Chapitre 56 - Caché dans l'ombre

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Cet endroit me filait la migraine.

Si je n'étais pas forcée de me rendre dans ce genre de soirée, je serais à des kilomètres d'avoir l'envie de mettre, ne serait-ce qu'un orteil dans cette marée noire d'homme et de femme.

Hormis le bruit assourdissant des conversations de chaque petit groupe formé dans la grande salle, c'étaient les personnes qui me dérangeaient le plus. Aucun d'entre eux ne le disait explicitement, mais chacun cherchait un nouvel allié ou un nouveau collaborateur.

Je le voyais très clairement lorsque certains venaient faire irruption dans la discussion qu'entretenait mon père depuis de longues minutes avec l'un de ses hommes.

Son attitude me faisait rire, qui aurait cru que Caïn Williams était quelqu'un d'introvertis, nous sommes arrivés depuis une demi-heure et il n'avait encore été à la rencontre d'aucune personne. Il justifiait ça par son manque d'envie d'être ici, et par le fait qu'il n'était ici que pour m'accompagner, mais je le connaissais bien désormais, il était comme moi, ou plutôt, j'étais comme lui.

Nous aimions l'authenticité, or, ces gens aux yeux striés tels des reptiles, n'étaient qu'artifice et beaux discours. Si je devais en juger à ça, je dirais que dans ce milieu, l'argent est un parfait bouclier pour échapper à la moralité.

En parlant de moralité, les femmes présentes entre ses murs étaient dénuées de tout sens moral tout comme leur mari, frère ou cousin.

Tout le monde fermait les yeux sur le jeu répugnant qu'elles jouaient ce soir, accrochées aux bras d'hommes, elles étaient présentées telles des trophées plus brillants les uns que les autres.

Surtout plus jeunes les unes que les autres.

- C'est une manie chez lui d'arriver en retard aux soirées auxquelles on l'invite ? S'agaça mon père, une coupe de champagne à la main.

- La ponctualité et la sincérité agissent comme du poison sur lui, il les a en horreur.

Je perçus son regard en coin lorsqu'il rit à ma remarque tranchante. 

- En tout cas, il ne sait pas ce qu'il rate.

Je tournai rapidement la tête pour le voir sourire avec une pointe de fierté dans le rictus de ses lèvres. Ce n'était pas le moment de l'étouffer d'un câlin dont j'avais affreusement envie, pourtant, je savais que comme moi, il était heureux de nos retrouvailles.

Une étincelle traversa son regard.

- Je ne me suis pas apprêté pour lui, mais je te remercie de souligner à quel point je suis superbe. Plaisantai-je.

Je portais une simple robe bleu nuit possédant une fente sur le côté, qui aurait presque pu m'agacer si elle ne me permettait pas facilement l'accès au couteau caché le long de ma cuisse.

Nous étions toujours au milieu de cette pièce, moi, mon père et l'un de nos hommes. J'appréciais de ne voir personne se retourner à notre passage, comme c'était le cas lors des précédents galas auxquels il m'avait traîné de trop nombreuses fois.

Peu de gens pouvaient reconnaître le visage de Caïn Williams et encore moins celui du dirigeant du réseau Coleman. Il avait fait en sorte de disparaître de la mémoire des gens le plus vite possible et c'était le cas. 

Dans la salle adjacente, je regardais les gens danser sur des musiques bien trop ennuyeuses. Les grandes baies vitrées en arc de cercle étaient recouvertes de fins rideaux foncés. Seule la pleine lune était distinguable.

- Que dirais-tu d'aller se jeter sur le buffet, je meurs de faim.

- Je n'ai pas faim, merci. Dis-je en tournant la tête de tous les côtés pour voir si cet abruti n'était pas arrivé pendant mon moment d'inattention.

L'espoir est mauvaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant