rindo en cherchant dans ses souvenirs.
   — Et bien... Cette semaine j'ai... Hajime est venu au palais pour me tenir compagnie et toute la semaine nous avons...
   Rindo écarquilla les yeux et se tourna vivement vers son ami.
   — Toute la semaine, s'exclama-t-il avec un mélange d'excitation et de surprise.
   Seishu acquiesça timidement. Rindo n'arrivait pas à croire que Seishu ait pu faire cela toute une semaine ! Même s'il devait avouer que cela avait l'air incroyable ! Et bien, Seishu était vraiment très secret, si Rindo n'aurait jamais eu d'aventure, il ne lui aurait jamais raconté ce qu'il se passait entre lui et Hajime. Rindo était légèrement vexé de cela, lui il racontait tout à Seishu, et il lui avait toujours parlé de Haruchiyo et d'à quel point il hantait ses pensées. Mais Seishu ne lui disait rien, et il ne voulait pas lui parler de ce qui le rendait le plus heureux...
   Était-ce parce qu'il ne lui faisait pas confiance ? Pourtant Rindo ne répéterait jamais ses secrets, même s'il adorait les commérages, il savait poser ses limites et il ne nuirait jamais à son meilleur ami. Peut-être était-ce de sa faute au final. Peut-être ne l'avait-il pas suffisamment mis en confiance pour que Seishu lui raconte ces détails-là de sa vie, et peut-être ne qu'il ne faisait pas suffisamment attention à lui...
   Et s'il était tout simplement une personne égoïste et autocentrée ?! Et s'il ne pensait qu'à lui, sans jamais faire attention aux autres ?!
   Certes, ces derniers mois Rindo avait accordé toute son attention à Haruchiyo, depuis qu'il connaissait son existence il ne pouvait plus penser qu'à lui, mais il n'avait pas négligé Seishu pour autant ! Il faisait toujours très attention à lui, et à ses amis aussi. Il détestait parler de lui, sauf lorsque cela concernait Haruchiyo, et il préférait écouter ses amis parler d'eux. Il n'était pas égoïste, il pensait toujours à ses amis et à Seishu... Mais alors comment avait-il pu ne pas remarquer ce qu'il se passait entre Seishu et Hajime ?
   Le jeune baissa les yeux, troublé.
   L'eau de son bain s'était refroidie sans qu'il ne le remarque, et le lit de mousse qui couvrait l'eau brumeuse avait disparu, laissant son corps apparaître.
   — Vous devriez sortir du bain, dit Seishu en le remarquant. Vous allez véritablement tomber malade.
   Rindo acquiesça silencieusement et se releva. Il sortit de la baignoire et enfila le peignoir de coton que lui tendait son ami, l'enfila, et partit dans sa chambre s'asseoir devant sa coiffeuse.
   — Tout va bien, s'inquiéta Seishu en voyant qu'il évitait son regard.
   — Je suis un horrible ami, dit Rindo à voix basse.
   — Bien sûr que non ! Pourquoi dites-vous cela ?!
   — Je ne fais pas attention à toi et je n'ai même pas vu que tu aimais Hajime. Je ne te mérite pas, toi tu fais toujours attention à moi.
   — Vous ne l'avez pas remarqué parce que je le cache très bien, Hajime lui-même doute parfois de mes sentiments lorsqu'il me voit agir en public avec lui, dit Seishu en venant s'agenouiller devant lui.
   — Peu importe, j'aurais dû voir que tu l'aimais.
   — Vous n'auriez pas pu Sir, dit Seishu en souriant doucement. Et puis vous faites très attention à moi, mais vous savez, il est difficile de reconnaître l'amour lorsque l'on ne l'a jamais observé.
   — Ce n'est pas une raison.
   Seishu se releva sans cesser de sourire et l'entoura de ses bras.
   — Ne soyez pas triste, vous êtes le meilleur ami que l'on puisse avoir, assura-t-il.
   — Si tu le dis, murmura Rindo en baissant les yeux.
   Seishu se releva et vint se placer derrière lui. Il saisit une brosse et commença à brosser les cheveux du jeune homme, avant de les séparer en plusieurs parties pour se préparer à les tresser.
   — Tu sais que tu n'es pas obligé de faire cela ? Ce sont mes femmes de chambre qui doivent me coiffer.
   — J'aime bien le faire, et puis en général vous profitez de ces moments pour me raconter toutes les dernières rumeurs du royaume... ou me parler de Haruchiyo, ajouta Seishu d'un air entendu.
   — Je n'ai pas grand chose à dire... Je ne suis plus au courant de rien depuis mon confinement.
   — J'ai obtenu quelques informations si cela vous intéresse.
   — Lesquelles ?
   — Emma Sano aurait demandé à décaler son mariage en raison des... derniers événements qui se sont déroulés, expliqua Seishu en essuyant les mèches trempées de Rindo.
   — Vraiment ? Qu'a dit son grand-père ?
   — Il a accepté.
   — Pauvre Emma, cela ne doit pas être évident...
   — Je ne sais pas, Keisuke m'a dit qu'il l'avait croisé hier et qu'elle semblait en parfaite forme.
   — Peut-être qu'elle fait semblant d'aller bien en public, proposa Rindo.
   — Cela m'étonnerait, si Emma avait vraiment mal vécu cette tromperie, elle l'aurait fait entendre et aurait fait passer Ken pour un véritable débauché aux yeux de tout le monde.
   — Alors pourquoi repousser le mariage ? Cela ne fait que laisser plus de temps à Ken et Manjiro pour se voir plus librement.
   — Je ne le sais pas Sir...
   — Peut-être a-t-elle un amant ? Ou alors elle attend qu'un autre homme lui fasse une promesse de mariage, suggéra Rindo.
   — Cela est possible effectivement, dit Seishu d'un air pensif. Il me semble qu'elle s'entend bien avec Chifuyu, peut-être préfère-t-elle se marier à lui ?
   — Chifuyu ? Je n'y crois pas vraiment, et son rang est inférieur à celui de Ken, Emma ne peut pas changer de mari pour prendre Chifuyu.
   — Vous n'avez pas tort. Mais presque tous les hommes du royaume sont fiancés.
   — Il reste Haruchiyo, mais ils ne se connaissent pas, songez Rindo. Il y a aussi Manjiro mais c'est son frère... Sinon, Shuji n'est pas fiancé, et Ryusei non plus. Il y a aussi Tetta...
   — Oh mon dieu, j'espère pour elle qu'elle ne choisira pas Tetta, s'exclama Seishu avec révulsion. C'est un homme horrible.
   — Et encore, c'est un euphémisme. Ryusei est déjà l'un des amants de Keisuke, mais peut-être qu'il cherche à se marier et qu'Emma l'intéresse ? Ou bien elle souhaite se marier avec Shuji. Ils s'entendent très bien, cela serait cohérent.
   — Je crois que Shuji est contre le mariage, dit Seishu en plaçant des épingles dans la coiffure du jeune homme.
   — Oui mais cela m'étonnerait que sa mère le laisse rester seul. S'il ne se choisit pas vite quelqu'un, il sera marié à une femme peu recommandable, répliqua Rindo.
   — C'est vrai. C'est un bel homme, il est possible que Emma le préfère. Ou bien peut-être s'est-elle éprise du frère de votre belle sœur ?
   — Hakkai, demanda Rindo en haussant les sourcils. Il n'est venu que deux fois ici alors Emma ne l'a pas beaucoup vu, et puis il vit en Corée... Il me semble qu'il aime déjà un homme là-bas, il m'avait parlé d'un Takashi.
   — Oh... Alors Hakkai ne s'intéressera pas à Emma.
   — Cela serait étonnant. D'ailleurs Seishu, je me demandais, comment trouves-tu la fiancée d'Hajime, demanda Rindo en levant les yeux vers son ami.
   — C'est une femme respectable.
   — Comment la trouves-tu personnellement ?
   — Honnêtement, je la trouve assez futile et naïve. Et elle n'est pas le genre de beauté que j'aime.
   — Alors pourquoi l'as-tu choisi pour Hajime ?
   — Je voulais voir s'il était prêt à accepter une femme qui était l'exact opposée de ce qu'il aime. S'il était prêt à le faire pour moi...
   — Tu n'as pas été tendre avec lui, dit Rindo en souriant.
   — Je le sais... Je m'en veux de ne pas avoir choisi une femme avec qui il pourrait s'entendre...
   — Au moins tu es sûr qu'elle ne volera pas son cœur.
   — Oui, dit Seishu avec gêne. C'est l'un des critères qui m'a poussé à la choisir...
   — Cela ne m'étonne pas. Comment es-tu tombé amoureux de lui ?
   — Je n'en ai pas la moindre idée, cela s'est fait naturellement... Un jour je me suis rendu compte que je ne pensais qu'à lui et j'ai réalisé que je l'aimais, mais je n'ai pas senti mon amour arriver, dit Seishu en souriant.
   — Et qu'aimes-tu chez lui en particulier ?
   — C'est une bonne question... Je crois que j'aime beaucoup le voir sourire.
   — Vraiment ? Qu'y a-t-il de spécial dans son sourire ?
   — Je ne sais pas, il doit sans doute être assez banal. Mais le voir sourire sincèrement me donne envie de sourire, je trouve cela rayonnant. Il a un sourire doux et tendre, lumineux, et si agréable...
   Rindo sourit sans rien ajouter là-dessus.
   — Et si tu allais lui rendre visite ?
   — Cela ne vous dérange pas de rester seul ?
   — Non pas du tout, et puis je serais heureux de te savoir avec Hajime.
   — Qu'allez-vous faire tout seul ?
   — Je n'ai pas grand chose à faire, je me reposerais sûrement.
   — Je peux vous apporter de nouveaux livres si vous le voulez. Ou bien je peux demander à Haruchiyo de passer vous voir ?
   — Cela serait risqué, Takeomi surveille mes quartiers et il est persuadé que je ne suis pas malade.
   — Cet homme est un vrai fléau, dit Seishu avec agacement. Il ne vous laissera donc jamais tranquille ?
   — Pas avant que j'épouse Senju, souffla Rindo. Sans parler de mes parents qui me harcèlent pour avoir des enfants le plus tôt possible. Je ne vois vraiment pas comment je ferais avec Senju, je ne pourrais pas lui cacher que cela me dégoûte...
   — Surtout que si vous ne prenez aucun plaisir, vous ne pourrez pas lui faire d'enfant, ajouta Seishu en terminant de le coiffer.
   — Nous ne risquons pas d'aller loin tous les deux...
   — Ou bien, vous pouvez tout expliquer à Senju, et lui demander d'accepter la présence de Haruchiyo pendant l'acte, pour que vous puissiez prendre du plaisir, dit son ami avec amusement.
   — Nous serions trois ?! Est-ce possible, s'exclama Rindo en se tournant vers son ami.
   — Bien sûr, le plaisir charnel peut se partager à plusieurs. Mais en l'occurrence, c'était une plaisanterie, dit Seishu avec un petit rire.
   — Oh... Mais comment fait-on à plusieurs ? Nous ne pouvons être pris que par une personne à la fois !
   — J-je- Je vous passerais les dessins d'Izana.
   — Oh tu les as conservés, comprit Rindo avec un sourire amusé.
   Seishu rougit violemment, ce qui fit éclater de rire le jeune homme.
   — Oui, mais par simple curiosité ! Je n'ai jamais prêté mon corps qu'à Hajime !
   — Oh oui bien sûr. De toute façon tu es libre de disposer de ton corps à ta guise !
   — Je vous jure que je n'ai jamais fait cela ! Je ne suis pas comme vos amis !
   — Ah oui ?! Qui fait cela ?!
   — J-Je ne sais pas... Izana, Keisuke, Manjiro... Beaucoup de personnes font cela, dit Seishu en détournant le regard.
   — ... J'étais donc le seul à être encore pur, réalisa Rindo d'un air interdit.
   — ... Et bien... Non... Emma est encore pure... Enfin il me semble ? Senju l'est aussi !
   — Oh mon dieu... Même Takemichi n'est plus pur puisqu'il a déjà eu sa nuit de noce, qu'elle honte, s'exclama Rindo.
   — Sir ce n'est pas si grave, dit Seishu en riant. Et puis vous avez rattrapé le temps perdu avec Haruchiyo !
   — Tout de même ! Cela est particulièrement honteux, il faut à tout prix que je perde toute mon innocence, déclara Rindo avec détermination.
   — Vous en avez déjà perdu une bonne partie...
   — Je vais aller voir Izana pour qu'il m'apprenne tout ce que je dois savoir.
   — Maintenant ?!
   — Je n'ai pas de temps à perdre, je dois savoir autant de choses que possible pour la prochaine fois que je verrais Haruchiyo. Le dernier mot qu'il m'a écrit laissait entendre... beaucoup de choses érotiques, alors je dois me préparer à tout cela, dit le jeune homme en se levant.
   — Mais Sir !
   Rindo ne l'écouta pas et partit vers la porte de sa chambre.
   — Va chez Hajime et profite un peu de sa présence, moi, je m'en vais m'instruire sur la vie.

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Bon c'était plus un chap sur le kokonui mais en même temps le kokonui >>>>
Et puis Seishu doit bien apprendre la vie à Rindo 👀

Aucun rapport mais pour ceux qui ne savent pas et que ça intéresse, j'ai ouvert un calendrier de l'avant commun alors n'hésitez pas à aller le voir sur mon compte, vous trouverez toutes les infos dont vous avez besoin dessus !

Zoubi zoubi :)

ÉpistolaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant