Chapitre 7

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Alan faillit cracher son café sur son bureau. Je l'observais neutre, sans un mouvement.

- Pardon ? Mc, j'ai du mal à comprendre.

Je continuais à le fixer. Et finalement j'ouvris la bouche pour lui raconter. Tout lui raconter. Depuis le moment où il m'avait poursuit comme une proie, à l'instant où il m'avait capturé. La seule chose que je regrettais, était que je n'avais jamais pu voir son visage en entier. Et qu'il avait cette capacité à changer de voix, le rendant difficilement reconnaissable.

Je lui parlais alors de l'accident d'Hannah et que Jennifer était traquée de la même manière que moi. Comme plein d'autres victimes. Nous n'étions pas les seules. Et pour appuyer mon propos, je sortis de mon petit sac à dos un livre. Plus précisément son carnet de victimes. Depuis sa première victime, cet homme avait collectionné ses proies avec des photos, des articles de journal relatant ses meurtres, des mèches de cheveux aussi.

Je posai le carnet jauni sur son bureau.

- Lorsque je me suis enfuie, j'ai pu récupérer cela aussi. Et je l'ai gardé en ma possession depuis 10 ans, en attendant le bon moment. Je n'avais pas confiance en la police à ce temps là... Voici toutes les victimes... La police avait conclu qu'ils s'agissait de meurtres isolés car le mode opératoire changeait, ainsi que la mort. Mais elle s'était trompée.

Alan prit le carnet en tremblant, de rage ou de dégoût ou bien de crainte. Oui, cet homme était à craindre. Il était manipulateur, et modulable comme de l'argile : il se renouvelait constamment.

- Pourquoi ?

- Ne pas avoir parler ou bien pourquoi ses agissements ? Je voulais être sûre avant de réouvrir la boîte de Pandore... On n'oublie pas ce genre de choses facilement. Et même avec temps, elles restent gravées.

- J'aurais besoin d'une déposition, Mc.

Je lui tendis une feuille. Il hocha la tête.

- Etes vous sure que tout est juste ?

- Depuis ce drame, je me suis ressassée constamment ces instants. En boucle, pour ne jamais les oublier. Je me souviens de chaque parole qu'il m'a adressé. Je suis sa seule victime, qui s'est échappée et qui a survécu. Pour la mémoire de toutes ces jeunes filles... Pour Jennifer et pour Hannah qui aurait sûrement connu le même sort avant que Richy ne fasse un pas.

- Pourquoi donc aurait-il poursuivi Hannah si elle peut être jugée comme la responsable de la mort de Jennifer ?

- Il veut ôter la vie de ses victimes, de ces propres mains. En percutant Jennifer, Hannah s'est « interposée » dans le bon déroulement de son schéma macabre.

Le chef de la police de Duskwood prit sa tête entre ses mains.

- Avez-vous un nom en tête ?

- Comme je l'ai dit, c'est un artiste du déguisement. La fois, où il m'a approché, il se faisait appeler : Gaston Frastite. Je suppose fortement que c'était un faux nom.

Alan hocha de la tête mécaniquement, puis ouvrit la bouche :

- Et ce hacker ?

- Je ne dirais rien, Monsieur Bloomgate. Répondis-je avec un sourire.

- Il faudrait que je vous mettes sous protection policière, réfléchît-il en tapant sur son clavier d'ordinateur et en passant du coq à l'âne.

- Hors de question ! Plus il y aura de barrières et plus ce fou voudra les trépasser.

- Vous semblez bien le connaître, Mc...

- J'ai passé deux semaines, enfermée avec lui... C'est mon sens de l'observation, de l'écoute et mon intuition qui m'ont gardé en vie. C'est étonnant, la manière dont notre cerveau peut passer en automatique pour notre survie. Rigolai-je faussement.

Duskwood : after storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant