Avant que tu ne partes

18 / 十八

Misha sourit dans son sommeil en entendant une voix qui chantait à tue-tête une chanson de Rihanna. Mais quand elle ouvrit les yeux, elle se trouvait toujours dans un pavillon de la Chine impériale. La chanson ne s'arrêtait tout de même pas. 

- C'est mon smartphone ça? s'interrogea la jeune femme, réfutant aussitôt cette hypothèse. Elle n'avait pas de réseau ou d'Internet pour que son téléphone portable se mette à jouer une vidéo - d'autant plus qu'il ne s'agissait clairement pas de Rihanna elle-même, donc il ne pouvait s'agir d'une des chansons qu'elle avait téléchargées. Mais juste au moment où elle pensait cela, la voix mit fin à son imitation de la vedette barbadienne et soupira:

- Je ne sais pas ce que je donnerais pour ravoir mon téléphone! Jin Xin, tu crois qu'elle a un téléphone dans son monde? 

- Qu'est-ce qu'une... main-machine, Xiaotan? 

- C'est comme un petit ordinateur portable... laisse tomber, Jin Xin, tu ne comprendras pas cela non plus. 

Misha sortit du lit et ouvrit les portes coulissantes. Elle tomba nez à nez sur Qu Tan'er, qui tirait sa servante par le poignet vers la chambre. 

- Bonjour! s'exclama Misha, prise au dépourvu. 

- Hello! répondit la consort de Mo Liancheng de son meilleur accent américain. 

Misha sourit en poussant des exclamations de surprise puis renchérit: 

- Je suis belge, mais je parle anglais aussi. 

Qu Tan'er ne voyait pas où était la Belgique mais l'étrangère n'eut qu'à ajouter que c'était au nord de la France et qu'elle parlait français aussi pour que la consort s'excite encore plus et envoie sa servante leur préparer à manger pour un sleepover improvisé. 

- Ton chinois est extrêmement bon! Comment as-tu appris? 

- J'ai vécu en Chine pendant trois ans à cause de l'emploi de ma mère. Elle était diplomate. Ensuite j'y suis retournée un an pour l'université et depuis j'y vais une fois par année.  

- Tu es déjà allée à Beijing? 

- Mais oui, je vis à Beijing présentement! 

- Vraiment? 

-Vraiment! 

- Alors on se reconnaîtra lorsqu'on retournera dans le monde moderne parce que je suis la meilleure agente immobilière de Beijing. 

Misha rit, attendrie par l'enthousiasme de Xiaotan - à ne pas confondre avec Qu Tan'er, avait-elle appris, car cette dernière était la calme aristocrate qui partageait son corps avec Qu Xiaotan, la visiteuse de l'autre monde - puis reprit son sérieux pour lui demander: 

- Veux-tu retourner chez toi? 

- Oui, je le veux! 

- Mais... le huitième prince et toi? 

Xiaotan sembla embêtée; elle se gratta la tête en pinçant ses lèvres. 

- Je dois retrouver mon corps. Moi il n'y a que ma conscience qui est ici. 

- Sais-tu comment faire pour retourner? 

La consort pointa quelque chose derrière Misha. Celle-ci se retourna en fronçant les sourcils, ne voyant que la tête de lit. 

- J'ai vu le même lit avant de venir ici. 

- Qu'est-ce qui est écrit? 

- Chengcheng... Mo Liancheng l'a lu pour moi mais je ne me souviens pas de tout. Tout ce dont je me souviens, c'est qu'il y a mon nom et le sien écrit quelque part dans le poème.