Tempus Fugit - Tawny Romanoff

Chapitre 34

PDV Numéro Cinq

La fillette s'est enfin rendormie, plus facilement auprès de Witchy. Cette dernière n'a cessé de la contempler depuis. Le regard maternel qu'elle lui porte, bien plus éloquent qu'un quelconque mot, attendri mon cœur durci par la haine et le temps. Aussi, c'est non sans un peu de culpabilité que je romps cet instant.

Numéro cinq : Witchy ? Je suis désolé mais il va falloir que tu partes...

Witchy : Déjà, soupira-t-elle lasse. Quand est-ce que je la reverrai ?

Numéro cinq : Dans pas longtemps, affirmai-je catégorique. Mais pas avant qu'elle ne comprenne.

Mon amie soupire une fois de plus. Elle se défait ensuite de l'étreinte de l'enfant, remet ses couvertures en place et lui embrasse le front.

Witchy : Prends bien soin d'elle, soldat.

Numéro cinq : Promis, Witchy. Promis, répondis-je doucement.

***

Cooper est venu pour faire son tour de garde, mais j'ai insisté pour rester. Après tout, j'ai promis à Witchy que je prendrais soin de sa fille. Ma vieille amie est partie depuis un petit moment déjà, mais elle occupe toutes mes pensées.

Comment la vie peut-elle être une si grande chienne avec une femme pareil ?

Voir ses parents mourir sous ses yeux d'enfant, perdre son frère jumeau au combat, sombrer après la mort de sa femme et le suicide de sa fille, devenir complètement hors de contrôle, torturée puis écartée de tous...

Pourquoi la vie est-elle une si grande chienne avec une femme pareil ?

Après les événements du Mont Wundagore, le gouvernement l'a capturée et personne ne sait ce qu'il s'est passé. La seule chose dont je suis absolument sûr, c'est que Witchy n'a plus jamais été la même.

Soudain, je reçois un oreiller en plein dans la gueule.

Je sors de mes pensées et me concentre sur la petite, qui -visiblement- vient de se réveiller. Elle me regarde avec méfiance.

Numéro cinq : Hé, ça va, gamine ?

Aucune réponse.

Je me lève et tente de la rejoindre, mais elle me lance une lampe de chevet ainsi que des médocs en pleine tronche. Je les esquive facilement et lève les mains en signe de reddition.

Numéro cinq : Okay, okay ! C'est bon, j'ai compris ! Je ne bouge pas, la rassurai-je.

Je fais une pause avant de reprendre.

Numéro cinq : Est-ce que ça va ?

Timidement, elle hoche la tête. Son estomac gargouille et elle rougit légèrement.

Numéro cinq : T'as faim ? Tu veux manger ?

Une nouvelle fois, elle hoche la tête.

Numéro cinq : Bien, attends moi ici sagement. Ne bouge surtout pas. Je reviens vite.

Je me dirige donc vers la porte. Antonia se crispe et tente de se lever.

Tawny : Ne partez pas..., murmura-t-elle faiblement. S'il vous plaît...

Les larmes coulent à flot sur son visage. C'est un peu perdu et très inquiet que je m'approche d'elle.