Une belle couche blanche s'étend sur l'asphalte. Il neige en continu depuis un moment. Un magnifique spectacle que je prends plaisir à admirer. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas réjouie de la voir tomber. C'est si calme que s'en est troublant.
Tout est d'un calme presque superficiel. C'est donc ça la paix qu'on retrouve dans la mort. Je dois avouer que je suis un peu déçue, je vais rapidement m'ennuyer. Je n'ai plus qu'à attendre que Ran et Rindo meurent, environ une soixantaine d'années. Je souffle doucement, ça promet d'être long.
Ils me manquent. Izana me manque. Fujii me manque. Kakucho et le reste du Tenjiku me manquent.
Je ne crois pas que la paix intérieure efface le manque d'être avec les personnes qu'on aime.
Je passe une main distraite dans mes cheveux pour les recoiffer, sentant mes boucles d'oreilles remuer en suivant le mouvement. Je range les mains dans les poches de ma veste. Je jette un coup d'œil pour détailler ma tenue, une paire de bottines vernie noire que je porte régulièrement, un pantalon flare de la même couleur, un body bordeaux à la dentelle florale, surmonté par mon manteau beige. Heureusement que je ne ressens pas le froid.
Mes pas se marquent dans la fine couche au sol, même les paysages de Yokohama sont vides. N'ayant plus aucun signe de vie elle aussi. Tout est mort, aussi bien les arbres sur la promenade sur qui longent les berges du port, que la civilisation ambiante.
La notion du temps me semble floue, est-ce que je suis dans une boucle sans fin, du style à revivre la même journée ou je vais assister au changement des saisons et au temps qui passe. Est-ce qu'on peut mourir dans la mort ? J'essayerais bien.
Un lieu m'interpelle, je ne suis qu'à quelques mètres du QG si je me détourne du chemin tracé. Une petite pointe de curiosité m'envahit, assez pour que je retourne sur la scène de crime, s'il reste des traces de mon passage.
Le ciel est sombre, s'apprêtant de nouveau à neiger. A cette heure-ci, mes frères, Izana et mes proches doivent être en train d'assister à mes obsèques. Je relève les yeux vers le ciel, essayant d'étouffer le sanglot qui monte. Putain je m'en veux de leur infliger cette douleur, je ne m'imagine pas assister à la mort d'un de mes frères dans mes bras.
En particulier Rindo, je suis morte dans ses bras, je m'imagine à quel point c'est atroce.
Un détail se démarque plus loin dans le paysage et m'intrigue. Je m'avance un peu pour assouvir ma curiosité.
- Je suis désolé Reina de t'avoir abandonné, souffle cette voix si familière.
- Qu'est-ce qui te fait croire que tu m'as abandonné, déclarais-je nonchalamment en venant à sa rencontre.
- C'est bon je deviens fous, continue-t-il. J'entends ta voix.
J'ai envie de lui servir un petit rire amusé, mais le voir de cette manière me fait mal au cœur. Il lève la main en direction du ciel comme pour le caresser, il est allongé au sol, le regard pensif vers sa main.
- C'est moi qui t'ai abandonné en premier, soufflais-je en apparaissant dans son champ de vision.
J'essaye de comprendre la raison pour laquelle il m'apparaît, soit c'est moi qui devient cinglée ou lui aussi a périt, les deux idées me prouvent que je suis en train de le devenir.
Il ne réagit pas à ma présence, croyant sûrement à une illusion de son esprit. Je descends sur mes appuis, esquissant un sourire timide.
- Je t'aime, murmure-t-il.
Ses joues prennent une légère teinte rosée dont je n'ai pas l'habitude. J'ai toujours cru que je serais la première à me confier et c'était prévu. La situation me parait dingue, il faut que je sois morte, ou qu'on le soit tous les deux pour qu'il me le dise.
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You Give Love a Bad Name | Izana x Oc
FanfictionNo one can save me, the damage is done ♕ Personne peut me sauver, le mal est fait Reina un prénom qui signifie la sagesse, pourtant elle ne représentait rien de cela. Elle avait passé la fin de son adolescence en prison, à sa sortie elle s'était e...