Chapitre 27 - En scène

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Je ne suis pas réellement sûr d'avoir déjà rêvé. J'ai des rêves que je veux accomplir, bien évidemment, mais la nuit aucun d'entre eux ne me rends visite. Je n'ai jamais eu la chance de pouvoir raconter le rêve merveilleux que je venais de faire, à ma mère.

À la place, je lui racontais à quel point mes souvenirs pouvaient être précis, et à quel point ils me rongeaient. Alors, j'ai essayée de ne pas dormir de la nuit, un vrai supplice, j'ai tentée l'hypnose lorsque ma mère a fait appel à une de nos voisines, hypnothérapeute, pourtant rien n'a réellement fonctionné.

J'en suis même venue au point de m'y habituer, revoir cette scène et ressentir chaque goutte d'adrénaline qui a coulé dans mon sang ce jour-là. Parce que ma mère pensait que je ne comprenais pas ce qui était en train de se dérouler, je savais parfaitement que derrière mes mains couvrant mes yeux, se trouvait une guerre trop moche à regarder pour une enfant de 5 ans.

Au final, tous me ramènent à ça, la nuit dans mes cauchemars, le jour à Washington. Et aujourd'hui coincée ici.

Une poigne étrangement humiliante agrippa mes cheveux, me les tirants violemment en arrière. Je lâchai, sous la douleur, un cri de souffrance face à son geste brutal. Mon corps sursauta en recevant un coup sec au visage. J'eus l'impression de sentir mon âme sortir de mon corps, encore une fois.

Mes yeux se rouvrirent dans un sursaut de douleur. Un homme me tenait le cuir chevelu, la main levée dans les airs, prêt à l'abattre.

- C'est pas trop tôt bordel, réveille-toi !

Il balança ma tête sur le tapis qui me servait de matelas et repartit en fermant le box derrière lui.

Ma respiration n'était pas fluide, mon dos me lançait à force de dormir à même le sol. Si je ne m'étais pas trompé, cela faisait quatre jours que j'étais enfermé dans ce box noir et gelé.

À tout moment, mon corps pouvait tomber en hypothermie, il devait faire 10 degrés maximum dans la pièce. Le noir complet de l'endroit, me donnait l'impression de rester endormie toute la journée, je ne voyais pas la lumière du jour entrer dans le box.

Quatre jours. Quatre jours que je réclame en vain, plus d'un repas par jour, si l'on peut appeler ça, comme ça. Quatre jours que je les supplie de me laisser aller aux toilettes, quatre jours que les cris tourmentés des filles dans le box voisin, me tordent le ventre.

Et enfin quatre jours que j'attends.

Quelques fois, lorsque je deviens trop bruyante, un ou deux hommes débarquent pour me faire taire. J'ai arrêté de deviner le nombre de bleus qui parcourent ma peau.

Quatre jours pendant lesquels, j'avais eu l'espoir que Finn, Lou ou même Nox viennent me chercher.

Aujourd'hui, les hommes de Charles m'avaient autorisée à prendre une douche, c'était à peine si j'avais encore la volonté de bouger la loque qui me servait de corps. L'isolement me rendait folle.

Le box s'éclaira de la lumière jaunâtre que renvoyait l'ampoule au plafond. Mes yeux prirent quelques secondes à s'acclimater à la lumière, puis j'aperçus à mes pieds, un verre d'eau, une assiette de lasagnes et une pomme.

C'est sûrement un jour de fête pour avoir le droit à autre chose que du pain.

Après les avoir engloutis à toute vitesse, à m'en donner mal au ventre, deux types sans aucun sens de la délicatesse, étaient revenues me chercher en me couvrant les yeux d'un tissu, ils me guidèrent jusqu'à une salle de bain étonnement propre et assez grande.

Je ne pourrais pas expliquer la sensation de sentir mon corps de nouveau propre après plusieurs jours sans l'avoir été, je n'avais qu'une envie, c'était de terminer ma nuit accroupie en boule, sous l'eau ruisselante de la douche.

L'espoir est mauvaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant