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Seng Shan s'assit plus près de l'étrangère que du premier prince sur le chemin du retour. Ce dernier boudait toujours, évitant jusqu'au regard de Kande Misha. Le garde surveillait donc la nouvelle servante du coin de l'oeil, qui somnolait sur la banquette, la tête posée sur la porte du carrosse. Il voulait la faire parler, comprendre comment son lingot de verre allait la ramener chez elle, mais elle avait l'air si mal en point depuis que cet imbécile de vieux sage l'avait fait planer comme un oiseau au travers du palais impérial... Mieux valait ne pas la déranger pour la durée du voyage de retour: À voir l'humeur exécrable de son maître, il ne la laisserait pas se reposer une fois chez lui. 

Quand ils arrivèrent au palais du premier prince, il faisait déjà nuit. Le prince sortit du carrosse avant même qu'il ne soit tout à fait immortalisé, impatient de dégourdir ses jambes. Seng Shan jeta un coup d'oeil furtif vers la jeune femme, qui dormait tout à fait désormais, recroquevillée dans son coin du carrosse. 

- Kande Misha... Tu es réveillée? 

- Oui oui... J'arrive Sunshine.  

Seng Shan fronça les sourcils. L'étrangère avait déjà prononcé son nom correctement, mais cela faisait deux fois qu'elle le disait avec cet intonation. 

Il attendit encore quelques secondes qu'elle se lève seule mais le premier prince cria de l'extérieur: 

- Tian Seng Shan! Pourquoi la fille ne sort pas? Qu'est-ce qui prend tout ce temps?

Seng Shan se décida à la flatter doucement dans le dos pour l'encourager à se lever. Elle bailla derrière sa main puis se redressa. Le garde du corps sortit prestement du carrosse pour lui prendre galamment la main lorsqu'elle en sortit à son tour. Elle pencha la tête sur le côté en voyant son bras tendu vers elle mais prit tout de même sa main avant de descendre les quelques marches du tabouret. 

- Vous avez toujours la clé pour retourner chez vous? 

- Quoi? Oh! ... 

Elle fouilla les plis de sa robe, laissa sortir un soupir en sortant la boîte de verre de sa ceinture. 

- Merci, merci... dit-elle en inspirant longuement, visiblement soulagée. 

- Tian Seng Shan! 

- J'arrive, mon prince! Euh... Restez avec les autres gardes au cas où il vous fait appeler, ordonna-t-il à Misha avant de rejoindre Mo Yihuai dans ses appartements. Celui-ci marcha de long en large devant son homme de confiance avant de déclarer:

- Conduis-la vers ma consort. Elle lui trouvera de quoi s'occuper. 

Le garde prit congé du premier prince et retourna auprès de Misha, qui était demeurée sur le seuil où il l'avait laissé. Elle le dévisagea un instant, étudiant sa mine songeuse. 

- Je dois vous reconduire chez Qu Pan'er. 

- D'accord... Allons-y? 

Mais Seng Shan hésitait toujours.  

- Vous devriez me laisser la boîte. 

Devant son air inquisiteur, il pointa sa taille, où était rangé le smartphone. 

- Non non, vous ne savez même pas comment elle fonctionne! 

- Mais je ne vais pas l'utiliser juste...

Il regarda autour d'eux, se rappelant soudain l'existence des autres gardes. Il la prit par le bras malgré son apparente indignation face à tant de familiarité. 

- Venez. 

- Je peux vous suivre à distance! 

Il ne la relâcha pas avant qu'ils ne soient à l'abri des regards entre deux murs. Misha se massa le bras d'un air contrarié. 

- Qu Pan'er ne vous aime probablement pas parce que vous avez requis l'attention de son mari pendant plusieurs jours. Donc elle ne sera pas tendre avec vous elle non plus. 

- C'est vrai, j'ai déjà son mari sur le dos... 

- Si je prends votre boîte, ou clé, elle sera en sûreté avec moi. Personne ne me la volera, et je vous la rendrai dès que vous en aurez besoin. 

- Je ne sais pas...

Elle se mordit la lèvre, hésitant à faire confiance au bras droit du premier prince. 

- Je... Je dois le regarder d'abord! Pour euh... Je dois m'assurer que je sais comment elle fonctionne. Lorsque je serai sûre de moi je vous l'apporterai. 

Seng Shan sourit en acquiesçant, amusé. 

- Je vous comprends, vous ne me faites pas encore confiance. 

- Ce n'est pas vous... Je... 

- Je suis sincère. Je veux vous aider. 

Misha le toisa un moment sans rien dire, puis souffla: 

- Pourquoi? Je ne suis qu'une étrangère. 

Seng Shan inspira longuement, reconnaissant la justesse de cet argument. 

- D'accord, je vous dois bien une explication. Vous voyez Qu Pan'er, la consort du prince? 

- Oui, celle que vous devez toujours m'emmener voir, d'ailleurs... 

Elle fit mine de s'en aller mais Seng Shan la reprit par le bras du bout des doigts. Il reprit quand elle s'immobilisa:

- Sa petite soeur, Qu Tan'er, était... l'amie d'enfance de Mo Yihuai. Le premier prince est allé la demander en mariage à son père l'empereur et il a dit non. Apparemment, les dernières volontés du dernier empereur, Mo Yifen, était qu'elle épouse Mo Liancheng. 

- Mo Liancheng... le huitième prince? 

- Oui. 

- Donc... donc il est amoureux d'elle? De Qu Tan'er je veux dire? 

- Oui. Il cherche un moyen de devenir empereur, car ainsi il pourrait obliger son frère à lui céder Qu Tan'er en mariage. 

- L'aime-t-il toujours? 

- Justement... Mademoiselle Qu agit quelque peu bizarrement depuis qu'elle a appris qu'elle ne marierait pas Mo Yihuai. Elle a... Elle a eu un accident. 

- Un accident? 

- Elle s'est volontairement jeté contre un mur... Et depuis elle n'est plus tout à fait elle-même. Tantôt elle semble aimer Mo Liancheng, puis elle cherche à rencontrer le premier prince, puis elle manque le rendez-vous... Elle a aussi commencé à dire des choses qui ne font pas de sens, et à changer de personnalité. 

- Mon Dieu, comme c'est tragique, murmura Misha. 

- En effet... Je vous dis tout cela parce que... Peut-être que votre destinée est liée à celle de la famille royale. Peut-être que vous êtes dans ce monde, dans ce royaume, parce qu'il y a quelque chose de votre monde, qui aidera Mo Yihuai à devenir empereur. 

Misha lui jeta un regard effaré. 

- Vous êtes sérieux? C'est pour cela que vous 

- Ce n'est pas ce que je dis! Je dis que vous devriez essayer de les aider parce que cela vous fera peut-être retourner chez vous plus vite! 

Mais l'étrangère ne semblait pas plus apaisée par cette nuance. 

- Donc je ne suis là que pour... Peu importe. La journée a été longue. Amenez-moi auprès de la consort. 

Elle sortit du couloir sombre la première, sans même savoir où aller. Seng Shan la regarda sans bouger quelques secondes, attendant pour ce sens du devoir accompli qui normalement ferait taire ses scrupules. Comme il ne venait pas, le garde du corps courut pour la rattraper puis la guida jusqu'à la demeure de Qu Pan'er. 

Il alla se coucher en cherchant toujours comment faire en sorte que l'étrangère passe plus de temps avec lui sans que son supérieur et sa femme ne soupçonnent la véritable raison qui le poussait à chercher l'approbation de la jeune femme. 

Il voulait la voir sourire à nouveau comme elle avait souri lorsqu'elle dansait. 

Avant que tu ne partesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant