Chapitre 4

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Jake m'épiait comme si je devais aller me faire interner en psychiatrie. Ça me donnait juste envie de rire ce qui le perturba encore plus.

- Mc... Tu te rends compte de ce que tu dis ? Me questionna-t-il incertain de ma réponse.

J'avais fortement envie de le taquiner mais j'étais sûre que ses nerfs ne tiendraient pas, donc je répondis rapidement avant qu'il ne compose le numéro d'urgence.

- Bien sûr que oui ! Je ne t'en parlerai pas si je n'étais sûre et certaine.

Il hocha la tête en fixant la nourriture qu'il n'avait pas encore touché.

- T'as intérêt à manger, hein ! Je n'ai pas spécialement envie que tu perdes ta vitalité. Maugréai-je en le sortant de ses pensées.

- Je mange Mc... Je mange, ne t'en fais pas.

Il était marrant celui là. Surtout venant d'un gars qui m'avait lâché un « je t'aime » avant de disparaître plusieurs heures, dans une mine enflammée, sans donner de nouvelles. Bien sûr que oui, je m'inquiétais.

- Je ne dirais rien tant que tu n'auras rien dans ton estomac. Doux crépuscule, regardez moi cette pâleur et ces cernes !

Il souffla et commença à picorer dans son plat. Enfin ! Finalement, Jake engloutit rapidement sa nourriture. Et il osait me dire qu'il se nourrissait correctement. Un chat abandonné, je vous dis !

Je lui tapotais la tête en lui disant « c'est bien Babyboo ». Il me regarda dans les yeux et me piqua un nem qu'il fourra dans sa bouche en deux secondes. J'étais outrée. C'était mon nem ! C'était la guerre.

Je me jetai sur lui en le chatouillant en espérant que cela fonctionne mais mon plan tomba à l'eau. Il ne l'était pas, par contre, moi je l'étais. Mon terrible schéma se retourna contre moi et je rigolais à en pleurer et le suppliais d'arrêter. Mais Jake se vengeait de toutes les taquineries que je lui avais fait subir, et je le voyais prendre un certain plaisir à me mettre dans cette état.

- C'est bon, Jake t'a... gagné... Je rends les... armes, ris-je sans pouvoir m'arrêter.

Le hacker se stoppa enfin avec un sourire et me fit un baiser sur la commissure des lèvres, ce qui me surprit, agréablement. J'avais toujours cru que je serais la première à faire le pas.

- Bon, ça suffit les bêtises. Revenons aux choses sérieuses.

Je hochai la tête, légèrement déçue, en me redressant. Je m'attendais à un peu plus...

- Bien comme je te l'ai dit, je pense que Hannah n'est pas la véritable meurtrière de Jennifer Hanson.

- J'attends donc, que tu m'éclaires Mc.

- Réfléchis bien, Jake, Hannah commençait à conduire, n'est-ce pas. Elle devait être prudente sur la route, donc elle ne devait pas rouler rapidement. Surtout qu'elle roulait près de la forêt, à tout moment un animal peut surgir. Et pourtant, elle a percuté de plein fouet Jennifer, laissant d'importantes traces de sang sur le pare-brise et le capot.

- Je ne comprends pas ce que tu veux insinuer, Mc.

- Hannah ne devait pas rouler vite, ce n'est qu'une supposition bien sûr, mais pourquoi le capot était aussi impacté de sang ?

Je vis Jake cligner des paupières pour trouver un lien, pendant ce temps, je sortis d'une pochette argentée un document, que je lui tendis. Il le prit en se questionnant.

- Il s'agit du rapport du médecin légiste après l'autopsie du corps de Jennifer Hanson. L'informai-je calmement.

- Comment as-tu ça en ta possession ? Me dit-il décontenancé.

- Pourquoi es-tu recherché par le FBI ? Répliquai-je avec un sourire.

Un blanc s'installa puis il dit :

- Tu te venges du moment quand je ne voulais pas te révéler la vérité.

- Il faut savoir donner pour recevoir dans la vie, Jake.

Il souffla.

- Et donc, ce rapport ? Me demanda prestement le hacker.

- Lis le titre !

- « Inclassable » ? Lit-il légèrement perplexe.

- Exactement !

Il fronça des sourcils et attendit la suite.

- Le médecin légiste a classé la mort de Jennifer « inclassable ». Ce qui signifie qu'il n'était pas sûr de ce qui a provoqué la mort de celle-ci. La police est juste allée avec la version de l'accident, même si elle n'avait pas le droit...

- Attends ? Quoi ?

- D'après le rapport, Hanson présentait des traces d'ecchymoses et de coupures que le médecin légiste n'a pu classer avant l'accident ou juste après. Lis la page 2, l'endroit où j'ai souligné.

Il s'exécuta :

- « Le corps de Jennifer Hanson démontre de nombreuses coupures, allant de légères a profondes, ainsi que des ecchymoses. Par incision de la peau, je remarque que le sang, en raison de l'autolyse et de la putréfaction, a d'abord coagulé puis s'est liquéfié et l'ecchymose s'est étendue par simple imbibition tissulaire. Cependant l'agent vulnérant est indéfinissable... »
Qu'est-ce que l'agent vulnérant ?

- C'est la forme de l'ecchymose, qui peut varier selon l'objet responsable du choc. Continue de lire.

- « Les ecchymoses ne peuvent être datées de l'instant T du choc avec la voiture ou de quelques minutes avant l'accident. Il est de même pour les coupures. »

- Va à la page suivante. Les phrases soulignées, Jake.

Il tourna la page et planta son regard sur la feuille :

- « Observation d'une petite quantité de venins d'hyménoptères. Plus précisément d'apotoxine. Une quantité similaire à 5 à 10 piqûres d'abeilles. Cependant aucune piqure n'est présente sur le corps de la victime ».

Jake releva la tête de la feuille et me fixa l'air de dire « et donc ? ».

Je sortis une nouvelle feuille de ma jolie pochette et lui tendis de nouveau. Il lit « Fiche Médicale de Jennifer Hanson ». Je vis ses pupilles parcourir la feuille, puis :

- Jennifer était allergique aux piqûres d'abeilles.

- Exactement... Elle était au stade 3. Il y a de fortes chances qu'elle ait eu une réaction anaphylactique, qui peut commencer par des sensations de malaise, des picotements et vertiges, une respiration sifflante et autre. Ce qui me permet de me demander : qu'est-ce que Jennifer fichait au milieu de la forêt dans cet état ?

Jake déglutit en fixant la feuille. Je lui tendis un verre d'eau que j'avais préparé à l'avance. Il l'accepta et but de grosses gorgées.

- Mais le médecin écrit qu'elle n'a pas de piqûres.

- De toute façon, personne ne peut se faire piquer par une abeille la nuit. C'est scientifiquement prouvé : elles ne volent que durant la journée. Lorsqu'il fait nuit, elles sont désorientées et tombent au sol.
Lis la phrase soulignée juste après.

- « Étrangement, l'apotoxine se retrouve dans les reins de Madame Hanson. Comme si elle avait bu le venin. »

Duskwood : after storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant