CHAPITRE 25 - The Spy Part. I

45 4 0
                                    

3 Novembre 1984.

Leur sortie des tunnels. Ses yeux qui se plissent sous les faisceaux aveuglants des lampes. Des dizaines de silhouettes inconnues. D'autres hommes en combinaison argentée. Will qui convulse sur le sol. Will qui hurle, hurle, hurle sans pouvoir s'arrêter. Le cri est désespéré, au-delà de tout ce qu'elle a pu entendre avant.

Il faut qu'elle se réveille.

Joyce qui se précipite vers son fils. Les hommes qui grouillent dans tous les sens et ces lumières qui continuent d'attaquer sa cornée. Des mains qui la poussent à droite et à gauche, tout droit, par ici, venez.

On la pousse dans un véhicule. Au loin, Will continue de hurler. Un brassage de voix et de mouvements. Le silence pendant le trajet. Jim qui tente de lui parler. Elle n'entend pas ce qu'il dit.

Elle veut se réveiller.

La silhouette monstrueuse du laboratoire qui se dresse au milieu des ténèbres. D'autres mains qui la sortent du véhicule, qui la poussent vers l'entrée. Will continue de hurler à quelques mètres. Elle voit son corps allongé sur un brancard sortir d'une ambulance. On la fait avancer, vite. Elle trébuche contre le carrelage immaculé. Les néons au-dessus de sa tête brouillent sa vue, ses sens. Il y a trop de voix, trop de bruit, trop de lumière, trop de mouvement.

Elle va se réveiller.

Des mains, encore, qui la prennent et la poussent dans une grande salle froide aux murs couverts de carrelage gris. On la dépouille de tous ses vêtements, sans aucune pudeur, aucun tact. Elle n'entend plus Will. Elle n'entend plus Joyce.

Elle ne se réveille toujours pas.

Son corps tremblant est dirigé jusqu'au mur du fond. Et puis le jet puissant d'une eau glacée s'abat sur son dos, brûle sa peau. On la frotte consciencieusement. Brutalement. Elle est frigorifiée. Perdue. Terrorisée.

Elle ne se réveille toujours pas...

-

Steve roulait le long d'une route solitaire qui entourait le centre d'Hawkins, son regard se perdant sur la végétation et les rares maisons qui bordaient la route. Une partie de son cerveau était encore dissipé par les mots qu'il avait répété et qu'il voulait dire à Nancy, l'autre tentait maladroitement d'assimiler ce que Dustin venait de lui expliquer. Le Hammer To Fall de Queen pulsait à faible volume depuis la stéréo.

— Attends une seconde, il déclara enfin en fronçant les sourcils. Gros comment, t'as dit ?

— Au début il était comme ça, répondit Dustin, en levant sa main gauche à hauteur de son visage, écartant son pouce et son index d'une quinzaine de centimètres. Maintenant il est comme ça, il ajouta en levant son bras droit, triplant la longueur qu'il voulait décrire entre ses mains.

— Je te jure, soupira Steve, en gardant un oeil sur la route. C'est juste une sorte de petit lézard, okay ?

— C'est pas un lézard, rétorqua Dustin en perdant patience.

— Comment tu le sais ?

— Comment je sais que c'est pas un lézard ?

— Comment tu sais que c'est pas juste un lézard ?! pressa Steve.

— Parce son visage s'est ouvert et il a mangé mon chat, déclara Dustin avec autant d'aplomb.

Steve garda le silence pendant quelques secondes, avant de faire une moue convaincue. Il était encore en train de se demander comment il avait pu faire pour se laisser entraîner dans les délires de Dustin quand ils arrivèrent devant la maison de ce dernier.

She's Lost ControlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant