She's Lost Control

CHAPITRE 14 - The Pollywog Part. III

Flashback — 12 Novembre 1983

C'était pas possible... Elle était en train d'halluciner, d'imaginer des choses. Rien de tout ça n'était réel.

Les yeux écarquillés d'horreur, Jo fixa les morceaux de plâtre qui se détachaient du trou béant qui venait de se former dans le plafond dans un coin du salon, révélant une pellicule épaisse qui lui fit penser à un genre de placenta de l'enfer. Les débris qui tombaient au sol dans un fracas assourdissant bourdonnaient lourdement à ses oreilles, faisant osciller sa conscience entre le moment présent et un entre-deux impalpable, avant qu'un grognement qui n'avait rien d'humain ne résonne dans toute la maison, lui décochant un frisson nauséeux le long de la colonne vertébrale.

Jo sursauta quand Nancy se mit à tirer plusieurs fois sur la forme mouvante qui se dessinait derrière la pellicule visqueuse. Elle eut le temps d'apercevoir une main aux longs doigts crochus réussir à déchirer la pellicule et s'agripper au rebord du trou, avant qu'elle ne soit bousculée dans tous les sens quand Nancy et Jonathan se ruèrent sur elle et Steve pour les faire reculer vers le couloir qui menait aux chambres.

— Courrez ! Courrez ! ordonna Jonathan en posant une main dans le dos de Jo, la forçant à se remettre en mouvement malgré la paralysie effrayante qui possédait son cerveau.

Jo fixa d'un regard pétrifié la forme humanoïde qui tombait lourdement au sol en lâchant un grondement animal, la drogue et l'alcool qui courraient toujours dans son système se transformant en onde glaciale qui sembla étrangler ses neurones. La chose devait faire au moins deux mètres de haut, avait un corps maigre et sec recouvert d'une peau grise qui ne semblait jamais avoir vu la lumière du soleil, et une tête sans visage.

Une fraction de seconde plus tard, elle était entraînée de force vers le couloir par Nancy, qui lui hurla dessus pour qu'elle bouge alors que son frère—tout aussi pétrifié qu'elle—était tiré par le bras par Jonathan. Un hurlement qui n'avait pas sa place dans le monde qu'elle connaissait résonna lourdement dans la maison, électrisant ses sens alors qu'elle longeait à toute allure le couloir.

— Saute ! ordonna Nancy qui ouvrait la marche, en sautant elle-même au-dessus d'un piège à ours posé en plein milieu du couloir.

Jo s'exécuta avec l'impression que son corps n'était plus tout à fait le sien, la vision brouillée par les guirlandes de Noël qui continuaient de clignoter dans tous les sens tout autour d'eux. Elle entendit son frère hurler des « oh, mon Dieu » frénétiques dans son dos, avant qu'elle ne s'engouffre à la suite de Nancy dans la chambre de Will, au fond du couloir.

Elle fit quelques pas chancelants sur la moquette épaisse en observant sans la voir la décoration de la petite pièce qui était illuminée par à-coups par les lumières fluctuantes, avant de relever la tête vers la porte au moment où Jonathan et Steve arrivaient à leur tour. Nancy referma la porte d'un mouvement virulent et nerveux en actionnant le verrou dans la foulée, et Jo amena ses paumes de mains à ses paupières brûlantes, s'efforçant de faire taire le son de cloche qui hurlait sous sa boîte crânienne.

— C'est pas possible... C'est pas possible... elle marmonna entre ses dents serrées.

Elle sentit une nouvelle vague de nausée remonter le long de sa gorge, entremêlant tout à la fois sa soirée arrosée, les produits qu'elle avait pris et la peur viscérale qui était accrochée à sa colonne vertébrale, et elle tituba violemment sur place en sentant sa vision se brouiller, avant qu'elle ne sente la main de son jumeau venir se poser fermement sur sa nuque.

— Jo, reste avec moi, ordonna Steve en l'aidant à tenir debout.

La jeune femme releva péniblement la tête vers son frère qui posait une main sur sa joue brûlante pour lui faire relever le menton, observant de derrière le voile opaque qui couvrait ses yeux l'inquiétude ancrée dans les traits amochés du garçon. Elle cilla plusieurs fois pour essayer de faire le point, son anxiété redescendant d'un seul coup tout au fond de son estomac pour y grouiller frénétiquement.